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Deuil national et minute de silence: l'Autriche se recueille mercredi au lendemain de la mort dans un établissement scolaire de Graz de dix personnes, tuées par balles par un ancien élève qui s'est ensuite suicidé, une épreuve inédite dans ce pays paisible.
Devant cette école du niveau secondaire, dans le centre-ville ou dans les églises, les habitants ont allumé des bougies et déposé des fleurs en hommage aux victimes.
Six jeunes filles et trois garçons, dont un Franco-Autrichien et un Polonais, âgés de 14 à 17 ans selon l'agence de presse APA, ainsi qu'une enseignante ont succombé aux tirs de l'assaillant.
Parmi les 11 blessés, neuf se trouvent toujours en soins intensifs, dans un état "stable", d'après les services hospitaliers. Il s'agit principalement d'élèves, dont deux Roumains.
"C'est vraiment choquant, on va vivre avec cela pendant des années", confie à l'AFP Mariam Fayz, une étudiante de 22 ans qui a craint pour la vie de son petit frère quand elle a appris la nouvelle.
- Mobile flou -
Des riverains ont entendu des cris et des coups de feu mardi vers 10H00 (08H00 GMT), à la reprise des cours après le long week-end de Pentecôte.
Paul Nitsche, professeur de religion, se trouvait dans une salle de classe. Il raconte avoir entendu une détonation puis le bruit des douilles tombant sur le sol dans le couloir.
"Quelque chose a basculé en moi, je me suis levé d'un bond et j'ai décidé de courir", dit-il. Dans sa fuite, il aperçoit le tireur qui "essaie d'enfoncer la porte d'une classe avec un fusil".
"En dévalant les escaliers, je me dis que ce n'est pas vrai, que c'est un film", poursuit ce pasteur. Mais la réalité le rattrape quand il voit les corps allongés à terre et le silence glaçant s'installer dans ce lieu d'ordinaire plein de vie.
L'auteur présumé, un Autrichien de 21 ans, a agi seul et s'est donné la mort dans les toilettes après son crime, selon la police qui a commencé à mener une reconstitution des faits pour tenter d'y voir plus clair sur le déroulé exact des événements.
Certains médias affirment qu'il avait été harcelé. Sur les plateaux des télévisions, on s'interroge aussi sur la facilité d'avoir des armes à feu en Autriche et sur leur nombre important en circulation. Sécurité privée, chasse et tir sportif: 1,5 million sont recensées pour 9,2 millions d'habitants.
Pour commettre l'attaque, le tireur a utilisé un fusil et une arme de poing qu'il détenait légalement. Il avait été scolarisé dans cet établissement accueillant environ 400 jeunes mais n'avait pas terminé son cursus.
- "Surréaliste" -
L'Autriche n'avait jamais été confrontée à une telle violence scolaire et la tragédie a plongé le pays dans la stupeur.
"C'est surréaliste. On ne peut ni mettre des mots ni saisir le sens" de ce qui s'est passé, témoigne Ennio, un élève venu se recueillir aux côtés de ses camarades. "Laissez-nous pleurer en paix", souffle-t-il.
Les drapeaux noirs ont été hissés sur les bâtiments publics et le silence s'est fait dans le pays un jour exactement après cette "violence indicible", selon les mots du chancelier Christian Stocker, venu apporter son soutien avant la visite mercredi du président Alexander Van der Bellen.
Programmes radio et télé interrompus, sonnerie des cloches des églises et messages de solidarité dans les transports viennois: l'heure est à l'unité face à l'impensable.
"C'est l'horreur", "Pourquoi?": le choc fait la une des journaux et l'incompréhension reste très partagée, le quotidien "Kurier" faisant le choix d'une couverture en noir.
De la France à l'Ukraine, de nombreux dirigeants européens ont fait part de leur émotion tout comme le pape Léon XIV qui a adressé ses "prières aux victimes", alors que le continent a été secoué par plusieurs attaques en milieu scolaire et universitaire ces dernières années.
S.Janousek--TPP