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Une explosion a frappé vendredi une mosquée située dans un secteur alaouite de la ville de Homs en Syrie, faisant huit morts, dernière attaque en date visant cette communauté musulmane minoritaire dans le pays.
Il s'agit du deuxième attentat de ce type dans un lieu de culte fréquenté par des minorités depuis qu'une coalition de groupes islamistes a pris le pouvoir il y a un an, après celui contre une église de Damas en juin dernier.
"Une explosion terroriste a visé la mosquée Ali Ben Abi Taleb pendant la prière du vendredi (...) dans le quartier de Wadi al-Dahab à Homs", ville située dans le centre de la Syrie, a précisé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
Selon les premiers éléments de l'enquête, elle "a été causée par des engins explosifs placés dans la mosquée", selon une source sécuritaire citée par l'agence officielle Sana, qui a fait état d'un bilan de huit morts et 18 blessés.
Saraya Ansar al-Sunna, un groupuscule extrémiste sunnite peu connu, a revendiqué l'attentat sur Telegram, jurant de poursuivre les attaques ciblant "les infidèles et apostats". Le même groupe avait déjà revendiqué l'attaque de juin, qui avait tué 25 personnes.
- "Chaos et panique" -
Un habitant, qui a requis l'anonymat, a raconté à l'AFP que le "chaos et la panique" s'étaient emparés du quartier après une "forte explosion". "Personne n'ose quitter sa maison", confie-t-il.
Oussama Ibrahim, 47 ans, soigné à l'hôpital pour des blessures causées par des éclats, se trouvait à la mosquée lorsque "le monde est devenu rouge". "Je suis tombé au sol. Puis j'ai vu le sang couler de ma tête", relate-t-il.
Des images publiées par Sana montrent un trou dans un mur, entouré de traces noires laissées par l'explosion. Des tapis et des livres éparpillés au sol.
La ville de Homs, à majorité sunnite, compte plusieurs quartiers habités par la minorité alaouite.
C'est de cette minorité musulmane qu'est issu le président Bachar al-Assad qui a été renversé en décembre 2024 par la coalition dirigée par Ahmad al-Chareh, aujourd'hui président par intérim de la Syrie.
Depuis, cette communauté a fait l'objet d'attaques et la prise du pouvoir par des islamistes a renforcé les craintes des minorités syriennes.
"Cet acte criminel lâche" constitue une de ces "tentatives désespérées et répétées de saper la sécurité et la stabilité et de semer le chaos" en Syrie, a réagi le ministère des Affaires étrangères, promettant que les responsables seraient poursuivis et que son pays combattrait "le terrorisme sous toutes ses formes".
A Paris, le ministère français des Affaires étrangères a lui aussi dénoncé un "acte terroriste abject", qui "s'inscrit dans une stratégie délibérée visant à déstabiliser la Syrie et les autorités de transition".
- Massacres -
En mars, des massacres sur le littoral avaient fait plus de 1.700 morts, essentiellement des alaouites, après des affrontements entre forces de sécurité et partisans de Bachar al-Assad, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie. Une commission nationale d'enquête avait recensé au moins 1.426 morts, majoritairement des civils.
L'OSDH a accusé les forces de sécurité et les groupes alliés d'avoir commis des massacres et des exécutions sommaires.
Une commission d'enquête de l'ONU a conclu en août que les violences étaient "généralisées et systématiques" et pouvaient, dans certains cas, constituer des "crimes de guerre".
Le Conseil islamique alaouite, qui dit représenter cette minorité, a estimé que l'attaque de vendredi relevait d'une campagne "organisée", appelant à une protection internationale.
En juillet, la province méridionale à majorité druze de Soueida avait également été le théâtre de violences intercommunautaires qui avaient fait plus de 2.000 morts, d'après l'OSDH.
Les autorités s'efforcent de rassurer sur leur capacité à pacifier et réunifier le pays après une guerre civile de plus de 13 ans, et multiplient les gestes pour rassurer les minorités.
Le pouvoir cherche aussi à rassurer les pays occidentaux et ceux du Golfe pour attirer des investissements cruciaux pour la reconstruction du pays.
O.Ruzicka--TPP