The Prague Post - En Irak, la prospection pétrolière menace les mythiques marais mésopotamiens

EUR -
AED 4.262218
AFN 77.758568
ALL 96.672645
AMD 444.233979
ANG 2.077413
AOA 1064.249191
ARS 1575.42978
AUD 1.788351
AWG 2.09049
AZN 1.976371
BAM 1.964921
BBD 2.337853
BDT 141.396376
BGN 1.956206
BHD 0.437523
BIF 3423.703678
BMD 1.160578
BND 1.510914
BOB 8.021305
BRL 6.364258
BSD 1.160788
BTN 103.039319
BWP 15.626608
BYN 3.952448
BYR 22747.319352
BZD 2.334557
CAD 1.630165
CDF 2721.554245
CHF 0.929977
CLF 0.028441
CLP 1115.720969
CNY 8.285315
CNH 8.287777
COP 4555.556902
CRC 584.111505
CUC 1.160578
CUP 30.755304
CVE 110.690095
CZK 24.316765
DJF 206.258016
DKK 7.467876
DOP 73.17471
DZD 151.422827
EGP 55.368719
ERN 17.408663
ETB 170.894838
FJD 2.641997
FKP 0.870702
GBP 0.870968
GEL 3.156819
GGP 0.870702
GHS 13.927304
GIP 0.870702
GMD 84.722197
GNF 10068.010122
GTQ 8.891274
GYD 242.848373
HKD 9.02219
HNL 30.378142
HRK 7.535863
HTG 152.065905
HUF 391.691463
IDR 19256.766409
ILS 3.844651
IMP 0.870702
INR 103.039148
IQD 1520.936837
IRR 48802.285154
ISK 141.61364
JEP 0.870702
JMD 186.716758
JOD 0.82284
JPY 176.092685
KES 149.949599
KGS 101.492518
KHR 4665.521246
KMF 493.245584
KPW 1044.530351
KRW 1657.595319
KWD 0.356135
KYD 0.967294
KZT 626.950367
LAK 25184.531802
LBP 103929.717029
LKR 351.391193
LRD 212.503072
LSL 20.153424
LTL 3.426883
LVL 0.702022
LYD 6.324713
MAD 10.638992
MDL 19.500608
MGA 5228.402296
MKD 61.633721
MMK 2436.482304
MNT 4176.281228
MOP 9.29539
MRU 46.520955
MUR 52.771452
MVR 17.755658
MWK 2015.92281
MXN 21.473696
MYR 4.909826
MZN 74.17218
NAD 20.159048
NGN 1694.071816
NIO 42.486658
NOK 11.786233
NPR 164.863312
NZD 2.032019
OMR 0.446242
PAB 1.160799
PEN 3.972083
PGK 4.861717
PHP 67.580323
PKR 326.354286
PLN 4.261328
PYG 8170.930283
QAR 4.225638
RON 5.089945
RSD 117.183764
RUB 92.267895
RWF 1681.096535
SAR 4.352541
SBD 9.56005
SCR 16.303952
SDG 698.084236
SEK 11.070923
SGD 1.506865
SHP 0.870734
SLE 26.983607
SLL 24336.729717
SOS 663.231968
SRD 45.239124
STD 24021.611425
STN 24.952417
SVC 10.156146
SYP 15090.348232
SZL 20.147251
THB 37.857611
TJS 10.667365
TMT 4.073627
TND 3.397018
TOP 2.718187
TRY 48.551925
TTD 7.883596
TWD 35.628799
TZS 2849.640249
UAH 48.514226
UGX 4021.668993
USD 1.160578
UYU 46.646538
UZS 14176.454632
VES 228.632263
VND 30587.600774
VUV 141.68462
WST 3.250891
XAF 659.019072
XAG 0.022315
XAU 0.000279
XCD 3.136518
XCG 2.092011
XDR 0.817902
XOF 658.047248
XPF 119.331742
YER 277.203952
ZAR 20.179031
ZMK 10446.584779
ZMW 26.203867
ZWL 373.705487
  • AEX

    -2.3800

    949.42

    -0.25%

  • BEL20

    -15.9100

    4955.81

    -0.32%

  • PX1

    -14.2800

    7919.62

    -0.18%

  • ISEQ

    -12.7900

    11617.78

    -0.11%

  • OSEBX

    -6.5500

    1632.14

    -0.4%

  • PSI20

    1.6500

    8228.32

    +0.02%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -37.5700

    3917.3

    -0.95%

  • N150

    -25.5400

    3675.65

    -0.69%

En Irak, la prospection pétrolière menace les mythiques marais mésopotamiens
En Irak, la prospection pétrolière menace les mythiques marais mésopotamiens / Photo: Asaad NIAZI - AFP

En Irak, la prospection pétrolière menace les mythiques marais mésopotamiens

Sous les roseaux tressés d'une hutte traditionnelle, la colère gronde au sein d'une assemblée citoyenne. Dans le sud de l'Irak, militants et villageois fustigent un projet d'exploration pétrolière qui risque de porter atteinte aux mythiques marais mésopotamiens, déjà ravagés par la sécheresse.

Taille du texte:

"Nous n'accepterons jamais", martèle le militant Murtada al-Janoubi, militant trentenaire et moustachu au teint mat, cherchant à galvaniser les habitants d'un village de la province de Missane, à l'orée des marais de Hawizeh classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Les marais sont en effet synonymes d'une civilisation millénaire de chasseurs-pêcheurs ayant préservé du mieux qu'ils pouvaient leur mode de vie traditionnel en tirant profit des richesses naturelles du secteur.

En 2023, quand les autorités ont convenu avec une entreprise chinoise de lancer la prospection pétrolière dans la zone de Hawizeh, les villageois d'Abou Khsaf n'ont pas immédiatement réalisé le danger.

C'est cette année qu'ils ont pris la mesure de ce qui se tramait, en voyant débarquer les machineries utilisées pour des études sismiques et pour déblayer une nouvelle route.

Si Hawizeh était menacé, "c'est un patrimoine historique, l'identité du Sud (irakien) qui disparaîtraient", confie M. Janoubi à l'AFP, lors d'une visite des marais chevauchant la frontière Irak-Iran.

Installer ici un champ pétrolier détruirait des marais millénaires, ayant abrité selon la légende le jardin d'Eden biblique.

Le gouvernement assure que les ministères du Pétrole et de l'Environnement coopèrent sur le dossier pour préserver les marais: toute exploration aura lieu à proximité, et non à l'intérieur de la zone.

Des images satellitaires capturées en mars par Planet Labs pour l'AFP montrent les traces laissées au sol par le passage de véhicules.

Ces images, explique Wim Zwijnenburg de l'ONG PAX, révèlent la "rapide" construction "d'une route de terre de 1,3 kilomètre dans la végétation des marais".

- "Laissez nos marais tranquilles" -

La province de Missane abrite plusieurs champs pétroliers - dont un administré par une compagnie étatique chinoise à quelques kilomètres des marais.

Les flammes des torchères sont même visibles depuis les embarcations de pêche sur les ruisseaux qui serpentent les zones humides de Hawizeh, souffrant déjà d'une baisse du débit des eaux, de précipitations en berne et de l'évaporation provoquée par des températures en hausse.

"Notre région est envahie par des champs pétroliers: n'est-ce pas suffisant?", fustige M. Janoubi. "Laissez nos marais tranquilles."

Le pêcheur Kazem Ali, 80 ans, comprend qu'un nouveau projet pétrolier serait synonyme de création d'emplois.

"Mais nous, les gens ordinaires, nous n'en bénéficieront pas", estime-t-il. "Tout ce que nous voulons c'est de l'eau."

Pour expliquer la sécheresse et la chute du niveau des fleuves Tigre et Euphrate - inondant jadis les luxuriants marais - Bagdad pointe du doigt le changement climatique et la construction en amont de dizaines de barrages chez les voisins turc et iranien, accusés de retenir l'eau.

A Hawizeh, l'eau subsistant ici et là dépasse rarement un mètre de profondeur. L'immense lac d'Oum al-Naaj a souffert: par endroit à peine trois mètres de profondeur, contre six mètres autrefois, selon M. Janoubi.

Si quelques milliers de familles vivent encore dans les grands marais du Sud, le rude quotidien a poussé de plus en plus d'habitants à rallier les villes.

Rassoul al-Ghurabi, 28 ans et éleveur de buffles, voit ses bêtes souffrir de la sécheresse. "Mais je ne quitterai jamais les marais et la liberté qu'ils m'offrent".

Un matin de mars en menant son cheptel à la pâture dans les marais, il est surpris par des ouvriers posant des câbles et forant des trous. Un buffle s'est même pris la patte dans un câble, raconte-t-il.

- Préserver la biodiversité -

Interrogée par l'AFP, la compagnie publique pétrolière de Missane dément: ces véhicules sont repartis de la zone après des travaux en lien avec un autre champ pétrolier attenant aux marais.

La nappe pétrolière souterraine de Hawizeh que les autorités espèrent, à terme, exploiter, recouvre 300 kilomètres carrés sous les marais, mais pas sous l'épicentre.

Si un projet pétrolier devait voir le jour, il respecterait les directives d'une étude d'impact environnemental et toute prospection serait menée "sans nuire à l'habitat naturel", rappelle la compagnie publique.

Les marais sont constitués d'un épicentre abritant des espèces animales protégées et servant de site d'escale pour 200 espèces d'oiseaux migrateurs.

Mais il y a aussi une zone tampon séparant ce secteur des régions attenantes, où se développe l'Irak moderne avec ses villes et ses champs pétroliers.

Des militants locaux ont accusé les autorités d'avoir mené des études sismiques dans l'épicentre.

Jassem Falahi, haut responsable au ministère de l'Environnement, indique que le statut protégé des marais n'y empêche pas des projets de développement.

Mais "ces investissements sont sujets à des conditions et des normes spécifiques: ils ne doivent pas perturber l'épicentre, ni affecter le site et sa biodiversité".

- Pétrole ou patrimoine? -

La nappe pétrolière souterraine de Hawizeh est déjà exploitée de l'autre côté de la frontière depuis près de deux décennies en Iran, où les médias locaux ont régulièrement tiré la sonnette d'alarme sur l'impact environnemental.

Là-bas, les marais appelés Hoor al-Azim - et souffrant de la sécheresse - accueillent plusieurs plateformes de forage.

Cette année, l'agence de presse iranienne Tasnim expliquait que des compagnies énergétiques ont obstrué des cours d'eau et asséché des zones pour construire leurs infrastructures.

En Irak, l'UNESCO a réitéré ces dernières années "sa profonde préoccupation" concernant "la vulnérabilité" des marais "face aux développements pétroliers et gaziers", rappelle à l'AFP un porte-parole de l'institution.

L'organisation attend de l'Irak "un engagement continu pour garantir que les activités pétrolières" hors des marais "ne nuisent pas au site et n'empiètent pas sur ses délimitations."

Dans un pays tirant 90% de ses revenus de ses colossales richesses en hydrocarbures, le militant environnementaliste Ahmed Saleh Neema appelle à trouver "l'équilibre entre deux grandes ressources: le pétrole et les marais."

"Les marais c'est une biodiversité, une économie, un patrimoine, un folklore", poursuit l'environnementaliste. "c'est la réputation de l'Irak".

D.Kovar--TPP