The Prague Post - "Créer du lien": un artiste japonais noue les espaces et les corps avec des cordes

EUR -
AED 4.290453
AFN 79.722922
ALL 97.515979
AMD 445.377771
ANG 2.090533
AOA 1071.14019
ARS 1555.320833
AUD 1.789219
AWG 2.105485
AZN 1.986823
BAM 1.960544
BBD 2.349295
BDT 141.602665
BGN 1.955732
BHD 0.440376
BIF 3469.511716
BMD 1.168092
BND 1.497102
BOB 8.057498
BRL 6.378128
BSD 1.163516
BTN 102.156208
BWP 15.69498
BYN 3.829884
BYR 22894.596708
BZD 2.337166
CAD 1.604251
CDF 3375.785173
CHF 0.942031
CLF 0.029015
CLP 1138.24674
CNY 8.390577
CNH 8.38757
COP 4723.762708
CRC 589.125627
CUC 1.168092
CUP 30.954429
CVE 110.532478
CZK 24.516255
DJF 207.201407
DKK 7.463218
DOP 70.811357
DZD 151.550783
EGP 56.708987
ERN 17.521375
ETB 161.713431
FJD 2.630307
FKP 0.874456
GBP 0.873867
GEL 3.160346
GGP 0.874456
GHS 12.275706
GIP 0.874456
GMD 84.690764
GNF 10092.676145
GTQ 8.928606
GYD 243.429075
HKD 9.169309
HNL 30.583008
HRK 7.534072
HTG 152.707841
HUF 397.099771
IDR 19032.768842
ILS 3.996316
IMP 0.874456
INR 102.479601
IQD 1524.288631
IRR 49205.861709
ISK 142.798959
JEP 0.874456
JMD 185.949981
JOD 0.828225
JPY 171.972881
KES 150.922186
KGS 102.149493
KHR 4661.83994
KMF 493.522374
KPW 1051.355726
KRW 1612.223174
KWD 0.35685
KYD 0.969646
KZT 625.182882
LAK 25172.91602
LBP 104253.282853
LKR 350.057104
LRD 233.29455
LSL 20.728962
LTL 3.44907
LVL 0.706567
LYD 6.332324
MAD 10.555644
MDL 19.762824
MGA 5147.456346
MKD 61.501666
MMK 2452.461666
MNT 4196.316429
MOP 9.407365
MRU 46.413316
MUR 52.973128
MVR 17.983963
MWK 2017.582354
MXN 21.724362
MYR 4.942225
MZN 74.71124
NAD 20.728962
NGN 1784.365343
NIO 42.818749
NOK 11.920183
NPR 163.449532
NZD 1.961449
OMR 0.449136
PAB 1.163516
PEN 4.137512
PGK 4.831713
PHP 66.746509
PKR 330.387406
PLN 4.260713
PYG 8715.089673
QAR 4.241965
RON 5.073374
RSD 117.144382
RUB 92.570889
RWF 1683.072873
SAR 4.383512
SBD 9.598286
SCR 17.095076
SDG 701.445708
SEK 11.208611
SGD 1.499012
SHP 0.917937
SLE 26.989635
SLL 24494.302858
SOS 665.009258
SRD 43.261452
STD 24177.139176
STN 24.559642
SVC 10.180636
SYP 15187.378659
SZL 20.725153
THB 37.743343
TJS 10.879126
TMT 4.100002
TND 3.429399
TOP 2.735782
TRY 47.485321
TTD 7.888088
TWD 34.775259
TZS 2885.186362
UAH 48.407341
UGX 4154.052405
USD 1.168092
UYU 46.693594
UZS 14573.265893
VES 150.389174
VND 30622.107143
VUV 140.566074
WST 3.238415
XAF 657.548203
XAG 0.030554
XAU 0.000346
XCD 3.156825
XCG 2.096974
XDR 0.817779
XOF 657.548203
XPF 119.331742
YER 280.867361
ZAR 20.706048
ZMK 10514.225374
ZMW 26.790946
ZWL 376.125041
  • AEX

    9.9900

    893.93

    +1.13%

  • BEL20

    46.5700

    4703.76

    +1%

  • PX1

    92.3800

    7727.25

    +1.21%

  • ISEQ

    89.7300

    11447.43

    +0.79%

  • OSEBX

    -0.6500

    1623.98

    -0.04%

  • PSI20

    7.7400

    7749.2

    +0.1%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -66.2500

    3213.58

    -2.02%

  • N150

    28.2700

    3699.75

    +0.77%

"Créer du lien": un artiste japonais noue les espaces et les corps avec des cordes
"Créer du lien": un artiste japonais noue les espaces et les corps avec des cordes / Photo: Caroline GARDIN - AFP

"Créer du lien": un artiste japonais noue les espaces et les corps avec des cordes

Au coeur de Tokyo, un homme observe une jeune femme attacher les bras de sa modèle avec des cordes reliées à des chaînes suspendues au plafond, rien à voir pourtant avec un bar BDSM, il s'agit d'un atelier d'art.

Taille du texte:

À 48 ans, cet homme, Hajime Kinoko, t-shirt noir et pantalon de sport, est l'un des plus connus artistes japonais de "shibari" - l'art des cordes -, faisant sortir cet art des cercles fétichistes.

"À l'époque, le BDSM au Japon mettait souvent l'accent sur un aspect sale ou dégradant, mais je ne trouvais pas cela nécessaire, confie-t-il à l'AFP. Mon but n'est pas de blesser (...) Je ne me place pas dans une relation hiérarchique."

Kinoko découvre le shibari dans les années 2000 lorsqu'il était gérant d'un bar sadomasochiste dans un quartier animé de la capitale. "Au départ, je n'étais pas spécialement attiré par le fétichisme", confie-t-il.

Initié par un client, Kinoko apprend à attacher le corps féminin et trouve son propre style, "basé sur la beauté". Rapidement, ses performances attirent un public croissant, et apportent un nouveau regard.

"J'envisage le fait d'attacher non seulement des personnes, mais aussi des objets ou des espaces... comme une forme de peinture sur toile: c'est simplement un autre type d'expression."

- Du fétichisme à l'art visuel -

Les racines du "shibari" remontent à plusieurs siècles, lorsque les seigneurs féodaux japonais utilisaient la technique martiale du "hōjōjutsu" pour maîtriser les criminels à l'époque Edo (1603-1868).

L'esthétique érotique n'apparaît au Japon qu'au début du XXe siècle, à travers les illustrations d'Itō Seiyū, puis popularisée par les récits de l'écrivain Dan Oniroku et le cinéma japonais.

"Le +kinbaku+ renvoie à des techniques précises et restrictives, comme les poignets attachés dans le dos. Le shibari est un terme plus large, plus libre. Il n'y a pas de définition unique ", explique Kinoko, qui se plaît à marier l'héritage traditionnel avec une approche avant-gardiste.

Dans le quartier touristique de Shibuya, il a aussi enveloppé de cordes bleues une maison aux formes ovoïdes.

" Le bâtiment était magnifique, mais il lui manquait quelque chose. J'ai voulu que la corde s'intègre naturellement, comme une fissure qui s'ouvre doucement", explique l'artiste à l'AFP.

Le propriétaire de la maison, charmé après avoir vu une autre oeuvre de Kinoko, se souvient: "C'était la pièce manquante. Aujourd'hui, les passants s'arrêtent pour la photographier. C'est devenu un lieu d'interactions", une oeuvre d'art.

Parmi ses autres créations, Hajime Kinoko a notamment installé en 2023 d'immenses cubes de cordes rouges suspendus sur le toit d'un chic centre commercial du centre de Tokyo, et même érigé un "sanctuaire shibari" en plein désert, lors du célèbre festival américain Burning Man en 2017.

"Pourquoi ne pas tendre des réseaux de cordes autour de la tour Eiffel", lance-t-il, en souriant.

- Cordes sensibles -

Hajime Kinoko a d'abord organisé un premier atelier à Londres, il y a vingt ans, avant d'inviter d'autres maîtres japonais à faire découvrir leur art au public européen. "Le shibari s'est ensuite répandu très rapidement", raconte-t-il.

Mais le succès international de cette pratique ne s'est pas fait sans risque.

" Quand j'ai vu des gens en attacher d'autres sans savoir ce qu'ils faisaient, j'ai compris qu'il fallait enseigner. Le shibari peut être dangereux", insiste l'artiste.

Réputé pour être un maître exigeant, il a fondé sa propre école, "Ichinawakai", où il forme une nouvelle génération d'élèves, de plus en plus féminine.

Parmi elles, "Sen", 25 ans, est venue spécialement de France. " Je l'ai découvert à Paris, lors d'une performance. C'est l'un des seuls artistes de shibari qui a une approche plus artistique (...) il s'est émancipé des dynamiques originelles".

Pour pouvoir enseigner le shibari, la jeune femme doit valider un cursus en dix niveaux, maîtriser une variété de noeuds et garantir à tout moment la sécurité de son modèle.

"Il faut savoir communiquer, rendre beau et ne pas blesser. C'est tout cela que j'essaie de transmettre. Je me sens responsable", assure Kinoko.

"Je veux que le shibari puisse transformer la société. Il y a encore des guerres, des divisions. J'aimerais que les gens s'entraident davantage. Et le shibari, c'est une manière de créer du lien".

H.Dolezal--TPP