
AEX
-5.2100
Dans un climat de tensions commerciales et stratégiques, le salon du Bourget, plus ancien et plus grand rendez-vous aérospatial au monde, s'ouvre lundi, marqué par la volonté de l'Europe de se réarmer et retrouver sa souveraineté dans l'espace.
2.400 exposants de 48 pays, avec les Etats-Unis comme premier participant international, se retrouveront pendant une semaine sur un gigantesque site de 70 hectares, égal à 100 terrains de football.
Le match habituel des contrats commerciaux Airbus-Boeing devrait se rejouer pendant cette 55e édition du salon biennal, mais les projecteurs seront braqués sur les questions de défense.
En pleins conflits militaires et guerre commerciale menée par Donald Trump, "le salon est beaucoup plus complexe", estime Guillaume Faury, patron d'Airbus et président du Gifas, groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, qui organise Le Bourget.
- Fardeau des droits de douane -
Les droits de douane américains pèsent lourd sur ce secteur mondialisé et perturbent les chaînes d'approvisionnement qui se relèvent à peine, après la crise du Covid.
L'ensemble des produits, parmi lesquels les avions ou pièces pour les avions importés d'Europe aux Etats-Unis doivent s'acquitter d'une surtaxe de 10% introduite en mars, qui pourrait monter à 20% à l'issue du sursis de 90 jours annoncé par le président américain le 9 avril pour négocier des traités commerciaux.
Guillaume Faury espère leur remise à zéro comme le prévoyaient les accords de 1979, tout comme son homologue de Boeing Kelly Ortberg, qui constate l'impact de ces mesures sur les ailes et fuselages importés du Japon et d'Italie et craint les représailles.
"Toute l'industrie aérospatiale occidentale considère que c'est le mieux qui puisse nous arriver", souligne Guillaume Faury.
"Nous ne sommes pas en mesure de répercuter ces coûts sur nos clients. J'espère que, à mesure que chacune de ces négociations pays par pays aboutira, ces tarifs disparaîtront à long terme", a déclaré Kelly Ortberg dans une interview à Aviation week fin mai.
- Décarbonation en retrait? -
Côté défense, "l'environnement géostratégique nous amène à consolider ce point qui était en second plan les années précédentes", souligne Frédéric Parisot, délégué général du Gifas.
L'espace, un secteur par définition dual- civil et militaire - aura plus de place avec le Paris Space Hub, un pavillon dédié de 2.500 m².
Un autre pavillon, le Paris Air Lab, accueillera les innovations dans le secteur en vue de la décarbonation, un thème qui semble éclipsé par la guerre.
"Cela reste la priorité numéro 1 pour les technologies de demain" , assure Guillaume Faury.
Airbus croit toujours en l'avion à hydrogène 100% électrique qu'il espère désormais concevoir dans les années 2040, avec plusieurs années de retard.
Alors que l'industrie doit atteindre son objectif de zéro émission de carbone d'ici 2050, le patron de Boeing, qui mise surtout sur les SAF (carburants d'aviation durable) a émis des doutes sur cette perspective.
"Je ne sais pas si nous y parviendrons, mais c'est un objectif noble. Nous devons continuer à faire tout ce que nous pouvons pour nous en approcher autant que possible".
- Israël maintenu -
Grande nouveauté dans un milieu qui peine à se diversifier, la féminisation sera "un fil rouge" du salon cette année, explique à l'AFP Guillaume Bourdeloux, directeur général du salon.
"Il y aura un évènement spécifique pour l'inauguration" le 16 juin et la journée du 20 juin, à partir de laquelle Le Bourget sera ouvert au grand public, sera entièrement dédiée aux femmes.
"C'est une toute première (...) pour montrer aux jeunes filles que le secteur est accessible, intéressant et qu'elles sont tout à fait aptes à y exercer. Il n'y a pas de plafond de verre", affirme Guillaume Bourdeloux.
La présence d'Israël, l'un des leaders des capacités militaires de pointe dans l'aérospatial, est maintenue avec neuf exposants, en "forte décroissance", de 70% par rapport à l'édition de 2019.
Le tribunal judiciaire de Bobigny a rejeté mardi la requête d'associations qui lui demandaient de bannir les entreprises israéliennes du Bourget au nom du risque de perpétuation de "crimes internationaux".
L'Ukraine sera pour sa part représentée par cinq participants, dont la start-up Ailand Systems, spécialisée dans les drones détecteurs de mines ainsi que l'avionneur Antonov et le motoriste Motor Sitch.
H.Dolezal--TPP