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Le Premier ministre François Bayrou qui rencontrait mardi les partenaires sociaux pour tenter de surmonter l'échec du conclave sur les retraites est désormais visé par une motion de censure des députés PS.
"Vous avez pris des engagements" qui "n'ont pas été tenus", a lancé le président du groupe PS à l'Assemblée, Boris Vallaud, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
Les socialistes reprochent à M. Bayrou de ne pas s'engager à présenter un texte qui permettrait de débattre de l'âge de départ à 64 ans.
"Le but du travail que je me suis fixé c'est qu'(...) on trouve ce chemin" vers "un texte qui pourrait être examiné par la représentation nationale", a répondu François Bayrou.
Le patron de la CPME, Amir Reza-Tofighi, était attendu pour sa part à 20H00.
Le Premier ministre a décidé de lancer ces rendez-vous après l'échec lundi soir du conclave, qui est aussi un revers pour la méthode de dialogue social qu'il prônait.
"Je ne peux pas accepter sans réagir qu'on se satisfasse d'échouer si près du but", a-t-il expliqué tôt mardi matin.
- Liste de désaccords -
Le Premier ministre a reçu le soutien du président de la République Emmanuel Macron, qui depuis Oslo a "encouragé ardemment" les partenaires sociaux "à savoir aller au-delà des désaccords qui persistent et à trouver ensemble une solution qui soit bonne pour le pays".
Selon les déclarations des partenaires sociaux à leur sortie de Matignon, le Premier ministre leur a notamment demandé pendant le rendez-vous de lui adresser leurs points de blocage dans leurs discussions.
"L'idée est qu'il n'y ait pas de nouvelle séance de négociation, charge au Premier ministre de prendre acte et de décider d'ici la fin de la semaine ce qu'il fait de ce qui est aujourd'hui sur la table", a déclaré Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, à la sortie.
"Je suis tout à fait d'accord pour transmettre" au Premier ministre la liste des désaccords qui demeurent, "dans l'esprit d'aboutir" à un accord, mais "sans que cela se traduise par une augmentation des cotisations des salariés ou des entreprises", a déclaré de son côté Patrick Martin, le président du Medef. "Nos adhérents sont vent debout contre toute augmentation du coût du travail."
FO et la CGT, qui étaient sorties très rapidement des discussions, n'ont pas été invitées à Matignon mardi, malgré la demande de la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.
Les partenaires sociaux, qui sont proches d'un consensus sur les mesures en faveur des femmes ayant eu des enfants, s'opposent en revanche sur la prise en compte de la pénibilité.
Le Medef refuse la proposition de la CFDT, soutenue par les deux autres syndicats, d'un système à points qui permettent de comptabiliser les heures de travail pénible d'un point de vue physique (port de charge, postures physiques, vibrations mécaniques) et d'obtenir une possibilité de départ anticipé.
- Sous-indexation -
Il propose à la place d'avancer d'un an ou deux selon les cas les départs en retraite des personnes en invalidité ou reconnues inaptes au travail.
Les partenaires sociaux se déchirent également sur le financement des mesures qui seraient adoptées. Ils sont d'accord pour que les retraités assument une très large part du coût du retour à l'équilibre, via une sous-indexation des retraites.
Mais les syndicats reprochent au Medef de refuser tout participation des entreprises à ce retour à l'équilibre, en s'opposant par exemple à toute augmentation de cotisations sociale, qu'elle soit patronale ou salariale.
Et les deux parties sont en désaccord sur l'ampleur du resserrement à apporter au dispositif des carrières longues, le Medef souhaitant un très gros tour de vis aux dépens des salariés, quand les syndicats n'acceptent qu'une refonte plus limitée.
Le conclave était le fruit d'un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement lors du vote du budget 2025. Et le Premier ministre s'était engagé à en présenter les conclusions devant le Parlement.
La possibilité de revenir sur le départ à la retraite à 64 ans avait été vite balayée. Cette mesure phare, et impopulaire, de la réforme Borne de 2023 sera donc toujours en vigueur pour les salariés nés à partir du 1er janvier 1968.
Avant les socialistes, La France insoumise avait très vite appelé lundi soir les autres groupes de gauche à se joindre à une motion de censure contre son gouvernement.
Mais en l'absence des voix du Rassemblement national qui a prévenu qu'il ne s'y associerait pas, le gouvernement semble assuré de se maintenir. Avant d'affronter les débats budgétaires encore plus périlleux, cet été et à l'automne.
M.Soucek--TPP