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Airbus a lancé jeudi les essais en vol du futur hélicoptère militaire polyvalent H160M, le Guépard, adapté au combat moderne et attendu par l'armée française dès 2028, une étape majeure dans ce programme qui a pris du retard.
Le premier prototype du Guépard, version militarisée du H160, a décollé à Marignane, près de Marseille, dans le sud de la France, devant quelques 350 invités — ingénieurs, pilotes et militaires qui pouvaient échanger tout en observant la démonstration, cet hélicoptère étant 50% moins bruyant que ceux de la génération précédente.
Cette version militaire, élaborée sur la base de l'hélicoptère civil déjà en service H160, équipera les trois armées françaises, de terre, de l'air et de la marine, et remplacera les cinq modèles existants actuellement en service ou récemment retirés du service (Gazelle, Alouette III, Dauphin, Panther et Fennec).
"Il est aussi confortable que le H160 civil et c'est une bonne nouvelle", a déclaré à la presse le pilote Olivier Gensse, en combinaison orange, qui a effectué le vol.
- "Retour de la guerre en Ukraine " -
Le H160M sera le premier hélicoptère d'Airbus à être équipé d'un système de coopération avec les drones, crucial pour la guerre moderne.
Il correspond aux exigences des clients militaires, notamment avec les retours qu'ils ont de la guerre en Ukraine, souligne Bruno Even, président exécutif d'Airbus Helicopters.
"Ils ont de plus en plus besoin d'hélicoptères polyvalents, multi-missions et duals (civils et militaires)", a-t-il déclaré à la presse devant les pistes. Pouvoir profiter de la chaîne d'approvisionnement de l'hélicoptère civil "est un véritable atout", a-t-il ajouté.
Avoir la même plateforme pour toutes les armées facilitera de plus la maintenance et en réduira les coûts, souligne-t-on à Airbus.
Une cinquantaine d'appareils H160 sont déjà en service dans le monde, dont six dans la marine française pour les opérations de sauvetage.
"Il est trop tôt pour crier victoire, mais les premiers retours sont satisfaisants. Cet hélicoptère est bien né et plein de promesses", a déclaré Stéphane Kammerer, adjoint au directeur des opérations de la direction générale de l'armement (DGA).
Celle-ci avait déjà commandé 169 appareils Guépard en 2021 dont les 30 premiers appareils doivent être livrés à partir de 2028: 21 pour l'armée de terre, 8 pour la marine et 1 pour l'armée de l'air et l'espace.
Il sera livré à l'armée française avec la capacité d'emporter des mitrailleuses de 12,7 mm et des lance-roquettes guidés.
- 50% du marché en perspective -
Guépard sera équipé de capteurs de nouvelle génération comme le radar AirMaster C de Thales et la boule optronique Euroflir 410 de Safran qui permettront à l'équipage d'effectuer des missions dans des environnements dégradés.
La complexité de l'intégration de ces systèmes et les tensions budgétaires ont fait que le programme a pris un à deux ans de retard, ce qu'Airbus cherche à dédramatiser.
"Le premier vol est une étape majeure, mais ce n'est que le début. Les conditions sont réunies pour répondre présents", a déclaré Bruno Even au cours de la cérémonie officielle.
Avec le H160, Airbus espère gagner "à court et moyen terme" 50% de la part du marché des hélicoptères de classe moyenne dans le marché dominé aujourd'hui par l'italien Leonardo.
Guépard n’a pas encore décroché de succès à l’export, même s’il est prometteur à moyen terme, notamment en Europe et en Afrique.
L'avionneur européen espère que l'entrée en service du Guépard dans l'armée française stimulera les exportations tout en mettant en lumière sa polyvalence, son coût d’exploitation réduit et sa technologie de dernière génération.
F.Vit--TPP