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Le président américain Donald Trump a signé le décret fixant le montant des nouvelles surtaxes douanières qui toucheront les produits de dizaines de pays, bousculant l'ordre économique mondial avec ces barrières commerciales particulièrement prohibitives pour le Canada et la Suisse.
Certains pays d'Asie, qui redoutaient une facture plus lourde, ont accueilli malgré tout avec des oufs de soulagement vendredi ces nouveaux nouveaux droits de douane, qui s'ajouteront à ceux qui existaient avant le retour de M. Trump au pouvoir.
La Maison Blanche, qui a l'ambition de "restructurer le commerce mondial au bénéfice des salariés américains", a accordé un répit de quelques jours. Ces taxes sur les importations prendront effet le 7 août, et non le 1er août comme attendu initialement, pour permettre aux douanes de s'organiser pour la collecte, a indiqué un responsable de la Maison Blanche à la presse.
Les Bourses asiatiques ont néanmoins reculé de concert vendredi après la publication des surtaxes.
Celles-ci menacent, selon les experts, de freiner les échanges, d'augmenter les coûts des entreprises et les prix payés par les consommateurs et d'entraîner un ralentissement de l'économie mondiale.
"Il n'y a pas doute: le décret et les accords commerciaux conclus ces derniers mois rompent avec les règles qui régissaient le commerce international depuis la Seconde Guerre mondiale", a réagi Wendy Cutler, vice-présidente de l'Asia Society Policy Institute.
Pour certains pays, pas de surprise. La surtaxe affichée dans le décret est celle obtenue après des mois de négociations avec Washington qui a cherché à obtenir d'eux le plus de concessions possibles, sans subir de représailles sur les exportations américaines.
L'Union européenne (UE), le Japon ou la Corée du Sud voient ainsi leurs produits être taxés à hauteur de 15%, et le Royaume-Uni de 10%. L'UE a aussi obtenu une exemption pour des secteurs clés.
- Sursis pour le Mexique -
Pour d'autres, ce sera la douche froide, comme la Suisse, qui écope d'une surtaxe de 39%, bien davantage que ce qui lui avait été promis en avril (31%) alors que les autorités helvétiques misaient sur les négociations.
Le Canada voit les droits de douane appliqués à ses produits passer de 25% à 35%, sauf s'ils sont couverts par l'accord de libre-échange entre les trois pays d'Amérique du Nord.
Le Canada n'a pas été en mesure de coopérer afin de réduire le flot de fentanyl et autres drogues" entrant aux Etats-Unis, selon la Maison Blanche, qui reproche aussi à Ottawa d'avoir "pris des mesures de représailles contre les Etats-Unis".
La plus forte surtaxe concerne la Syrie (41%), suivie du Laos (40%).
Plusieurs économies asiatiques, dépendantes du marché américain, ont exprimé vendredi leur satisfaction de voir que leurs exportations seront touchées par une surtaxe inférieure à ce que l'exécutif américain avait brandi au départ.
C'est le cas de la Thaïlande, avec 19% contre 36% initialement, qui a salué un "succès majeur". Ou encore du Cambodge (avec 19% également contre 49% initialement), qui a évoqué "la meilleure nouvelle possible".
Taïwan, dont les produits seront touchés par 20% de surtaxe, a dit de son côté espérer obtenir une baisse supplémentaire après avoir été menacé d'un montant supérieur en avril (32%).
Au milieu des nombreuses annonces de la journée de jeudi aux Etats-Unis, un pays a échappé aux foudres douanières de Donald Trump. Le Mexique a obtenu un sursis de 90 jours avant une éventuelle augmentation de droits de douane.
- Risque juridique -
L'exécutif américain a en revanche puni le Brésil, plus tôt dans la semaine. Les produits brésiliens (hors exceptions) seront frappés par 50% de surtaxe douanière à l'entrée aux Etats-Unis.
Donald Trump assume d'agir en représailles contre les poursuites visant l'ex-président Jair Bolsonaro, son allié d'extrême droite, accusé d'avoir tenté un coup d'Etat après sa défaite lors de l'élection de 2022.
Coïncidence du calendrier, une Cour d'appel fédérale a commencé jeudi à Washington à examiner un appel devant déterminer si Donald Trump a outrepassé ses pouvoirs constitutionnels en imposant ces surtaxes sans l'approbation du Congrès. Cela concerne les droits de douane universels, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas imposés à un secteur particulier comme l'automobile ou l'acier.
L'avocat des plaignants, des petites entreprises ainsi qu'une dizaine d'Etats américains, a notamment dénoncé "un accaparement de pouvoir sans précédent de la part d'un président en 200 ans".
La Maison Blanche a déjà promis de saisir la Cour suprême si la décision lui était défavorable.
E.Soukup--TPP