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François Bayrou poursuit sa campagne jeudi devant le Medef pour remporter le vote de confiance du 8 septembre à l'Assemblée mais sa démarche paraît vouée à l'échec tant les oppositions, invitées à le rencontrer la semaine prochaine, considèrent que "la page est tournée".
Le Premier ministre interviendra à 14H30 devant la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) à Roland-Garros avec un slogan qui résonne avec l'actualité : "Jeu décisif".
M. Bayrou, qui a présenté le 15 juillet les grandes lignes d'un effort budgétaire de 44 milliards d'euros en 2026, s'attirant la désapprobation des oppositions avec des idées comme la suppression de deux jours fériés, a surpris tout le monde lundi en annonçant qu'il se soumettrait à un vote de confiance à l'Assemblée nationale le 8 septembre.
Le décret présidentiel convoquant le Parlement en session extraordinaire pour ce vote de confiance a été publié au Journal Officiel jeudi matin, avec un ordre du jour en un seul point : "une déclaration de politique générale", en application de l'article 49-1 de la Constitution.
Les oppositions ayant annoncé qu'elles voteraient contre, M. Bayrou a annoncé mercredi qu'il recevrait les responsables de partis et de groupes parlementaires à partir de lundi, répétant qu'il était prêt à "ouvrir toutes les négociations nécessaires" à la "condition préalable" d'un accord sur "l'importance de l'effort" à consentir dans le budget.
Mais cette tentative de négociation semble perdue d'avance, d'autant que le chef de gouvernement n'a pas arrangé ses relations avec les leaders de l'opposition en affirmant qu'ils étaient en "vacances" cet été alors que ceux-ci soulignent que le Premier ministre n'a jamais cherché à les joindre.
Si François Bayrou jugeait mercredi que "douze jours (le délai d'ici le 8 septembre), c'est très long pour parler", les oppositions entendent mettre cette période à profit pour préparer les différents scénarios possibles de l'après.
"Le retour aux urnes, par la dissolution ou la démission, demeure l'unique solution pour sortir de l'impasse politique", a répété mercredi soir sur X le président du RN Jordan Bardella après l'intervention du Premier ministre sur TF1.
S'il se rendra bien avec Marine Le Pen à Matignon la semaine prochaine, le RN considère que la page Bayrou "est tournée", selon son vice-président Sébastien Chenu.
- "alternative" -
A gauche, les leaders n'ont pas encore indiqué s'ils rencontreraient le Premier ministre qualifié de "démissionnaire" par Olivier Faure. Le PS, hostile à de nouvelles élections, va ouvrir son université d'été jeudi après-midi à Blois et entend démontrer qu'il peut incarner une "alternative".
"Nous sommes la solution", assure jeudi sur X le premier secrétaire du PS qui s'exprimera vendredi devant ses troupes.
Mais à supposer qu'Emmanuel Macron - qui aura peut-être l'occasion de discuter de la situation jeudi soir avec le chancelier allemand Friedrich Merz au fort de Brégançon - appelle une personnalité de gauche à Matignon, la question reste entière sur la manière dont celle-ci pourrait gouverner sans accord avec le bloc central, faute de majorité à l'Assemblée.
Assurant partager la gravité de la situation sur le niveau de la dette, mis en avant par François Bayrou pour justifier le vote de confiance, le PS doit présenter son contre-budget samedi basé sur la recherche de recettes supplémentaires, avec un effort demandé aux plus aisés.
Une idée rejetée catégoriquement par le patron du Medef Patrick Martin. Il estime que, "quelle qu'en soit la forme, un retour de l'ISF (impôt sur la fortune) serait ravageur pour notre économie, et nous nous y opposerons".
M. Martin accuse les politiques "d'être dans un monde parallèle et de ne pas voir ce qui se passe sur la planète sur le plan économique", notamment en matière de concurrence internationale.
Il aura l'occasion de les interpeller directement jeudi après-midi.
La table ronde de clôture de l'université d'été du patronat réunira en effet, une heure après la fin d'intervention du Premier ministre, une grande partie des chefs de partis pour un débat sur l'avenir économique du pays.
Sont annoncés Bruno Retailleau (LR), Jordan Bardella (RN), Gabriel Attal (Renaissance), Fabien Roussel (PCF), Manuel Bompard (LFI) et Marine Tondelier (Ecologistes).
F.Prochazka--TPP