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Le Français Hervé Poncharal, qui a décidé de tourner la page à 68 ans en cédant son équipe Tech3 à Günther Steiner, était l'une des figures les plus populaires du plateau du MotoGP depuis 35 ans.
Autant Poncharal a su s'imposer grâce à ses talents de diplomate, autant l'Italien venu de la Formule 1, 60 ans, va apporter au MotoGP son franc-parler et son langage plus que fleuri.
Poncharal, avec son humour habituel, l'a reconnu vendredi à Barcelone en annonçant la vente de son écurie en marge du Grand Prix de Catalogne. "Je sais que Günther dirigera l'équipe avec ambition et intégrité, sans oublier un peu de l'esprit rock'n'roll sur laquelle elle a été créée".
Car si Tech3 est arrivée en compétition moto dans les dernières années de ce qui était encore le "Continental Circus" et son esprit bohême, Poncharal l'a imposée comme un des principaux acteurs dans plusieurs catégories dont la première d'entre elles, le MotoGP.
Poncharal, né à Saint-Michel-sur-Orge, en région parisienne, mais installé depuis longtemps à Bormes-les-Mimosas dans le Var (sud-est), s'est lancé en 1989 en 250cm3, une catégorie fondue aujourd'hui dans le "Moto2". Il y a remporté le titre mondial avec le pilote français Olivier Jacque en 2000, offrant le titre constructeur à Yamaha.
- Consécration en MotoGP -
Aidé de l'ingénieur Guy Coulon, véritable sorcier de la mécanique, et du technicien Bernard Martignac, Poncharal est ensuite passé en catégorie-reine, les 500cm3, qui devient en 2002 le MotoGP.
Tech3 y collectionne les places d'honneur comme en Moto2, catégorie où elle est aussi alignée et fait courir entre autres le pilote français alors débutant Johann Zarco.
Celui-ci, après avoir remporté deux titres mondiaux en Moto2 en 2015 et 2017 avec une autre écurie, revient chez Tech3 en 2017 pour courir en MotoGP sur une Yamaha. Il montera six fois sur le podium en deux ans mais sans remporter de victoire.
C'est le Portugais Miguel Oliveira qui apporte la consécration à l'écurie française, désormais associée à KTM, en remportant deux Grand Prix en 2020.
Mais c'est aussi en tant que directeur de l'IRTA, l'association qui regroupe les équipes engagées dans le championnat MotoGP, que le Français est devenu une personnalité incontournable du paddock.
Pendant quelques 20 ans, et avant de céder sa place à l'Italien Lucio Cecchinello en 2025, le Français a été la courroie de transmission entre les intérêts du promoteur Dorna et les équipes.
- "De l'incertitude !" -
Règlement, organisation, sécurité, rien ne lui échappait dans ce rôle et son sens de diplomatie lui a permis de réunir les intérêts souvent divergents de constructeurs comme Honda, Yamaha, Ducati ou encore KTM et Aprilia qui engagent des sommes considérables pour gagner en MotoGP.
"Pour la beauté du sport, on a tout intérêt à ce que ce championnat soit ouvert, qu'il y ait de la bagarre, que le vainqueur ne soit pas connu avant le départ. En un mot, il faut de l'incertitude !", affirmait-il en 2016 dans un entretien à l'AFP.
C'est donc un lourd héritage que devra assumer Günther Steiner qui possède un caractère bien différent de celui de Poncharal.
Devenu une vedette de la série télévisée "Drive to Survive" sur Netflix alors qu'il dirigeait l'écurie de Formule 1 américaine Haas, il n'hésite pas à employer un langage plutôt cru et franc.
Maintenant que le groupe américain Liberty Media, déjà promoteur de la F1, a pris en main les destinées du MotoGP et veut développer la présence médiatique de cette discipline, le profil de l'Italo-Américain correspond peut-être davantage au cahier des charges.
B.Hornik--TPP