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A J-2 du vote de confiance, les jeux semblent faits: François Bayrou poursuit samedi son marathon médiatique, mais il n'a pas réussi jusqu'ici à trouver les arguments pour éviter une défaite, et c'est plutôt le jour d'après sa chute qui occupera plusieurs rendez-vous de rentrée.
Lundi, le Premier ministre centriste, allié historique d'Emmanuel Macron, engagera devant l'Assemblée nationale la responsabilité de son gouvernement au sujet de son constat d'urgence face au "surendettement" de la France, et de l'ampleur de l'effort budgétaire à consentir, qu'il a chiffré à 44 milliards d'euros pour 2026.
Sauf énorme surprise, il devrait être emporté par la convergence des votes contre des oppositions quasi unanimes, de gauche et d'extrême droite.
Moins de neuf mois après sa nomination, le fondateur du MoDem, âgé de 74 ans, tombera donc sur les enjeux budgétaires du pays, comme son prédécesseur Michel Barnier, qui n'avait résisté que trois mois à Matignon. Avec le risque, agité par François Bayrou, d'un emballement des marchés financiers en cas d'impasse politique, sur fond de colère sociale, dès mercredi avec le mouvement "Bloquons tout", suivi d'une mobilisation syndicale le 18 septembre.
Il s'agit en fait d'un nouveau soubresaut de la crise politique la plus grave de la Ve République, ouverte par la dissolution de l'Assemblée décidée en juin 2024 par le chef de l'Etat. Crise qui a abouti à un paysage parlementaire plus fracturé que jamais sans qu'une majorité ait émergé depuis pour rendre la France gouvernable.
Omniprésent dans les médias depuis qu'il a annoncé le 25 août, à la surprise générale, qu'il se soumettrait à un vote de confiance, le Premier ministre est samedi l'invité de "C à vous" sur France 5 à 19H00, avant le média en ligne Brut dimanche à 12H00.
Jusqu'ici, son plaidoyer passionné, répété jour après jour devant les micros et auprès des chefs de parti reçus à Matignon au fil de la semaine, n'a toutefois fait bouger aucune voix de député en sa faveur, et son impopularité dans les sondages bat des records.
La classe politique a déjà entériné son départ, et pense à la suite.
Le sujet devrait être au coeur du congrès du parti Les Républicains, qui fait sa rentrée ce week-end à Port-Marly, dans les Yvelines. Après la cacophonie des derniers jours au sein de la droite, ses ténors espèrent pouvoir afficher une image d'unité.
- Les LR cherchent l'unité -
Le chef des députés LR Laurent Wauquiez doit s'exprimer samedi après-midi. Jeudi, il avait semé le trouble en assurant que son groupe, au nom de la stabilité, ne censurerait pas a priori un gouvernement mené par le Parti socialiste -- poussant Bruno Retailleau, patron de la droite, à le corriger en prévenant qu'il ne donnerait pas de "chèque en blanc" aux socialistes.
Le ministre de l'Intérieur, qui appelle ses troupes à voter la confiance lundi, doit lui prononcer un discours dimanche.
De son côté, la dirigeante du Rassemblement national Marine Le Pen fait sa rentrée politique dimanche dans son fief de Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, où elle devrait réitérer la demande de nouvelle dissolution au nom de l'extrême droite, qui dit pouvoir être en mesure de gouverner en cas de législatives anticipées.
Voire de démission d'Emmanuel Macron, réclamée avec insistance également par La France insoumise, à l'autre extrémité de l'échiquier.
Dès lundi soir, la balle sera donc dans le camp du chef de l'Etat, qui lui aussi voit sa cote de popularité au plus bas depuis 2017 dans plusieurs études d'opinion.
Pour l'instant, il a plaidé la "mobilisation" de son camp en faveur du Premier ministre, et prôné "responsabilité" et "stabilité".
En public, il a refusé d'évoquer l'après-Bayrou avant l'heure, mais dans le huis clos de l'Elysée, il a demandé aux chefs du camp gouvernemental de "travailler avec les socialistes".
Jusqu'à envisager de nommer leur chef Olivier Faure à Matignon, alors que le PS fait ouvertement acte de candidature ? Les spéculations vont bon train, mais peu, dans l'entourage du président, imaginent ce scénario.
M.Jelinek--TPP