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Cédric Jubillar, accusé du meurtre de son épouse Delphine, a réaffirmé lundi son innocence dans la disparition de l'infirmière de 33 ans en 2020, au premier jour de son procès devant la cour d'assises du Tarn.
"Je conteste toujours les faits qui me sont reprochés", a-t-il affirmé à la présidente de la cour du Tarn, qui l'invitait à décliner sa ligne de défense.
Barbe et crâne rasés, jeans et veste de jogging bleu, l'accusé de 38 ans, a écouté, le visage fermé, la lecture de l'acte d'accusation, le plus souvent assis les bras croisés dans le box vitré.
Une alliance à l'annulaire gauche, le peintre-plaquiste qui a toujours clamé son innocence va devoir s'expliquer, pour la première fois publiquement pendant ces quatre semaines d'audience, sur ce qu'il s'est passé à Cagnac-Les-Mines (Tarn) dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, et sur ce qu'il est advenu du corps de Delphine, qui n'a jamais été retrouvé.
"La famille attend une double vérité", a déclaré en marge de l'audience Mourad Battikh, avocat de cousins, tantes et oncles de Delphine, jugeant "quelque peu problématique" que l'accusé "exhibe" son alliance.
Dans ce contexte, le dossier Jubillar a rapidement pris une importante dimension médiatique, confirmée lundi matin par les dizaines de journalistes présents à l'ouverture du procès pour lequel le public avait commencé à faire la queue dès l'aube devant le palais de justice d'Albi.
Quelques jours avant Noël 2020, la France vivait encore au rythme des couvre-feux liés à l'épidémie de Covid-19 et l'actualité judiciaire avait été marquée fin novembre par la condamnation de Jonathann Daval, affaire retentissante dans laquelle l'accusé avait longtemps joué le mari éploré avant d'avouer avoir tué sa femme.
- "Abandons et rejets" -
Après une matinée consacrée à la constitution du jury -deux femmes et quatre hommes- et à l'examen des demandes de constitution de partie civiles, rejetant celles de deux ex-compagnes de l'accusé, la cour s'est focalisée sur la personnalité de l'accusé.
L'enfance de Cédric Jubillar, placé en famille d'accueil à l'âge de deux ans, a été "marquée par des abandons et des rejets successifs", a dit à la barre l'autrice d'une enquête de personnalité sur l'accusé. Sa mère avait seulement 15 ans à la naissance de Cédric, qui a souffert de l'absence d'un père.
Après avoir été trimbalé de familles d'accueil en foyers, l'adolescent, revenu au domicile maternel, est "rejeté par sa famille", "en recherche d'affection de manière perpétuelle", a ajouté l'enquêtrice, avant d'évoquer un adulte "vaillant et travailleur", peintre-plaquiste dans le secteur du bâtiment, avec de maigres revenus, qu'il ponctionne de quelques centaines d'euros par mois pour financer sa consommation de cannabis.
- "A genoux sur des Lego" -
Victime de maltraitance durant son enfance, Cédric Jubillar a, à son tour, été violent avec son fils, observe Malika Chmani, avocate des enfants, mettant son fils Louis, "à genoux sur des légos".
L'avocat de la Défense Alexandre Martin a alors pris la parole. "Cédric Jubillar a eu une enfance cabossée, qui entraîne des conséquences dans la construction d'un individu", a-t-il dit, en sollicitant l'approbation de l'experte qui a acquiescé.
L'autre avocate de Cédric Jubillar, Emmanuelle Franck, a mis l'accent sur son immaturité, "l'adolescent qu'il était n'est pas loin de l'adulte qu'il est".
"Nous avons enfin pu décrire Cédric Jubillar tel que nous le connaissons, de manière équilibrée, vous faire surtout ressentir que l'enfance cabossée de Cédric Jubillar ne donne pas l'être haineux qu'il aurait pu être", a ajouté Me Martin en marge de l'audience.
"C'est un stress pour toute cette famille", a souligné auparavant Philippe Pressecq, avocat d'une cousine de la disparue.
Même si l'accusé continue de contester les faits, "un aveu est toujours possible", selon lui.
Les enfants du couple Jubillar, une fille de 6 ans et un garçon de 11 ans n'assistent pas au procès. L'aîné "espère une vérité", selon Malika Chmani, avocate des enfants.
L'accusé, en détention depuis juin 2021, est soupçonné d'avoir fait disparaître celle qui était son épouse depuis 2013 et la mère de leurs deux enfants parce qu'il ne supportait pas l'idée qu'elle le quitte pour un autre homme.
Le verdict est attendu le 17 octobre.
A.Novak--TPP