
AEX
-6.2000
Première rentrée comme ministre de l'Education, et peut-être la dernière? Elisabeth Borne tient mercredi sa conférence de presse pour lancer l'année scolaire, dans un contexte politique et budgétaire incertain après la décision de François Bayrou de solliciter la confiance de l'Assemblée nationale.
Après avoir réuni les recteurs mardi, et avant la pré-rentrée des enseignants vendredi, la ministre, en poste depuis huit mois, donnera le coup d'envoi de la rentrée de quelque 12 millions d'élèves le 1er septembre.
Mais alors que les spéculations sur la chute du gouvernement vont bon train, avec la quasi-certitude d'un vote négatif à l'Assemblée le 8 septembre, l'ex-Première ministre est en sursis, comme l'était sa prédécesseure Nicole Belloubet l'an dernier après la dissolution.
La ministre assure cependant mardi dans un entretien au Parisien que les orientations de la rentrée restent sa priorité: "Ma seule et unique boussole, c'est la rentrée scolaire".
"On verra ce qui se passera", mais "mon énergie est entièrement consacrée à faire en sorte que cette rentrée se passe dans les meilleures conditions possibles", ajoute-t-elle.
Pour les syndicats et personnels de l'éducation cependant, c'est à nouveau l'expectative, après deux années marquées par une forte instabilité et cinq ministres: Gabriel Attal (resté un peu plus de cinq mois), Amélie Oudéa-Castéra (un mois), Nicole Belloubet (sept mois), Anne Genetet (trois) et Elisabeth Borne.
"On est vraiment agacés, on est fatigués de changer en permanence de ministre", explique Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du syndicat SE Unsa.
"Quand va-t-on arriver à faire une rentrée scolaire avec un ou une ministre qui n'est pas en train de poser ses cartons, de faire ses cartons, ou qui ne se prépare pas à faire ses cartons?", a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse mardi.
- "Reconsidérer l'école" -
Le budget de l'Education nationale, le premier de l'Etat, préoccupe notamment après la présentation par François Bayrou en juillet de son plan d'économies de près de 44 milliards d'euros, qui prévoit cependant une hausse des dépenses publiques de 200 millions d'euros pour l'enseignement scolaire.
En 2026, le budget de l'Education nationale "sera préservé", réaffirme Mme Borne.
Mais pour la FSU-Snuipp, principal syndicat de l'enseignement primaire, "il est clair que l'Education nationale ne sera pas épargnée en 2026".
"S'engager sur le budget 2026 à cette date, c'est assez audacieux", estime de son côté Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU (collèges et lycées), regrettant que le ministère n'aborde pas "la question centrale, la crise de recrutement, les conditions de travail, les rémunérations et les carrières".
Pour cette rentrée comme pour les précédentes, l'enjeu restera notamment d'assurer la présence d'un enseignant devant chaque classe. La crise d'attractivité perdure cette année, avec plus de 2.600 postes non pourvus aux concours enseignants du public et du privé.
"On veut un enseignant devant chaque élève toute l'année, et il n'y a rien de moins sûr", explique Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, premier syndicat de chefs d'établissements.
Pour Elisabeth Allain-Moreno, "l'urgence" est aussi de "reconsidérer l'école et les personnels", qui "voient leurs conditions de travail se dégrader". Selon un baromètre de l'Unsa Education, auquel ont répondu plus de 53.000 personnels, 77% d'entre eux ne conseilleraient pas leur métier. Ils sont 67% à juger que l'image de leur profession est dégradée.
En attendant, cette rentrée verra quelques nouveautés, dont la généralisation progressive du dispositif "portable en pause" (interdiction totale du téléphone dans les collèges). Il est déjà interdit depuis 2018, mais devrait être laissé pendant les cours dans des casiers, mallettes ou pochettes dans les établissements où cela peine à s'appliquer.
Des changements auront lieu aussi pour les examens, notamment le bac. Une nouvelle épreuve de mathématiques sera lancée en première, et les exigences seront "resserrées" pour le bac, assure Elisabeth Borne.
"Jusqu'ici, un élève qui avait moins de 8 sur 20 pouvait passer le rattrapage grâce à des points attribués par le jury. Ça ne sera plus possible", détaille-t-elle au Parisien.
U.Ptacek--TPP