The Prague Post - A Hama, "la mort n'a épargné personne": 43 ans après, des Syriens racontent

EUR -
AED 4.304872
AFN 79.352391
ALL 97.028469
AMD 442.901718
ANG 2.097965
AOA 1074.898555
ARS 1544.049867
AUD 1.812291
AWG 2.111407
AZN 1.997376
BAM 1.955366
BBD 2.334982
BDT 140.978716
BGN 1.955366
BHD 0.437103
BIF 3458.132623
BMD 1.17219
BND 1.494668
BOB 8.011222
BRL 6.355853
BSD 1.159343
BTN 101.387502
BWP 15.589541
BYN 3.904734
BYR 22974.921746
BZD 2.325884
CAD 1.621549
CDF 3359.496635
CHF 0.947274
CLF 0.028686
CLP 1125.330283
CNY 8.401965
CNH 8.405458
COP 4673.063023
CRC 584.770236
CUC 1.17219
CUP 31.063032
CVE 110.240537
CZK 24.525968
DJF 206.444189
DKK 7.465725
DOP 72.323951
DZD 151.37041
EGP 56.192731
ERN 17.582848
ETB 164.423514
FJD 2.650912
FKP 0.86736
GBP 0.873628
GEL 3.159099
GGP 0.86736
GHS 12.781164
GIP 0.86736
GMD 84.988281
GNF 10050.769682
GTQ 8.890027
GYD 242.4462
HKD 9.160025
HNL 30.32827
HRK 7.53449
HTG 151.696338
HUF 395.42699
IDR 19028.744498
ILS 3.950871
IMP 0.86736
INR 102.369106
IQD 1518.463045
IRR 49290.585078
ISK 143.45305
JEP 0.86736
JMD 185.848759
JOD 0.831129
JPY 172.310787
KES 149.726775
KGS 102.481519
KHR 4648.96837
KMF 495.254674
KPW 1054.877087
KRW 1622.54968
KWD 0.357976
KYD 0.966086
KZT 623.181713
LAK 25123.424982
LBP 104323.450088
LKR 349.882359
LRD 232.448418
LSL 20.454161
LTL 3.461172
LVL 0.709046
LYD 6.290604
MAD 10.492372
MDL 19.528666
MGA 5133.86077
MKD 61.526347
MMK 2460.690754
MNT 4214.718457
MOP 9.337528
MRU 46.23374
MUR 54.050119
MVR 18.063889
MWK 2010.253914
MXN 21.78134
MYR 4.955437
MZN 74.907305
NAD 20.454161
NGN 1799.745625
NIO 42.660533
NOK 11.788249
NPR 162.220003
NZD 1.998125
OMR 0.44942
PAB 1.159343
PEN 4.070597
PGK 4.899913
PHP 66.228147
PKR 328.902015
PLN 4.265653
PYG 8402.135523
QAR 4.225762
RON 5.052846
RSD 117.154003
RUB 93.579234
RWF 1678.127615
SAR 4.398295
SBD 9.631903
SCR 17.691907
SDG 703.904335
SEK 11.128003
SGD 1.501814
SHP 0.921157
SLE 27.316322
SLL 24580.233414
SOS 662.552976
SRD 44.670403
STD 24261.963978
STN 24.494565
SVC 10.143749
SYP 15241.067294
SZL 20.445463
THB 37.984858
TJS 11.071643
TMT 4.102665
TND 3.404045
TOP 2.74539
TRY 47.987725
TTD 7.872253
TWD 35.613829
TZS 2892.558126
UAH 47.915967
UGX 4131.083291
USD 1.17219
UYU 46.399704
UZS 14391.806384
VES 161.711687
VND 30887.20347
VUV 141.219144
WST 3.178512
XAF 655.811472
XAG 0.030136
XAU 0.000348
XCD 3.167902
XCG 2.089436
XDR 0.815619
XOF 655.811472
XPF 119.331742
YER 281.564217
ZAR 20.453077
ZMK 10551.119794
ZMW 26.809051
ZWL 377.444665
  • AEX

    5.3500

    912.92

    +0.59%

  • BEL20

    12.5700

    4848.12

    +0.26%

  • PX1

    31.7500

    7969.69

    +0.4%

  • ISEQ

    62.9400

    11718.87

    +0.54%

  • OSEBX

    7.1300

    1664.42

    +0.43%

  • PSI20

    -40.1000

    7980.23

    -0.5%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -17.7300

    3206.19

    -0.55%

  • N150

    42.1700

    3807.03

    +1.12%

A Hama, "la mort n'a épargné personne": 43 ans après, des Syriens racontent
A Hama, "la mort n'a épargné personne": 43 ans après, des Syriens racontent / Photo: OMAR HAJ KADOUR - AFP

A Hama, "la mort n'a épargné personne": 43 ans après, des Syriens racontent

Hayan Hadid avait 18 ans quand des militaires syriens ont débarqué chez lui pour l'arrêter en pyjama et l'emmener au peloton d'exécution. C'était en février 1982 dans la ville de Hama, meurtrie par un des pires massacres de l'histoire du clan Assad.

Taille du texte:

"Je n'avais jamais raconté ça (...) Seule ma famille savait", confie à l'AFP le sexagénaire père de cinq enfants dans la ville du centre de la Syrie.

"Mais avec les derniers évènements, on peut parler", dit-il, en allusion à la chute du pouvoir de Bachar al-Assad, renversé en décembre par des rebelles islamistes.

Quarante-trois ans plus tard, Hama raconte enfin son calvaire: le 2 février 1982, le président Hafez al-Assad, père de Bachar, y réprimait dans le sang une insurrection des Frères musulmans, ses principaux opposants qui avaient tenté de l'assassiner en 1980.

Dans un silence médiatique complet, les services de sécurité, emmenés par son frère Rifaat, pilonnent sans relâche la ville et tuent des civils, hommes, femmes et enfants, racontent aujourd'hui des témoins à l'AFP.

Le bilan de 27 jours de violences n'a jamais été formellement établi. Les estimations varient de 10.000 à 40.000 morts. Parfois bien plus.

Hayan Hadid dit n'avoir "aucun lien avec les Frères musulmans" mais son nom avait valeur de condamnation. Un cousin de la famille, Marwan Hadid, était alors une figure de "l'Avant-garde combattante", groupe armé issu de la mouvance des Frères musulmans.

"A l'école, mon père avait toujours très peur pour moi et mon frère", raconte ce retraité.

Au treizième jour des combats, des militaires débarquent dans le quartier de M. Hadid et l'arrêtent avec environ 200 personnes, se souvient-il.

Les hommes sont d'abord conduits dans une école de formation technique. La nuit tombée, une quarantaine d'entre eux, mains attachées dans le dos, sont embarqués dans des camions et emmenés dans un cimetière de la banlieue de Hama près de Sreiheen, dit-il.

"Mon voisin m'a dit +Ca veut dire qu'ils vont nous fusiller+", se souvient-il.

- Laissé pour mort -

Aveuglés par les phares des camions, deux rangées d'hommes font face au peloton d'exécution. M. Hadid sent une balle lui frôler les cheveux.

"Je suis tombé au sol et je n'ai pas bougé. Je ne sais pas pourquoi, ce n'était pas quelque chose de conscient pour échapper à la mort", lâche-t-il.

Un soldat tire une dernière balle dans chaque corps mais l'épargne. "Mon pyjama était rouge, il s'est peut-être dit +celui-là est mort+", pensant qu'il s'agissait de sang.

A côté de lui, un blessé implore pour qu'on l'achève. Un soldat le crible de balles.

Une fois les militaires partis, il se lève et finit par rentrer à Hama au petit jour, chez son oncle.

"J'avais le visage blanc de celui qui revient de la mort", se souvient l'homme qui tient aujourd'hui la laiterie familiale.

Il faudra du temps pour rassembler les témoignages et éplucher des archives autrefois inaccessibles dans une Syrie dirigée d'une main de fer par le clan des Assad, dont les services de sécurité semaient la terreur et torturaient les opposants.

- Fusillé devant sa famille -

Avant de devenir actrice et dramaturge, Camellia Boutros gérait en 1982 le bureau des admissions à l'hôpital national de Hama, dit-elle à l'AFP.

Vingt jours durant, avec son équipe, elle a réceptionné les dépouilles des victimes.

"Les corps arrivaient par camion et étaient jetés devant la morgue. Des morts, encore et encore, nous étions dépassés", se souvient-elle.

Certains avaient leur carte d'identité et leurs noms pouvaient être inscrits. D'autres étaient "inconnus" --mais identifiés par le quartier d'où venait le camion. Certains ont été enterrés dans des fosses communes, raconte-t-elle.

"Heure par heure le pouvoir appelait, il voulait (...) les morts de l'armée, ceux des Frères musulmans, ceux des innocents", dit-elle.

Son recensement final: "32.000" civils, "7.000 soldats et environ 5.000 Frères", assure-t-elle. Un bilan communiqué aux "autorités compétentes" --avant que ses registres ne lui soient retirés.

Depuis son bureau, elle a vu dans la rue "des exécutions contre un mur". Même dans sa famille, chrétienne, le père de son beau-frère a été arrêté chez lui et "fusillé".

"La mort n'a épargné personne à Hama", dit-elle.

Le frère de Bassam al-Saraj, Haitham, a lui aussi été "fusillé devant sa femme et ses deux enfants, avec un groupe du quartier" devant un stade, raconte ce fonctionnaire à la retraite.

Haitham n'était pas affilié aux Frères musulmans, martèle-t-il. Six mois plus tard, son deuxième frère, Myassar, est raflé. "Il a été dit" qu'il faisait partie des Frères musulmans, mais il ne sait vraiment pas.

"Deux ou trois heures après, ils m'ont convoqué pour me remettre son corps", raconte M. Saraj, 79 ans. La famille veut organiser des funérailles, mais on l'en empêche.

"Ils ont pris une seule personne de la famille et ils sont allés l'enterrer", dit-il.

Mohamed Qattan avait 16 ans quand il a pris les armes avec l'"Avant-garde combattante".

Arrêté en février 1982, il évite la peine de mort parce que mineur et écope de 12 années de détention dans la tristement célèbre prison de Palmyre (centre).

- "Mise au pas" -

"La ligne du régime était incompatible avec les valeurs du pays", estime-t-il, évoquant notamment "la mixité" imposée par le pouvoir lors d'activités extra-scolaires --les islamistes y étaient opposés.

Les évènements de Hama débutent selon lui lorsque les autorités mettent au jour "un plan coordonné" des Frères musulmans à Hama et à Alep, plus au nord, "pour lancer une action militaire". Le mouvement islamiste décrète alors la mobilisation générale.

Le quartier de Baroudiya sera, cinq jours durant, au coeur de "combats féroces", se souvient-il. "Puis nous avons commencé à manquer de munitions, et nos chefs, en première ligne, ont commencé à tomber."

Les soldats ont alors repris du terrain et "c'est comme s'ils avaient reçu l'ordre de tuer tout le monde sur leur passage", ajoute-t-il. "Les rues étaient jonchées de cadavres de civils, même des femmes et des enfants".

Sa famille a perdu une douzaine d'hommes. Parmi eux ses deux frères, l'un tué au combat et l'autre qui ne faisait pas partie de l'organisation.

Relâché en 1993, il devient pharmacien et reprend des études. Quand la révolte de 2011 dégénère en conflit sous le coup de la répression, il met son expérience au service d'une faction armée.

Hama, "c'était un crime planifié" pour "mettre au pas" la population, résume-t-il. "Et ça a marché (...): toutes les villes ont appris la leçon."

A.Novak--TPP