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Le Suriname a commencé à voter dimanche pour les législatives et décider quel parti va diriger le plus petit pays d'Amérique du sud, voisin de la Guyane française, promis à des lendemains meilleurs grâce au pétrole.
Les électeurs des 51 députés de la future assemblée, qui sera appelée à décider du tandem présidentiel, ont à choisir entre la continuité autour de l'actuel président Chan Santokhi, et le retour de la domination du parti de l'ex-président récemment décédé Desi Bouterse.
Cette ancienne colonie néerlandaise, minée depuis son indépendance en 1975 par des rébellions et coups d'Etat, dispose d'importantes réserves offshore découvertes récemment. Elles devraient offrir au pays, où 20% de la population vit sous le seuil de pauvreté, une importante manne financière à partir de 2028, quand débutera la production.
Le président sortant Chan Santokhi, ancien policier puis ministre de la Justice, vise un deuxième mandat. Son arrivée au pouvoir en 2020 avait rassuré les marchés financiers et les institutions internationales, notamment le Fonds monétaire international qui avait accordé un prêt pour aider le pays à restructurer sa dette abyssale.
Auteur de réformes économiques impopulaires pour sortir du surendettement, il promet, grâce à l'or noir, des investissements dans l'agriculture, le tourisme, la santé, l'éducation et les énergies vertes.
Mais il fait face à l'ombre de l'ancien président Desi Bouterse, qui avait dirigé le pays d'une main de fer après un coup d'Etat en 1980 puis démocratiquement entre 2010 et 2020. Sous son mandat, le Suriname était considéré comme un narco-Etat.
Condamné aux Pays-Bas pour trafic de cocaïne et au Suriname pour le meurtre d'opposants en 1982 lorsqu'il était chef de la junte, Bouterse est décédé en décembre dans la clandestinité. Sa figure reste toutefois célébrée, notamment parmi la classe populaire où son franc-parler faisait merveille.
Les intentions de vote donnent un légère avance au camp du VHP, le parti de M. Santokhi, sur le NDP de Bouterse désormais dirigé par Ashwin Adhin, ex-vice-président, et Jennifer Simons, présidente de l'Assemblée nationale. Les deux partis affirment qu'ils ne feront pas alliance.
Avec un corps électoral de 399.937 inscrits, la marge d'erreur est grande, et l'incertitude sur le score tout autant.
Deux autres partis pourraient faire office d'arbitres: l'ABOP de l'actuel vice-président et ancien chef rebelle Ronnie Brunswijk, également condamné pour trafic de cocaïne, et le NPS de Gregory Rusland. Le NPS est le parti de l'ancien président Ronald Venetian, qui a dirigé le pays de 1991 à 1996 puis de 2000 à 2010.
Sans compter les petits partis qui décrocheront un ou plusieurs sièges... qu'ils monnayeront pour une place dans le futur gouvernement.
- Encre -
Dans chacun des 673 bureaux de vote, un même rituel a opéré. Les urnes vides ont été présentées aux scrutateurs, puis scellées. Chaque votant, après avoir contrôlé sa présence sur les listes électorales, a montré au chef du bureau de vote ses deux mains, et son petit doigt a été trempé dans de l'encre.
Sur une double feuille A3 comportant plus de 700 candidats des 14 partis en lice, il devait en choisir un seul à cocher à l'encre rouge.
Après son vote dès l'ouverture à 07H00 locales (10H00 GMT) dans une école transformée en centre électoral, la ministre de la Défense Krishna Mathoera a estimé auprès de l'AFP "important" que le parti présidentiel du VHP l'emporte "car nous avons établi les fondations pour la stabilité économique et nous devons bâtir dessus". "L'économie va croître" avec les dividendes du pétrole et l'exploitation d'un bloc offshore à 220.000 barils par jour.
C'est beaucoup plus que les 5 à 6.000 aujourd'hui, et cette manne va certainement transformer un Suriname en manque criant d'infrastructures, mais pas forcément assez pour devenir un nouvel eldorado, selon des spécialistes qui tempèrent l'euphorie.
Des résultats, provisoires, sont attendus dimanche soir. Une fois qu'ils seront rendus officiels par l'autorité électorale, d'ici trois semaines, la nouvelle Assemblée nationale aura un mois pour se réunir et élire à la majorité des deux tiers le président et le vice-président.
N.Kratochvil--TPP