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Avec les manifestations à Los Angeles, le gouverneur de Californie Gavin Newsom fait face à un test d'envergure. Mais pour l'ambitieux quinquagénaire démocrate, ces troubles et le bras de fer engagé avec Donald Trump pourraient bien représenter une opportunité en vue de la présidentielle de 2028.
A la tête depuis 2019 de l'Etat le plus peuplé et le plus puissant économiquement des Etats-Unis, Gavin Newsom tente aujourd'hui de s'ériger en opposant principal à Donald Trump.
Depuis que des manifestations contre des arrestations de migrants clandestins ont éclaté vendredi à Los Angeles, le gouverneur de 57 ans ne se montre pas avare de critiques envers le président républicain. Il l'accuse notamment d'attiser les tensions avec sa décision de déployer des milliers de soldats dans la mégapole californienne.
Selon lui, le déploiement de centaines de militaires d'active des Marines assouvit ainsi "le fantasme fou d'un président dictatorial".
Donald Trump le lui rend bien. Le milliardaire républicain répète à l'envi que Gavin Newsom fait du "boulot horrible" et a encore affirmé lundi qu'une arrestation du gouverneur pour entrave aux opérations d'arrestations de migrants serait "super".
La querelle entre les deux hommes ne date pas d'hier, et s'explique en partie par les ambitions affichées du Californien.
Le gouverneur, cheveux grisonnants gominés vers l'arrière et sourire impeccable, figure parmi les favoris des bookmakers à l'investiture démocrate pour la Maison Blanche en 2028, et semble embrasser aujourd'hui l'opportunité d'un conflit frontal et médiatique avec Donald Trump.
- "Battant" -
"Le président des Etats-Unis vient d'appeler à l'arrestation d'un gouverneur en exercice", a dénoncé Gavin Newsom sur les réseaux sociaux lundi. "C'est un pas incontestable vers l'autoritarisme", a ajouté cet ancien maire de San Francisco.
Pour Jeff Le, un ancien responsable auprès du gouverneur démocrate Jerry Brown en Californie, "chaque crise politique est une opportunité politique".
La situation actuelle à Los Angeles est donc "un cadeau potentiel pour le gouverneur, pour souligner les différences flagrantes" entre lui et Donald Trump, estime-t-il auprès de l'AFP.
Le ton de défiance adopté par Gavin Newsom devrait ravir la base démocrate, assure en outre Jeff Le, celle-ci cherchant "désespérément un battant".
Pour ce consultant en affaires publiques, un face-à-face qui s'éterniserait à Los Angeles, et particulièrement une escalade dans la violence ou le vandalisme, pourrait cependant annihiler le capital sympathie potentiellement engrangé par le gouverneur.
En six ans à la tête de la Californie, Gavin Newsom a mis l'accent sur certaines priorités de la gauche américaine comme le droit à l'avortement, mais s'est clairement positionné en tant que modéré.
Depuis quelque temps, il tente de se faire connaître du reste du pays, comme avec ce débat l'an dernier l'opposant au gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, sur Fox News, la chaîne favorite des conservateurs aux Etats-Unis.
- Podcast -
Mais Gavin Newsom s'est aussi attiré des critiques de son propre camp, qui lui reprochent notamment ses politiques de répression envers les campements de sans-abri, nombreux en Californie.
Certains lui tiennent rigueur aussi de sa proximité affichée avec certains républicains, une critique mise en exergue par son lancement en mars d'un podcast où il invite certaines personnalités de droite, comme l'influenceur conservateur Charlie Kirk.
Un sondage Economist/YouGov paru la semaine dernière montrait que Gavin Newsom avait également du chemin à faire avant d'espérer un succès dans la course à la Maison Blanche, puisque sa cote de popularité était de -13 points, contre les -7 points de Donald Trump.
"Il est clair que Gavin Newsom tente d'utiliser ce moment pour élever sa position à l'échelle nationale, en se projetant lui-même comme le visage de la résistance démocrate à Donald Trump", explique à l'AFP Charlie Kolean, consultant en stratégie politique qui a travaillé pour des candidats républicains.
L'analyste avertit cependant que le gouverneur pourrait fragiliser ses ambitions présidentielles si les Américains en venaient à considérer qu'il était davantage du côté des fauteurs de troubles que des forces de police.
"De manière écrasante, les électeurs souhaitent l'ordre - c'est l'un des thèmes clés sur lesquels Trump a fait campagne et sur lesquels il a largement gagné", assure Charlie Kolean.
P.Svatek--TPP