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La femme d'affaires Truong My Lan, condamnée à mort pour avoir orchestré la plus importante fraude qu'ait connu le Vietnam, à hauteur de 27 milliards de dollars, ne risque plus d'être exécutée, du fait d'un assouplissement du code pénal, a déclaré mercredi son avocat à l'AFP.
"La condamnation à mort sera commuée en réclusion à perpétuité (...). Elle est très heureuse", a expliqué Giang Hong Thanh.
"Si Mme Lan rend trois quarts (des sommes détournées), et sous d'autres conditions, son cas pourra être considéré pour une réduction plus importante de sa peine", a-t-il précisé.
Un tribunal de Ho Chi Minh-Ville (sud) a confirmé en appel, en décembre dernier, la peine capitale contre la dirigeante déchue, pour détournement de fonds.
Mais l'Assemblée nationale a voté mercredi pour que cette loi ne soit plus passible de la condamnation à mort à partir du 1er juillet, à l'instar de sept autres infractions, dans une décision visant à ajuster l'arsenal juridique aux "conditions socio-économiques qui ont évolué", selon les autorités.
Les personnes condamnées à mort en vertu de l'un des huit articles concernés ne seront pas exécutées, a indiqué la presse d'Etat, en précisant que la commutation de peine ne serait effective qu'après décision de la Cour populaire suprême.
Outre sa condamnation à mort, Truong My Lan purge aussi une peine de prison de 30 ans pour blanchiment d'argent, dans un deuxième volet de son affaire tentaculaire qui a choqué le Vietnam.
- Exécutions continues -
Elle a dérobé pendant une décennie des milliards de dollars, via un montage d'obligations frauduleuses transitant par la Saigon Commercial Bank (SCB), détenue à plus de 90% par son groupe, Van Thinh Phat, spécialisé dans l'immobilier.
Depuis le début des procédures judiciaires, elle promet de rendre les sommes détournées avec l'espoir d'obtenir la clémence des juges. Truong My Lan et Van Thinh Phat possèdent notamment des parts dans des projets immobiliers d'envergure - gratte-ciel, centre commercial, port, lotissements - à Ho Chi Minh-Ville, la capitale économique du sud du pays.
En mai, elle a dit qu'elle voulait transformer son empire immobilier déchu en "poule aux oeufs d'or".
Des dizaines de milliers de personnes qui ont investi leurs économies auprès de la SCB ont perdu leur argent, ce qui a provoqué des manifestations exceptionnellement tolérées par le pouvoir communiste.
L'ampleur des détournements, équivalent à 6% du produit intérieur brut (PIB) du Vietnam, a aussi suscité des interrogations sur la solidité de l'économie vietnamienne.
Ses procès ont illustré aussi bien le laisser-aller du secteur bancaire, durant une période d'enrichissement rapide et inédit du pays, que la campagne anticorruption menée tambour battant par les autorités communistes, qui ont pris dans leurs filets de nombreux dirigeants politiques et économiques.
Le nombre d'exécutions pratiquées au Vietnam est classé secret d'Etat mais Amnesty International affirme que la peine capitale a été appliquée en 2024.
Le pays communiste a condamné à mort plus de 150 personnes l'an dernier, à plus de 80% pour des infractions liées aux stupéfiants. Plus de 1.200 personnes se trouvaient dans le couloir de la mort à la fin 2024, selon le rapport annuel d'Amnesty.
Le Vietnam appartient aux cinq pays de la région Asie-Pacifique qui ont procédé à des exécutions en 2024, avec la Chine, la Corée du Nord, l'Afghanistan et Singapour, a relevé l'ONG. Après la modification du code pénal, dix articles restent passibles de la peine de mort.
F.Vit--TPP