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Le Dalaï Lama a laissé entendre lundi qu'un successeur serait nommé après sa mort pour perpétuer son combat pour la liberté du Tibet, au coup d'envoi des réjouissances organisées dans son repaire en exil du nord de l'Inde pour son 90e anniversaire.
Dans sa traditionnelle robe marron et jaune, le chef spirituel des Tibétains est apparu au milieu de milliers de membres de sa communauté et de partisans venus du monde entier le rejoindre dans son monastère de McLeod Ganj.
"J'ai 90 ans mais je reste en forme physiquement", a lancé le prix Nobel de la paix, assis au milieu de ses fidèles. "Pendant le temps qu'il me reste, je vais continuer à me consacrer autant que possible au bien-être des autres".
Le Dalaï Lama a ensuite donné une première indication sur le ton du message très attendu qu'il doit livrer mercredi sur sa succession, point d'orgue politique des festivités de la semaine.
"Il y aura donc un cadre dans lequel nous allons pouvoir discuter de la perpétuation de l'institution du Dalaï Lama", a-t-il lâché.
Né le 6 juillet 1935, Tenzin Gyatso pour l'état civil est devenu dès l'âge de 2 ans le 14e chef spirituel et politique des Tibétains, dûment identifié, ainsi que le requiert la tradition bouddhiste, comme la réincarnation de son prédécesseur.
Depuis qu'il a fui le Tibet et la répression chinoise en 1959, il passe l'essentiel de son temps à McLeod Ganj, dans les contreforts de l'Himalaya indien.
La question de son suivant est cruciale, car les Tibétains soupçonnent la Chine, dont les troupes ont envahi le Tibet en 1950 pour en faire une province chinoise, de vouloir en nommer un à sa main.
L'actuel titulaire de la charge, considéré comme un dangereux séparatiste par Pékin, a toutefois déjà catégoriquement écarté l'idée que le 15e Dalaï Lama puisse être nommé par les Chinois.
- "Monde libre" -
Celui qui lui succèdera sera forcément "né dans le monde libre", a-t-il promis publiquement.
En 1995, la Chine avait enlevé et placé en détention un enfant de 6 ans que le Dalaï Lama venait de désigner comme Panchen Lama, l'autre figure religieuse tibétaine de premier plan.
Et elle avait dans la foulée nommé à ce titre le candidat de son choix, aussitôt rejeté par les Tibétains comme le "faux Panchen".
Même si ces dernières années, le Dalaï Lama a suggéré l'idée qu'il pourrait être le dernier, une majorité de Tibétains semble favorable à la poursuite du "cycle de la réincarnation".
"Le cycle de la réincarnation de Sa Sainteté doit se poursuivre", a plaidé auprès de l'AFP Sakina Batt, 34 ans, une ex-fonctionnaire de confession musulmane qui vit au Népal. "L'avenir des Tibétains dépend de leur unité et de leur résilience".
En 2011, le Dalaï Lama a renoncé au pouvoir politique de sa charge, confiée à un Premier ministre, élu par la diaspora, et à un gouvernement.
Mais son visage rieur, encadré par ses lunettes carrées, est resté l'incarnation du combat pour l'autonomie du Tibet.
"Nous offrons nos ferventes dévotions pour que Tenzin Gyatso, protecteur du Pays des neiges, vive pendant des siècles et des siècles", lui ont chanté lundi des moines vêtus de rouge.
Les célébrations de son anniversaire doivent se poursuivre jusqu'à la fin de la semaine.
S.Janousek--TPP