
AEX
-7.5100
Pour retrouver sa place de leader du tourisme, la stratégie de la France ne peut se contenter du cap de 100 millions de visiteurs étrangers affiché par les pouvoirs publics, déplorent les professionnels du secteur en appelant à davantage d'investissements, lors d'un colloque organisé jeudi par l'Alliance France Tourisme.
"La France n'est plus le leader mondial du tourisme" et perd des parts de marché dans un secteur de plus en plus concurrentiel, a déploré auprès de l'AFP Dominique Marcel, président de l'Alliance France Tourisme.
Selon lui, ce cap de 100 millions de visiteurs étrangers franchi en 2024 ne "veut pas dire grand-chose, puisque ce qui est important, c'est la dépense touristique".
Avec 71 milliards d'euros de recettes touristiques l'an dernier, la France s'est classée à la quatrième position en la matière, loin derrière les 126 milliards d'euros de l'Espagne, qui est numéro un avec pourtant moins de visiteurs.
Et c'est sans compter la concurrence ces dernières années de destinations qui montent en puissance comme Dubaï ou plus récemment l'Albanie, soulignent les professionnels.
"Ce qu'on veut, c'est passer d'une approche en volume à une approche en valeur", poursuit M. Marcel, c'est-à-dire viser des touristes qui dépensent davantage.
Il juge qu'à l'heure du surtourisme, il n'est pas forcément pertinent de vouloir faire venir de plus en plus de visiteurs, sachant que la durée moyenne de séjours est plus courte en France que dans d'autres pays.
L'Alliance France Tourisme, groupe de réflexion qui réunit notamment des entreprises comme Accor, SNCF Connect, European Camping Group, ou encore la Compagnie des Alpes, a conclu jeudi un partenariat avec Régions de France, l'institution qui regroupe les régions françaises.
"Il faut changer le marketing (touristique). Ce n'est pas la quantité qui compte mais la qualité", a indiqué Franck Louvrier, maire de La Baule et chargé du tourisme auprès de Régions de France.
Pour lui, le pays doit investir dans les modes de transport, en s'appuyant par exemple sur les 450 aérodromes et aéroports du territoire, "une opportunité formidable".
Il a estimé aussi que plus de moyens devraient être mis sur le tourisme d'affaires, en rénovant les structures de type palais des congrès "construites dans les années 80".
- JO 2030 -
Pour Pascal Savary, PDG du fonds Atream, qui a repris en 2022 le groupe Pierre et Vacances/Center Parcs (PVCP), numéro un européen des résidences de tourisme, le secteur doit "parler beaucoup plus aux grands investisseurs" qui gèrent les 2.000 milliards d'euros d'encours de contrats d'assurance vie en France.
Il a ainsi annoncé lancer à la rentrée "un fonds de 800 millions d'euros pour investir en France dans les territoires" avec "un grand groupe financier français".
Les investissements doivent également aller vers l'augmentation de l'offre d'hébergement touristique, a renchéri Vanguélis Panayotis de MKG Consulting, spécialiste du secteur: "depuis 2004, on n'a pas créé en solde net d'hébergement marchand", l'augmentation de la capacité d'hébergement venant uniquement des locations entre particuliers type Airbnb.
Une augmentation de l'offre d'hébergements d'autant plus importante que la France se prépare pour les Jeux olympiques d'hiver 2030, a fait valoir Pierre-Antoine Molina, délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques (JOP): "on avait sous-estimé l'hébergement lors des JO d'Albertville (en 1992, NDLR). Là, on a l'occasion de rénover et de moderniser".
Il souhaite notamment s'attaquer "à la problématique des lits froids", ces logements de montagne rarement occupés par leurs propriétaires et non proposés à la location.
L'expérience récente des JO de Paris, une réussite selon les participants au colloque, devrait également servir aux organisateurs des JO 2030.
Alors que les professionnels du tourisme souhaitent mieux capitaliser sur les JO de Paris, M. Molina a reconnu que "le tourisme n'est peut-être pas le domaine pour lequel on a le plus planifié l'héritage des JO".
L'un des enjeux est notamment la récupération et l'utilisation des données des 1,2 million de visiteurs passés dans la région pour l'événement.
Il a aussi indiqué que les autorités étaient "à pied d'œuvre" pour tenter de bâtir des itinéraires de tourisme sportif.
Y.Havel--TPP