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Les "heures cruciales" continuaient de s'égrener jeudi et les négociateurs de 185 pays menaient d'intenses discussions pour tenter de réconcilier des intérêts très éloignés et forger le premier traité international de lutte contre la pollution plastique.
Théoriquement, la séquence de négociations qui a débuté à Genève le 5 août doit s'arrêter à minuit locales (22H00 GMT) ce 14 août mais comme souvent, elles devraient jouer les prolongations après un premier constat d'échec en Corée du sud l'année dernière.
Dans un message sur le réseau X, le président français Emmanuel Macron tonne: "Qu'attendons nous pour agir ?" et demande d'"adopter un texte à la hauteur de l'urgence environnementale et sanitaire. Pour notre santé. Pour notre environnement. Pour nos enfants".
"Cela fait deux ans et demi qu'on négocie et les dernières heures qui restent sont cruciales" pour "trouver un accord qui résolve le problème et donne la priorité à la santé du grand public", abonde Graham Forbes, le chef de la délégation de l'ONG de défense de l'environnement Greenpeace, auprès de l'AFP.
La ministre de l'environnement du Kenya rappelle aussi l'importance de l'enjeu face au fléau de la pollution plastique.
"Nous devons avoir un traité mondial cohérent. Nous ne pouvons pas le faire seuls," a expliqué Deborah Barasa à l'AFP. Comme l'Union européenne, le Kenya fait partie des pays dits à forte ambition, ceux qui veulent un traité entérinant une réduction de la production et la suppression des additifs les plus dangereux.
Pour résoudre la quadrature du cercle, la ministre suggère de conclure un traité maintenant et de travailler sur certains aspects plus en détail ultérieurement.
"Nous devons trouver un terrain d'entente. Il faudra peut-être faire des compromis, puis nous pourrons adopter une approche progressive pour construire ce traité... et mettre fin à la pollution plastique", détaille t-elle.
Mais surtout "nous devons repartir avec le traité".
- 15, 18, 19 -
Une nouvelle séance plénière réunissant tous les délégués, qui devra entériner un résultat quel qu'il soit, a déjà été repoussée du milieu d'après-midi à 18H00, puis 19H00.
Les chances de trouver un accord, après trois ans de négociations, semblent très minces, étant donné les profondes divisions qui demeurent entre les deux camps qui se sont affrontés sur le sujet.
Les "ambitieux", dont l'Union européenne, le Canada, l'Australie, beaucoup de pays d'Amérique latine, d'Afrique et d'îles, veulent nettoyer la planète du plastique qui commence à la gangréner et affecte la santé humaine.
En face les pays essentiellement pétroliers, qui refusent toute contrainte sur la production de plastique et toute interdiction de molécules ou additifs dangereux.
Mercredi, une tentative maladroite de la présidence de présenter un texte acceptable par tous n'a finalement satisfait personne.
"Le manque d'ambition dans le texte présenté (mercredi) aux Nations unies est inacceptable", a résumé M. Macron.
Poussés par une résolution des Nations Unies de 2022, cela fait près de trois ans qu'ils tentent de forger un texte "juridiquement contraignant" pour les États qui s'attaque à la pollution plastique, y compris en milieu marin.
Mais sous l'œil des représentants des industries pétrochimiques présents dans les couloirs et opposés à toute coercition, ils ont déjà échoué une fois à produire un texte commun lors de la dernière séquence de négociations, à Busan en Corée du Sud fin 2024.
- Moins de 10% recyclé -
Le sujet est d'autant plus important que la planète a produit plus de plastique depuis 2000 que durant les 50 ans précédents, en majorité des produits à usage unique et des emballages et la tendance s'accélère: si rien n'est fait, la production actuelle, de quelque 450 millions de tonnes par an, devrait tripler d'ici 2060, selon les prévisions de l'OCDE. Or moins de 10% est recyclé.
Pour Aleksandar Rankovic du groupe de réflexion The Common Initiative, "il reste deux scénarios: il y a le mauvais et le très mauvais, et beaucoup de choses pas très belles entre entre les deux", a-t-il dit à l'AFP.
"Le mauvais scenario, c'est si les pays adoptent un mauvais traité, un texte comme celui qui a été présenté mercredi".
"Le très mauvais scénario, c'est s'ils ne sont d'accord sur rien, et s'ils prévoient de se réunir de nouveau pour trouver encore une nouvelle synthèse, ou si le texte reste à l'abandon pendant longtemps et soit pratiquement abandonné".
Les pays "ambitieux" pourraient avancer "leur propre texte", a indiqué Zaynab Sadan, cheffe de la délégation plastique de l'ONG environnementale WWF.
"Ils doivent se préparer à faire adopter leur texte par vote. Il n'y a aucun autre moyen d'obtenir un traité qui ait du sens", a-t-elle estimé.
O.Ruzicka--TPP