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L'eau du robinet a été déclarée lundi impropre à la consommation pour les personnes sensibles dans le village de Tendon (Vosges), à cause d'un taux anormalement élevé de PFAS, des polluants éternels, a indiqué la préfecture, qui avait déjà pris il y a six jours un arrêté similaire concernant un autre village du département.
À Tendon, "la concentration totale des 20 principaux PFAS s'élève en moyenne à 0,14 microgramme par litre", alors que la norme maximale autorisée est de 0,1, a précisé la préfecture des Vosges dans un communiqué.
L'interdiction vaut pour les personnes sensibles, c'est-à-dire "âgées et très fragilisées", les enfants de moins de deux ans, les femmes enceintes ou allaitantes, et les personnes immunodéprimées.
Le 14 octobre, les services de l’État avaient pris un arrêté similaire pour le village des Arrentès-de-Corcieux, situé à une vingtaine de kilomètres, où les analyses de l'eau étaient encore plus alarmantes, avec 0,73 microgramme de PFAS par litre d'eau. L'interdiction de boire l'eau du robinet y est générale, et pas seulement pour les personnes sensibles.
Dans les deux localités, la préfecture a interdit la consommation d'eau ainsi que son utilisation pour la préparation des biberons et prévoit de distribuer des bouteilles à la population.
Dix-sept communes sont concernées par la même problématique dans les Ardennes et la Meuse.
Dans ce dernier département, la préfecture a indiqué lundi à l'AFP qu'elle avait adressé un signalement à la justice concernant l'épandage irrégulier de boues d'épuration et de compost, qui pourrait être à l'origine de la pollution.
Le préfet Xavier Delarue a signalé ces faits au parquet de Verdun sur la base de l'article 40 du Code de procédure pénale - qui fait obligation à une "autorité constituée" d'informer la justice d'un crime ou délit porté à sa connaissance.
Lors d'une réunion publique la semaine dernière à Louppy-sur-Loison, un des quatre villages meusiens privés d'eau potable pour cause de PFAS, le préfet avait précisé qu'il visait la société Natura Verde, qui exploite une "plateforme de compostage" dans le village voisin de Juvigny-sur-Loison.
Selon une enquête menée par plusieurs services de l’État, l'entreprise "n'aurait pas respecté les règles de compost et d'épandage", affirme le quotidien régional l'Est Républicain.
Utilisés dans de nombreux objets pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes ou leur résistance à la chaleur, les PFAS, substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, dits "polluants éternels", peuvent avoir des effets délétères sur la santé (taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement des fœtus).
Dans les Vosges, "plusieurs campagnes de prélèvement" ont déjà couvert "près de 99% du réseau d'eau à ce jour", selon les services de l'Etat.
H.Dolezal--TPP