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Relance des trains de nuit, développement du TGV, desserte des petites lignes: se dépeignant en usager amoureux des trains, Jean Castex, proposé pour prendre la tête de la SNCF, a tenté mercredi de convaincre les députés qu'il était le bon candidat pour résoudre une équation financière et technique délicate.
Choisi fin septembre par Emmanuel Macron pour succéder à Jean-Pierre Farandou ensuite nommé au gouvernement, l'ex-Premier ministre et actuel patron de la RATP a souligné le besoin massif d'investissement pour maintenir et développer le réseau ferré français vieillissant, bousculé par l'arrivée de la concurrence sur les rails et les conséquences du réchauffement climatique.
M. Castex a salué les déclarations du Premier ministre Sébastien Lecornu qui a maintenu à l'agenda du gouvernement (dans sa déclaration de politique générale) le projet de loi cadre "avec une affectation de ressources au secteur ferroviaire".
"Les défis sont nombreux: il y a le fameux mur d'investissement, la montagne de l'ouverture à la concurrence et le choc de la transition écologique", a-t-il résumé, évoquant aussi le "choc capacitaire". "Aujourd'hui on ne peut pas prendre tout le monde dans les trains car on manque d'offre", a-t-il expliqué.
- "Faire groupe" -
Sans détailler sa feuille de route, M. Castex a décliné quelques slogans: "plus de trains, et mieux de trains", "attirer plus de gens dans les trains", "gagner la bataille des infrastructures pour moderniser le réseau".
Confronté à l'arrivée d'une concurrence sur les lignes à grande vitesse du sud de la France avec la compagnie italienne Trenitalia, la Renfe espagnole ou des projets franco-français en cours de développement, qui ont conduit la filiale SNCF Voyageurs à lancer une profonde réorganisation interne, l'ex-Premier ministre a insisté sur la nécessité de "faire groupe" face au morcellement et à la perte d'identité que risque le groupe SNCF dans ses réorganisations. "Ça va beaucoup me mobiliser", a-t-il dit.
Concernant le besoin d'investissement pour améliorer le réseau et la signalisation, l'Etat devra mettre la main à la poche en attendant l'arrivée, après 2032, d'une contribution du secteur autoroutier. Mais "ce ne sont pas des dépenses à fonds perdus", a-t-il promis, car "si on ne fait rien", les perturbations "vont s'accroître" et le réseau "va se dégrader".
"Pour la régénération du réseau, (...) on passe d'un flux de 3 milliards d'euros par an à quatre et demi. L'entreprise publique, je vous le confirme ce matin, y apportera sa part", a-t-il déclaré.
- "Augmenter le rôle" des usagers -
Pour résoudre l'équation financière serrée, il compte sur sa méthode basée sur "le dialogue, l'écoute", avec "la communauté cheminote, les territoires", le gouvernement et les usagers, dont il compte "augmenter le rôle".
Amoureux des trains, M. Castex avait déjà postulé à la tête de la SNCF en 2019. M. Farandou, qui vient de rejoindre le gouvernement Lecornu comme ministre du Travail, lui avait alors été préféré.
Comme devant le Sénat la semaine dernière, M. Castex a répété son intérêt pour les trains de nuit dont il veut "améliorer au maximum la gestion et l'attractivité" malgré les problèmes qu'ils rencontrent, et a souligné qu'il allait "se battre pour le fret".
"Je ne sais pas si c'est faisable, mais j'ai lu qu'on pourrait expérimenter de faire circuler sur la LGV la nuit des trains de nuit, parce que les lignes traditionnelles sont impactées par les travaux" durant la nuit, a-t-il dit.
Outre la fermeture annoncée du Paris-Berlin de nuit qui sera un de ses "premiers sujets", il a aussi indiqué qu'un de ses premiers déplacements serait probablement consacré à la ligne sinistrée Paris-Clermont-Ferrand, qui cumule aléas, annulations, et retards, par manque d'investissement chronique depuis des années.
Pour que sa nomination soit validée par le Parlement, il suffit que les membres des commissions des deux chambres (Assemblée et Sénat combinés) soient moins de trois cinquièmes à s'y opposer. Le vote doit avoir lieu dans la foulée de l'audition.
J.Marek--TPP