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Après une pause d'une semaine et demie, les taxis remettent la pression sur le gouvernement mercredi matin, avec une manifestation devant le ministère de l'Economie, réclamant toujours l'abrogation d'une nouvelle convention sur le transport de patients.
A l'issue d'une réunion avec les organisations de taxis, le ministre de la Santé Yannick Neuder a assuré qu'il fallait "continuer à travailler ensemble pour trouver des solutions qui soient d'intérêt national", renvoyant à une nouvelle réunion dans 15 jours.
Dans un concert de pétards, plusieurs centaines de taxis de toute la France bloquaient une avenue devant Bercy, dans le sud-est de Paris.
Axel Fitoussi, 46 ans, est arrivé du Tarn après avoir roulé toute la nuit. Président départemental de la fédération nationale des artisans du taxi (FNAT), il demande une nouvelle convention sur la rémunération du transport des malades, mais lutte aussi contre la concurrence des véhicules avec chauffeur (VTC). Sur son dos son t-shirt clame: "Taxi rural, taxi vital".
D'autres manifestants ont bloqué les bases taxis des aéroports d'Orly et de Roissy mercredi matin avant de se lancer dans des opérations escargot sur les autoroutes.
- Economies -
Les taxis sont remontés contre la nouvelle convention de l'Assurance maladie régissant le transport des malades en taxi, censée entrer en vigueur le 1er octobre.
Le nouveau système doit reposer sur une prise en charge de 13 euros par la Sécurité sociale, puis un tarif kilométrique.
Mais les taxis craignent, par exemple, que les temps d'attente lorsque le patient est en consultation à l'hôpital ne soient plus rémunérés.
Le chiffre d'affaires de certains artisans-taxis repose parfois aux deux tiers sur le transport des patients vers les hôpitaux ou à leurs rendez-vous médicaux, notamment dans les zones rurales ou les petites villes.
Pour l'Assurance maladie, il s'agit d'économiser de l'argent en développant des plateformes de transport centralisant les demandes, pour rationaliser les allées et venues des taxis, permettre le transport partagé et éviter retours à vide ou longues périodes d'attente des véhicules.
Entre 2019 et 2024, les dépenses de transport sanitaire ont explosé pour atteindre 6,74 milliards d'euros annuels, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés, soit une augmentation de 45%.
"On se reverra dans 15 jours dans cette configuration-là avec des scénarios, d'autres hypothèses tarifaires", a indiqué le ministre de la Santé. Il a notamment évoqué les sujets de l'accompagnement des patients dans leurs démarches à l'hôpital, la marche lente (en cas de bouchons) et les remises de tarifs négociées par l'Assurance maladie.
Le ministre de la Santé a également évoqué la mise en place par les hôpitaux de plateformes pour organiser les trajets. Mais "l'objet n'est absolument pas d'ubériser le transport sanitaire en France", a assuré Yannick Neuder.
Le Premier ministre François Bayrou avait assuré fin mai que la réforme s'appliquerait bien début octobre et générerait même "davantage d'économies que prévu" grâce à la concertation.
- Blocage -
Pendant la deuxième quinzaine de mai, la profession avait déjà bloqué gares et aéroports et occupé certains axes, dans plusieurs villes de France.
A Paris, la contestation s'est concentrée boulevard Raspail, à deux pas du ministère des Transports.
Hormis leurs griefs contre la convention avec l'Assurance maladie, les taxis s'en sont aussi pris aux chauffeurs VTC, accusés de concurrence déloyale et de pratiquer la maraude - le fait de circuler à vide à la recherche de clients -, ce qui leur est interdit.
Le gouvernement a affirmé qu'il allait accentuer les contrôles pour s'attaquer aux fraudeurs. Une célérité qui a mis en colère les chauffeurs VTC, reçus à leur tour le 3 juin au ministère des Transports. Ils ont eux aussi appelé à une semaine de mobilisation à partir de mardi.
B.Hornik--TPP