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Jour après jour l'engouement monte autour de Paul Seixas, grand espoir du cyclisme français et mondial, qui fait des premiers pas remarqués au Critérium du Dauphiné.
La chaîne britannique ITV, une caméra d'Abu Dhabi TV, une télé danoise: le Lyonnais enchaîne les interviews jeudi au départ de la cinquième étape à Saint-Priest, au lendemain de son chrono décoiffant où il a pris la dixième place, à seulement 18 ans.
Tête bien faite, l'étudiant en école de commerce répond dans un très bon anglais aux questions des médias internationaux qui s'intéressent de plus en plus à ce coureur aussi précoce que prometteur.
"C'est sûr que c'est un peu surprenant. Après, ça fait partie du truc aussi. J'ai fait une belle perf' hier. C'est normal que je sois là. Ce n'est pas trop mon choix, mais je le vis bien. C'est que tout marche bien", assure le jeune homme dans un sourire.
A l'ombre du bus de son équipe Decathlon-AG2R, le directeur sportif Sébastien Joly observe le ballet autour de son coureur. "On n'essaie ni de le surprotéger ni de le surexposer. On veut faire en sorte qu'il soit serein", explique-t-il à l'AFP.
La simple présence de Seixas, qui courait encore chez les juniors l'année dernière, est un événement. Plus jeune coureur de l'ère moderne a minima à disputer le Dauphiné, il doit sa participation à ses très bons résultats depuis le début de la saison.
- Fantasmes -
Et il n'est pas venu pour faire de la figuration comme le prouve son chrono de mercredi où il a impressionné tout le monde.
"Les deux premiers jours n'ont pas forcément été simples face à des gros blocs-équipes qui ne laissent pas beaucoup de place, raconte Joly. C'est normal, là on est dans la cour des grands. Mais déjà mardi dans le Massif central, il s'est senti plus à l'aise. Le parcours était plus difficile, donc naturellement il se sentait mieux. Pour le chrono, il fait une très très belle performance, notamment dans la descente où franchement c'était du pilotage."
Agile sur son vélo, bon en chrono (il est champion du monde juniors), Seixas est aussi un excellent grimpeur et les trois prochains jours dans les Alpes vont être intéressants.
Se sent-il capable de suivre les meilleurs en montagne ? Il marque un temps de réflexion avant de répondre: "ouais, enfin les meilleurs, ça dépend qui. Je vais déjà essayer de rester dans les roues et de voir combien de temps je peux tenir, même si je suis plutôt un attaquant."
Forcément, ce pedigree suscite des fantasmes dans un pays qui attend un vainqueur français du Tour de France depuis quarante et la victoire de Bernard Hinault en 1985.
- Pas de grand Tour cette saison -
Seixas le sait mais dit "vivre très bien" les attentes. "Je profite de la chance de pouvoir rouler avec ces grands noms dès ma première année de professionnel. Je ne sens pas la pression. Je sais qu'il peut y en avoir, mais honnêtement, je ne me la mets pas du tout."
Dans son équipe, on cherche surtout à ne pas brûler les étapes et il est hors de question par exemple que Seixas participe à un grand Tour dès cette année, et encore moins le Tour de France.
"Un grand Tour c'est non à 100%. L'année dernière il était encore un junior", rappelle son directeur sportif. "On ira jusqu'à la fin de cette saison, on fera le bilan et ensuite on envisagera la suite."
Ancien coureur, Sébastien Joly ne cache pas qu'il est bluffé par le potentiel du jeune apprenti. "Il a encore une très très belle marge de progression. Paul est juste lui-même et c'est parce qu'il est lui-même que je pense qu'il peut aller très loin."
Mais il aimerait "qu'on évite les comparatifs par rapport à un tel ou un tel ou un grand champion des années 80. Gardons la tête froide."
N.Simek--TPP