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Après des JO de Paris traumatisants, l'équipe de France de cyclisme sur piste a revu son fonctionnement de fond en comble et espère en tirer les premiers fruits lors des Championnats du monde de mercredi à dimanche à Santiago du Chili.
Encore en transition post-olympique, les Bleus ne font pas de ces Mondiaux l'enjeu du siècle, d'autant que la compétition n'est pas qualificative pour les JO-2028 de Los Angeles. Et c'est donc avec une sélection resserrée qu'ils ont fait le long et coûteux déplacement jusqu'en Amérique du Sud.
Dans les épreuves d'endurance, Victoire Berteau et Marion Borras sont même les deux seules athlètes retenues chez les femmes où la qualité a prévalu sur la quantité puisqu'elles représentent sans doute aussi les meilleures chances françaises de médaille au Chili.
Chez les hommes, pas de Benjamin Thomas, le champion olympique de l'omnium, mais une bande de jeunes autour de Clément Petit, médaillé de bronze du scratch aux Mondiaux-2024 à Ballerup.
"Parmi les gamins qui sont là, il y a des champions du monde et des vice-champions du monde chez les juniors. C'est une belle génération. On ne va pas se mentir, ils ne vont pas être champions du monde. Mais l'idée est de les faire monter en compétence avant de rentrer dans la qualif' olympique" en 2026, souligne Samuel Monnerais qui chapeaute le groupe endurance avec Iris Sachet.
- "Changer d'air" -
En sprint, la sélection est plus expérimentée avec notamment Mathilde Gros, championne du monde de vitesse individuelle en 2022, qui sera l'unique représentante chez les femmes.
"Ce sont mes neuvièmes Championnats du monde. J'ai l'impression que ça fait 50 ans que je suis là", plaisante la Provençale de 26 ans.
Chez les hommes, on retrouve le quatuor Florian Grengbo, Sébastien Vigier, qui fera le keirin mais pas la vitesse individuelle, Rayan Helal et Tom Derache.
Si les visages sont connus, beaucoup de choses ont changé dans ce groupe meurtri par des JO de Paris catastrophiques et sans médaille.
Gros, éprouvant le "besoin de changer d'air", et Vigier sont sortis du pôle olympique de Saint-Quentin-en-Yvelines pour prendre en main leur carrière, s'entourant du même coach, Mehdi Kordi, responsable de la performance chez Ineos.
Et le groupe est désormais cornaqué par Quentin Lafargue, ancien champion du monde du kilomètre, nommé entraîneur du sprint à la place du contesté Grégory Baugé.
- "Reconstruire l'âme" -
"Ma priorité est de construire l'âme de ce collectif. L'optimisation de la performance viendra dans un second temps. J'ai pris le temps d'échanger avec tout le monde, de comprendre où étaient les blessures. En prenant mon poste, j'ai fait 40 entretiens individuels", explique Lafargue qui revendique un mode de management plus souple.
Il encourage ainsi la démarche de Mathilde Gros, partie s'entraîner deux mois en Nouvelle-Zélande au printemps, quitte à lui faciliter la tâche lorsqu'elle souhaite organiser des séances d'entraînement à Saint-Quentin.
"Je veux faire en sorte que ce départ du pôle France ne soit pas quelque chose de punitif et qu'il puisse être complètement intégré dans le nouveau fonctionnement du sprint en France, explique Lafargue. J'essaye de trouver un mode de fonctionnement agréable pour tous et qui permettra à nos athlètes de s'entraîner correctement pour atteindre les objectifs que je vais fixer. Car, ouais, il y a des médailles à ramener."
"On sent qu'on n'est pas juste un athlète qui s'entraîne dans la pampa et qu'on est quand même lié à la Fédé et accompagné", apprécie Sébastien Vigier.
"Les Jeux, ajoute Mathilde Gros, ont été durs pour le staff, les athlètes et même la DTN. Il n'y a pas eu de médaille en sprint et une seule en endurance, celle de Benjamin Thomas. Ca a été un choc pour tout le monde. Là, on sent que l'état d'esprit a changé parce que tout le monde a été blessé."
Avant de se projeter à partir de l'année prochaine sur les JO de Los Angeles, la thérapie de groupe se poursuit dès mercredi au Chili.
W.Cejka--TPP