The Prague Post - Poutine–Kim, l’alliance choc

EUR -
AED 4.256103
AFN 79.398408
ALL 97.100344
AMD 442.677979
ANG 2.074197
AOA 1062.720665
ARS 1571.502404
AUD 1.791801
AWG 2.086038
AZN 1.969908
BAM 1.947783
BBD 2.336981
BDT 141.398019
BGN 1.951825
BHD 0.436996
BIF 3458.863644
BMD 1.15891
BND 1.491362
BOB 8.042896
BRL 6.305597
BSD 1.159727
BTN 101.62273
BWP 15.570912
BYN 3.931618
BYR 22714.636702
BZD 2.3324
CAD 1.605351
CDF 3323.172411
CHF 0.934664
CLF 0.028553
CLP 1120.144027
CNY 8.289563
CNH 8.298323
COP 4699.519264
CRC 584.394687
CUC 1.15891
CUP 30.711116
CVE 109.81302
CZK 24.521263
DJF 206.519983
DKK 7.464934
DOP 72.740607
DZD 150.969921
EGP 56.374053
ERN 17.383651
ETB 164.653004
FJD 2.629162
FKP 0.859603
GBP 0.862102
GEL 3.123266
GGP 0.859603
GHS 12.930778
GIP 0.859603
GMD 82.855011
GNF 10054.61615
GTQ 8.889412
GYD 242.531762
HKD 9.02299
HNL 30.372988
HRK 7.535696
HTG 151.74543
HUF 396.325234
IDR 19013.94723
ILS 3.885588
IMP 0.859603
INR 101.807005
IQD 1519.346513
IRR 48732.16659
ISK 143.21768
JEP 0.859603
JMD 185.685735
JOD 0.821664
JPY 171.471755
KES 149.747055
KGS 101.318055
KHR 4648.865708
KMF 490.508543
KPW 1043.036902
KRW 1618.858613
KWD 0.354383
KYD 0.966422
KZT 620.197326
LAK 25144.507583
LBP 104386.953165
LKR 350.407755
LRD 232.522957
LSL 20.457101
LTL 3.42196
LVL 0.701013
LYD 6.272184
MAD 10.472695
MDL 19.356331
MGA 5119.926865
MKD 61.287745
MMK 2432.615529
MNT 4168.801617
MOP 9.318645
MRU 46.331305
MUR 53.762202
MVR 17.859188
MWK 2011.02282
MXN 21.70337
MYR 4.907408
MZN 74.112684
NAD 20.457101
NGN 1779.460182
NIO 42.674356
NOK 11.799425
NPR 162.596767
NZD 1.989049
OMR 0.445594
PAB 1.159727
PEN 4.07941
PGK 4.832091
PHP 66.307618
PKR 328.898485
PLN 4.264129
PYG 8393.453339
QAR 4.228795
RON 5.058531
RSD 117.170433
RUB 93.004499
RWF 1679.288208
SAR 4.348474
SBD 9.52284
SCR 17.136823
SDG 695.922242
SEK 11.134222
SGD 1.493174
SHP 0.910721
SLE 26.944614
SLL 24301.761644
SOS 662.772093
SRD 44.414644
STD 23987.097911
STN 24.399783
SVC 10.147235
SYP 15068.418048
SZL 20.462777
THB 37.624594
TJS 11.104395
TMT 4.056185
TND 3.397516
TOP 2.714285
TRY 47.564329
TTD 7.879568
TWD 35.489883
TZS 2912.280689
UAH 48.004717
UGX 4131.993107
USD 1.15891
UYU 46.379108
UZS 14271.260839
VES 164.109733
VND 30551.765819
VUV 138.587886
WST 3.217484
XAF 653.26821
XAG 0.030206
XAU 0.000342
XCD 3.132012
XCG 2.090097
XDR 0.812456
XOF 653.26821
XPF 119.331742
YER 278.341195
ZAR 20.552192
ZMK 10431.582158
ZMW 27.055642
ZWL 373.168559
  • AEX

    0.0900

    905.03

    +0.01%

  • BEL20

    14.9900

    4851.2

    +0.31%

  • PX1

    37.7800

    7747.82

    +0.49%

  • ISEQ

    -49.7600

    11523.26

    -0.43%

  • OSEBX

    -7.6300

    1651.84

    -0.46%

  • PSI20

    6.2800

    7850.29

    +0.08%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    40.2200

    3336.99

    +1.22%

  • N150

    -6.3500

    3726.9

    -0.17%


Poutine–Kim, l’alliance choc




Le rapprochement accéléré entre Vladimir Poutine et Kim Jong-un n’est plus une simple convergence d’intérêts : c’est un axe structuré qui rebat les cartes en Europe et en Asie-Pacifique. Depuis la signature en 2024 d’un traité de « partenariat stratégique global » assorti d’une clause d’assistance mutuelle, Moscou et Pyongyang ont mis en place un échange de ressources militaires, énergétiques et technologiques qui modifie l’équilibre régional, fragilise le régime de sanctions de l’ONU et complique l’effort de guerre de l’Ukraine.

Au cœur de ce basculement se trouve un traité de défense qui prévoit une aide « par tous les moyens » en cas d’agression contre l’une des parties. Entré en vigueur après ratification fin 2024, il formalise une coopération élargie — politique, économique, militaire, scientifique — et offre un filet juridique et diplomatique aux deux États, tous deux sous fortes contraintes occidentales. Dans les faits, ce cadre a servi de tremplin à des transferts massifs d’armements et à une reprise de flux logistiques que l’on n’avait plus observés depuis la guerre froide.

Sur le front ukrainien, l’apport nord-coréen est devenu déterminant. Des investigations corroborées par des images satellites, des journaux de tir russes et des interceptions radio décrivent des convois maritimes réguliers entre Rajin (Rason) et l’Extrême-Orient russe, puis des acheminements ferroviaires vers des dépôts proches du théâtre d’opérations. Résultat : des « millions » d’obus d’artillerie et des roquettes, mais aussi des missiles balistiques à courte portée intégrés à l’arsenal russe. Selon des estimations occidentales, une part substantielle — parfois majoritaire — des obus tirés par certaines unités russes proviendrait de Corée du Nord. Des services de renseignement ukrainiens et sud-coréens ajoutent que des contingents nord-coréens auraient été déployés en Russie, notamment dans la région de Koursk ; Moscou ne le confirme pas, Pyongyang nie ; mais des interceptions et des bilans de pertes, cités par ces sources, alimentent cette thèse.

Parallèlement, Moscou a, de facto, desserré l’étau des sanctions visant Pyongyang. Au Conseil de sécurité, la Russie a mis fin en 2024 au mandat du groupe d’experts chargé de surveiller l’application des sanctions de l’ONU, affaiblissant l’architecture de contrôle. Washington et ses alliés accusent par ailleurs Moscou de livrer à la Corée du Nord des produits pétroliers au-delà des plafonds autorisés. Cette combinaison — flux d’armes vers la Russie, énergie et garanties politiques vers le Nord — redessine un troc stratégique à haute intensité.

La coopération technologique s’étend, elle aussi. Des responsables sud-coréens et des analyses indépendantes rapportent des indices d’un soutien russe au programme spatial nord-coréen : modernisation du site de lancement de Sohae, infrastructures portuaires pour recevoir de gros composants, éventuels transferts liés aux capteurs, aux systèmes anti-aériens et à la télémétrie. Même si Moscou évite de toucher au nucléaire militaire nord-coréen, l’aide « duale » en matière spatiale et de capteurs pourrait, à terme, améliorer la précision, la résilience et la connaissance de la situation de l’armée nord-coréenne.

Les symboles abondent : Poutine a offert à Kim un véhicule blindé Aurus — geste que des capitales occidentales considèrent comme une entorse aux sanctions sur les biens de luxe. Au-delà de la mise en scène, les liaisons se densifient : reprise des liaisons ferroviaires passagers Moscou–Pyongyang, ouverture de vols directs, multiplication de missions économiques et scientifiques. S’y ajoute la perspective — contestée par l’ONU — d’un envoi de travailleurs nord-coréens vers l’Extrême-Orient russe pour combler des pénuries de main-d’œuvre, source de devises pour Pyongyang.

Les réactions régionales sont à la hauteur de l’enjeu. Séoul, Tokyo et Washington condamnent l’alliance militaro-industrielle russo-nord-coréenne et renforcent leur coordination trilatérale. La Corée du Sud a publiquement agité l’option — longtemps taboue — d’une aide létale à l’Ukraine en riposte à l’implication nord-coréenne aux côtés de la Russie. Le Japon, lui, accélère ses programmes de défense et sa préparation civile face à la menace balistique et hypersonique du Nord. Les exercices alliés s’intensifient autour de la péninsule, tandis que Pékin observe sans s’aligner totalement, soucieuse d’éviter une déstabilisation incontrôlée à sa frontière.

Concrètement, l’axe Moscou–Pyongyang « change tout » sur trois plans. D’abord, il stabilise la puissance de feu russe en Ukraine, en atténuant la contrainte industrielle et logistique des munitions. Ensuite, il offre à la Corée du Nord des apports énergétiques, des devises et des savoir-faire duals qui accélèrent ses progrès militaires et spatiaux. Enfin, il sape les mécanismes multilatéraux de contrôle — juridiques et techniques — en démontrant qu’un État membre permanent du Conseil de sécurité peut neutraliser une partie de l’écosystème des sanctions lorsqu’il y trouve intérêt.

Le risque à moyen terme est celui d’une « banalisation » des contournements : plus l’alliance s’enracine, plus elle incite d’autres acteurs à expérimenter des circuits parallèles d’armements, de pièces détachées, de pétrole et de technologies duales. En Europe, cela prolonge la guerre d’attrition en Ukraine ; en Asie-Pacifique, cela renforce la dissuasion nord-coréenne et accroît la pression sur les chaînes d’alerte et d’interception du Japon et de la Corée du Sud. La fenêtre pour restaurer un minimum de transparence — inspections, mécanismes de vérification, rétablissement d’un suivi onusien crédible — se rétrécit.

En somme, l’alliance Poutine–Kim n’est pas un mariage de circonstance mais une matrice d’échanges à forte valeur stratégique. Tant que les bénéfices respectifs resteront supérieurs aux coûts diplomatiques, militaires et économiques, la dynamique poursuivra sa course, et avec elle la transformation de l’ordre sécuritaire eurasiatique.