The Prague Post - Poutine–Kim, l’alliance choc

EUR -
AED 4.260589
AFN 75.40891
ALL 96.176989
AMD 443.890371
ANG 2.076617
AOA 1063.841948
ARS 1667.63378
AUD 1.763495
AWG 2.088239
AZN 1.964638
BAM 1.949286
BBD 2.336522
BDT 141.816072
BGN 1.95534
BHD 0.437301
BIF 3439.794381
BMD 1.160133
BND 1.502199
BOB 8.016142
BRL 6.217499
BSD 1.160138
BTN 102.268556
BWP 15.441397
BYN 3.953738
BYR 22738.607038
BZD 2.333203
CAD 1.617349
CDF 2582.455757
CHF 0.928683
CLF 0.027828
CLP 1091.696935
CNY 8.235842
CNH 8.234427
COP 4498.415755
CRC 581.663689
CUC 1.160133
CUP 30.743525
CVE 110.125587
CZK 24.37094
DJF 206.179304
DKK 7.468252
DOP 74.484102
DZD 150.777843
EGP 54.867917
ERN 17.401995
ETB 178.515475
FJD 2.62718
FKP 0.873811
GBP 0.879503
GEL 3.161333
GGP 0.873811
GHS 12.616454
GIP 0.873811
GMD 84.157524
GNF 10067.634196
GTQ 8.886418
GYD 242.713074
HKD 9.015452
HNL 30.476531
HRK 7.535408
HTG 151.794688
HUF 388.772405
IDR 19218.415439
ILS 3.771877
IMP 0.873811
INR 102.494329
IQD 1519.774246
IRR 48798.09212
ISK 143.984379
JEP 0.873811
JMD 185.390453
JOD 0.822525
JPY 177.279349
KES 150.004183
KGS 101.453898
KHR 4663.73452
KMF 490.736367
KPW 1044.114376
KRW 1652.388833
KWD 0.35608
KYD 0.966769
KZT 613.218645
LAK 25174.886339
LBP 103982.830857
LKR 353.199661
LRD 212.826611
LSL 19.850176
LTL 3.425571
LVL 0.701753
LYD 6.305317
MAD 10.692362
MDL 19.716112
MGA 5238.000625
MKD 61.613301
MMK 2435.60951
MNT 4168.003887
MOP 9.285569
MRU 46.503906
MUR 52.797235
MVR 17.761572
MWK 2014.575075
MXN 21.432396
MYR 4.860737
MZN 74.143787
NAD 19.849976
NGN 1685.67362
NIO 42.63496
NOK 11.61864
NPR 163.629291
NZD 2.011966
OMR 0.446078
PAB 1.160143
PEN 3.933424
PGK 4.913453
PHP 68.128811
PKR 325.939112
PLN 4.241324
PYG 8240.497029
QAR 4.224019
RON 5.0844
RSD 117.243735
RUB 92.803041
RWF 1682.772934
SAR 4.350911
SBD 9.548582
SCR 15.964491
SDG 697.832723
SEK 10.917025
SGD 1.505
SHP 0.8704
SLE 26.85688
SLL 24327.408652
SOS 697.794496
SRD 44.83215
STD 24012.411052
STN 24.76884
SVC 10.151077
SYP 12829.324874
SZL 19.849772
THB 37.599731
TJS 10.684578
TMT 4.072067
TND 3.406157
TOP 2.717145
TRY 48.723153
TTD 7.857842
TWD 35.596596
TZS 2853.844784
UAH 48.785257
UGX 4021.612382
USD 1.160133
UYU 46.235488
UZS 13927.396887
VES 254.476742
VND 30553.263008
VUV 141.271215
WST 3.243277
XAF 653.780618
XAG 0.024256
XAU 0.000293
XCD 3.135318
XCG 2.09084
XDR 0.812612
XOF 653.743587
XPF 119.331742
YER 276.865428
ZAR 19.917582
ZMK 10442.595287
ZMW 25.493245
ZWL 373.562357
  • AEX

    0.7800

    975.35

    +0.08%

  • BEL20

    23.7500

    4972.19

    +0.48%

  • PX1

    -15.6100

    8200.88

    -0.19%

  • ISEQ

    42.4600

    11836.47

    +0.36%

  • OSEBX

    1.6400

    1639.8

    +0.1%

  • PSI20

    36.7300

    8385.55

    +0.44%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    29.0300

    4006.08

    +0.73%

  • N150

    8.9900

    3753.14

    +0.24%


Poutine–Kim, l’alliance choc




Le rapprochement accéléré entre Vladimir Poutine et Kim Jong-un n’est plus une simple convergence d’intérêts : c’est un axe structuré qui rebat les cartes en Europe et en Asie-Pacifique. Depuis la signature en 2024 d’un traité de « partenariat stratégique global » assorti d’une clause d’assistance mutuelle, Moscou et Pyongyang ont mis en place un échange de ressources militaires, énergétiques et technologiques qui modifie l’équilibre régional, fragilise le régime de sanctions de l’ONU et complique l’effort de guerre de l’Ukraine.

Au cœur de ce basculement se trouve un traité de défense qui prévoit une aide « par tous les moyens » en cas d’agression contre l’une des parties. Entré en vigueur après ratification fin 2024, il formalise une coopération élargie — politique, économique, militaire, scientifique — et offre un filet juridique et diplomatique aux deux États, tous deux sous fortes contraintes occidentales. Dans les faits, ce cadre a servi de tremplin à des transferts massifs d’armements et à une reprise de flux logistiques que l’on n’avait plus observés depuis la guerre froide.

Sur le front ukrainien, l’apport nord-coréen est devenu déterminant. Des investigations corroborées par des images satellites, des journaux de tir russes et des interceptions radio décrivent des convois maritimes réguliers entre Rajin (Rason) et l’Extrême-Orient russe, puis des acheminements ferroviaires vers des dépôts proches du théâtre d’opérations. Résultat : des « millions » d’obus d’artillerie et des roquettes, mais aussi des missiles balistiques à courte portée intégrés à l’arsenal russe. Selon des estimations occidentales, une part substantielle — parfois majoritaire — des obus tirés par certaines unités russes proviendrait de Corée du Nord. Des services de renseignement ukrainiens et sud-coréens ajoutent que des contingents nord-coréens auraient été déployés en Russie, notamment dans la région de Koursk ; Moscou ne le confirme pas, Pyongyang nie ; mais des interceptions et des bilans de pertes, cités par ces sources, alimentent cette thèse.

Parallèlement, Moscou a, de facto, desserré l’étau des sanctions visant Pyongyang. Au Conseil de sécurité, la Russie a mis fin en 2024 au mandat du groupe d’experts chargé de surveiller l’application des sanctions de l’ONU, affaiblissant l’architecture de contrôle. Washington et ses alliés accusent par ailleurs Moscou de livrer à la Corée du Nord des produits pétroliers au-delà des plafonds autorisés. Cette combinaison — flux d’armes vers la Russie, énergie et garanties politiques vers le Nord — redessine un troc stratégique à haute intensité.

La coopération technologique s’étend, elle aussi. Des responsables sud-coréens et des analyses indépendantes rapportent des indices d’un soutien russe au programme spatial nord-coréen : modernisation du site de lancement de Sohae, infrastructures portuaires pour recevoir de gros composants, éventuels transferts liés aux capteurs, aux systèmes anti-aériens et à la télémétrie. Même si Moscou évite de toucher au nucléaire militaire nord-coréen, l’aide « duale » en matière spatiale et de capteurs pourrait, à terme, améliorer la précision, la résilience et la connaissance de la situation de l’armée nord-coréenne.

Les symboles abondent : Poutine a offert à Kim un véhicule blindé Aurus — geste que des capitales occidentales considèrent comme une entorse aux sanctions sur les biens de luxe. Au-delà de la mise en scène, les liaisons se densifient : reprise des liaisons ferroviaires passagers Moscou–Pyongyang, ouverture de vols directs, multiplication de missions économiques et scientifiques. S’y ajoute la perspective — contestée par l’ONU — d’un envoi de travailleurs nord-coréens vers l’Extrême-Orient russe pour combler des pénuries de main-d’œuvre, source de devises pour Pyongyang.

Les réactions régionales sont à la hauteur de l’enjeu. Séoul, Tokyo et Washington condamnent l’alliance militaro-industrielle russo-nord-coréenne et renforcent leur coordination trilatérale. La Corée du Sud a publiquement agité l’option — longtemps taboue — d’une aide létale à l’Ukraine en riposte à l’implication nord-coréenne aux côtés de la Russie. Le Japon, lui, accélère ses programmes de défense et sa préparation civile face à la menace balistique et hypersonique du Nord. Les exercices alliés s’intensifient autour de la péninsule, tandis que Pékin observe sans s’aligner totalement, soucieuse d’éviter une déstabilisation incontrôlée à sa frontière.

Concrètement, l’axe Moscou–Pyongyang « change tout » sur trois plans. D’abord, il stabilise la puissance de feu russe en Ukraine, en atténuant la contrainte industrielle et logistique des munitions. Ensuite, il offre à la Corée du Nord des apports énergétiques, des devises et des savoir-faire duals qui accélèrent ses progrès militaires et spatiaux. Enfin, il sape les mécanismes multilatéraux de contrôle — juridiques et techniques — en démontrant qu’un État membre permanent du Conseil de sécurité peut neutraliser une partie de l’écosystème des sanctions lorsqu’il y trouve intérêt.

Le risque à moyen terme est celui d’une « banalisation » des contournements : plus l’alliance s’enracine, plus elle incite d’autres acteurs à expérimenter des circuits parallèles d’armements, de pièces détachées, de pétrole et de technologies duales. En Europe, cela prolonge la guerre d’attrition en Ukraine ; en Asie-Pacifique, cela renforce la dissuasion nord-coréenne et accroît la pression sur les chaînes d’alerte et d’interception du Japon et de la Corée du Sud. La fenêtre pour restaurer un minimum de transparence — inspections, mécanismes de vérification, rétablissement d’un suivi onusien crédible — se rétrécit.

En somme, l’alliance Poutine–Kim n’est pas un mariage de circonstance mais une matrice d’échanges à forte valeur stratégique. Tant que les bénéfices respectifs resteront supérieurs aux coûts diplomatiques, militaires et économiques, la dynamique poursuivra sa course, et avec elle la transformation de l’ordre sécuritaire eurasiatique.