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Après plusieurs heures d'un duel intense entre la défense de Cédric Jubillar et le chef d'enquête, les assises du Tarn poursuivent jeudi l'audition de gendarmes investis dans les aspects techniques des investigations, au quatrième jour du procès du peintre-plaquiste pour le meurtre de son épouse disparue.
Mercredi, la cour comme le public et la presse ont assisté pendant près de sept heures à la première grande confrontation de ce long procès, mettant aux prises le responsable des investigations de ce dossier, le major Bernard Lorvellec, et les deux avocats de l'accusé, Mes Emmanuelle Franck et Alexandre Martin.
Le premier a d'abord livré un rapport circonstancié résumant les investigations réalisées, estimant en définitive que "tous les éléments recueillis" ramenaient vers une implication de Cédric Jubillar dans la disparition de son épouse Delphine, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines (Tarn).
C'était un rapport "extrêmement complet" et "j'ai trouvé que l'exercice était remarquable", a souligné pour l'AFP Me Philippe Pressecq, l'avocat d'une des cousines de Delphine.
"Le directeur d'enquête a mis en évidence, en lumière que contrairement à ce que la défense explique, il n'y a pas eu de prise de position ab initio sur le fait que le mari serait coupable", a-t-il ajouté.
- Menaces -
Le major Lorvellec a expliqué que les enquêteurs s'étaient focalisés sur trois options après la disparition: un potentiel suicide, un départ volontaire de Delphine Jubillar ou l'intervention d'un tiers, et dans ce dernier cas de figure, les pistes d'un rôdeur, d'un amant ou du mari ont été étudiées.
"Chacune de ces hypothèses sera refermée (...) pendant que celle de M. Jubillar prend de l'ampleur", a résumé M. Lorvellec.
S'appuyant souvent sur des photos présentées à la cour, il s'est minutieusement attardé sur plusieurs éléments matériels et a également rappelé les menaces proférées devant témoins par le mari, le récit du jeune fils du couple parlant d'une dispute entre ses parents ce soir-là ou encore le comportement de Cédric Jubillar qui "va très vite se désintéresser de la disparition de son épouse".
Face à l'enquêteur, dans le droit fil de la ligne de défense offensive qu'ils ont adoptée tout au long de l'instruction, les avocats de M. Jubillar ont attaqué avec véhémence les conclusions du major Lorvellec.
- "Diversion" -
"Vous affirmez des choses qui ne sont pas exactes sur les témoins", "déductions mais sans aucun élément objectif", "j'entends ce que vous dites Monsieur l'enquêteur mais vous auriez dû investiguer": Mes Franck et Martin ont alterné les attaques, cherchant pendant plus de trois heures à dégonfler tous les éléments considérés comme intangibles par l'accusation.
Une stratégie de "dilution" et de "diversion" que dénonce l'un des avocats des frères et sœur de Delphine Jubillar, Laurent de Caunes, tandis que sa consœur défendant les intérêts des enfants, Me Malika Chmani, considérait qu'il y avait "suffisamment d'éléments" pour confirmer la culpabilité de M. Jubillar.
Jeudi, pour ce qui devrait, sauf imprévu, être la dernière journée de cette première semaine d'un procès qui doit en compter quatre, la cour va entendre des gendarmes dédiés aux investigations numériques, un enquêteur cynophile spécialisé dans la recherche de personnes et d'autres techniciens dont les conclusions devraient également être âprement discutées.
Dans son box, Cédric Jubillar écoute attentivement les échanges et n'a pour le moment pas encore été interrogé sur les faits.
Mercredi, il a une nouvelle fois répété qu'il n'avait "pas tué Delphine".
Cédric Jubillar, 38 ans, est détenu depuis juin 2021. Il dément depuis le début de cette affaire avoir tué celle qui était sa compagne depuis leurs 18 ans et qui lui avait annoncé sa volonté de divorcer. Le verdict est attendu le 17 octobre.
V.Nemec--TPP