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"Hadouken!" Dans une ambiance survoltée, des milliers de passionnés s'affrontent depuis vendredi dans un dojo résolument moderne — le palais des expositions de Nice — à l'occasion de l'Evo, un événement inédit en Europe qui met à l'honneur les plus célèbres jeux vidéo de combat.
À la mi-journée samedi, "tout roule" pour Julien Thomas, alias Alphen, l'un des meilleurs joueurs français de Street Fighter 6, félicité par ses amis après sa quatrième victoire consécutive sur l'un des 300 postes installés dans la salle du tournoi.
"J'ai gagné 2-0 à chaque fois, je me sens solide. C'est une occasion en or de se mesurer à des adversaires du monde entier, il faut essayer d'aller le plus loin possible", affirme le joueur de 23 ans, venu de la région parisienne avec plusieurs de ses partenaires d'entraînement.
Tout le groupe s'est inscrit depuis des mois à l'Evo France, la première édition européenne du plus grand tournoi mondial de jeux de combat, créé aux États-Unis en 1996 et qui rassemble 5.000 joueurs ce week-end.
Manette ou joystick en main, tous les combattants sont répartis dans un arbre de tournoi gigantesque et s'affrontent en un contre un avec des avatars - Ryu, Ken ou encore Blanka - pour espérer faire partie du top 8 final, qui se déroulera sur la grande scène dimanche devant des fans déchaînés.
- "Trophée ultime" -
Nahil "Pepito" Gassim, joueur de Street Fighter sponsorisé par l'équipe pro Solary, a passé les six premiers tours avant de s'incliner face à Zhen, l'un des meilleurs chinois. "J'aurais aimé faire mieux, la route est longue pour arriver au sommet", glisse-t-il, un peu déçu.
L'accès au top 8 de l'un des jeux phares permet de se partager une partie des 100 000 € de dotation globale, mais c'est surtout pour le prestige qu'il rêvait de continuer son parcours.
"Gagner l'Evo, c'est devenir une légende de son jeu. C'est le trophée ultime, celui qui peut marquer une carrière à vie", explique Nahil, qui va passer le reste du week-end dans la bonne humeur à encourager ses amis encore en lice.
Seuls deux Français ont réussi à remporter l'Evo aux États-Unis, historiquement dominé par des joueurs américains, japonais et coréens : Olivier "Luffy" Hay en 2014 sur Street Fighter 4 et Marwan "Wawa" Berthe sur Dragon Ball FighterZ en 2022.
Le format de la compétition, un tournoi ouvert à tous, permet aux joueurs amateurs de tomber d'entrée sur des vétérans aguerris - comme un judoka ceinture blanche se mesurerait à Teddy Riner... le risque de blessure en moins.
"C'est la beauté de l'Evo: tout le monde peut se faire un nom. Il y a chaque année des histoires de petits nouveaux qui font un parcours incroyable", raconte le New-Yorkais Jose "ScrawtVermillion" Ballestero, inscrit à deux jeux ce week-end.
- Les JO du jeu de combat -
"Si on doit comparer, c'est un peu les JO du jeu de combat. Il y a plusieurs disciplines, c'est ouvert à tout le monde et le parcours pour gagner est long et périlleux", explique Bertrand Amar, co-organisateur de l'événement.
Après deux jours de compétition, il se félicite du déroulement de cette première édition. "C'est le plus grand tournoi de jeux de combat organisé en Europe et le plus international", glisse-t-il, ravi, prenant déjà rendez-vous en 2026 à Nice pour un 2e Evo.
Pas moins de 93 pays sont représentés. "Les joueurs attendaient depuis longtemps ce tournoi en Europe, c'est une première historique", apprécie Florent Gay, responsable de l'esport chez Bandai Namco, éditeur de Tekken 8, l'un des jeux majeurs de l'événement.
Parmi les participants, de nombreux joueurs, hommes et femmes, ont découvert les jeux de combat récemment. D'autres, comme Marie-Laure "Kayane" Norindr, animatrice sur Game One et visage emblématique des jeux de combat en France, se déplacent à des tournois partout dans le monde depuis des années.
En plus de prendre part à la compétition sur Tekken 8, elle a sponsorisé un groupe de jeunes qui n'avaient pas les moyens de faire le déplacement jusqu'à Nice.
L'une d'entre elles, âgée de seulement 16 ans, a fait des étincelles en éliminant plusieurs stars internationales samedi. "C'est aussi ça, la beauté des jeux de combat: une discipline individuelle où la progression est rendue possible grâce à la communauté", explique Kayane.
V.Nemec--TPP