The Prague Post - Un siècle après Toutankhamon, les Egyptiens veulent sortir de l'ombre

EUR -
AED 4.258106
AFN 78.487334
ALL 97.521538
AMD 436.896491
ANG 2.074809
AOA 1063.083813
ARS 1564.911179
AUD 1.79209
AWG 2.089649
AZN 1.92768
BAM 1.956232
BBD 2.304709
BDT 139.550821
BGN 1.956232
BHD 0.434096
BIF 3403.151606
BMD 1.159306
BND 1.482127
BOB 7.887742
BRL 6.421169
BSD 1.141552
BTN 99.835049
BWP 15.660459
BYN 3.735525
BYR 22722.398372
BZD 2.292906
CAD 1.597362
CDF 3350.394635
CHF 0.932528
CLF 0.02834
CLP 1111.76554
CNY 8.360687
CNH 8.339178
COP 4780.255747
CRC 576.727374
CUC 1.159306
CUP 30.72161
CVE 110.289358
CZK 24.569228
DJF 203.264892
DKK 7.461804
DOP 69.375322
DZD 150.849316
EGP 56.017628
ERN 17.389591
ETB 157.458076
FJD 2.621773
FKP 0.873275
GBP 0.872615
GEL 3.146794
GGP 0.873275
GHS 11.985647
GIP 0.873275
GMD 84.063022
GNF 9900.186513
GTQ 8.760935
GYD 238.812743
HKD 9.09988
HNL 29.996625
HRK 7.538269
HTG 149.433003
HUF 397.26521
IDR 18975.463288
ILS 3.962358
IMP 0.873275
INR 101.144234
IQD 1495.330252
IRR 48821.277088
ISK 143.093443
JEP 0.873275
JMD 183.100439
JOD 0.82198
JPY 170.7171
KES 147.47257
KGS 101.381101
KHR 4574.010196
KMF 495.602884
KPW 1043.375434
KRW 1610.310833
KWD 0.353901
KYD 0.95121
KZT 619.486817
LAK 24684.451703
LBP 102281.989566
LKR 343.925958
LRD 228.860545
LSL 20.909418
LTL 3.423129
LVL 0.701253
LYD 6.236377
MAD 10.453009
MDL 19.656341
MGA 5181.144286
MKD 61.573599
MMK 2433.676074
MNT 4165.252607
MOP 9.228838
MRU 45.532056
MUR 54.197753
MVR 17.849671
MWK 1979.337148
MXN 21.861324
MYR 4.958928
MZN 74.149416
NAD 20.909418
NGN 1778.352045
NIO 42.009278
NOK 11.873972
NPR 159.736279
NZD 1.957229
OMR 0.442718
PAB 1.141452
PEN 4.100706
PGK 4.808062
PHP 66.968523
PKR 323.890633
PLN 4.269729
PYG 8549.888292
QAR 4.150417
RON 5.0878
RSD 117.165877
RUB 91.68466
RWF 1648.864161
SAR 4.34879
SBD 9.581205
SCR 16.761402
SDG 696.085624
SEK 11.191651
SGD 1.494983
SHP 0.911033
SLE 26.663673
SLL 24310.072569
SOS 652.344074
SRD 42.708859
STD 23995.294386
STN 24.505412
SVC 9.988206
SYP 15073.046888
SZL 20.903617
THB 37.705301
TJS 10.769679
TMT 4.069164
TND 3.39555
TOP 2.715213
TRY 47.120226
TTD 7.736709
TWD 34.441797
TZS 2887.937818
UAH 47.716438
UGX 4091.90372
USD 1.159306
UYU 45.860128
UZS 14488.199802
VES 143.166598
VND 30397.004353
VUV 139.79702
WST 3.217634
XAF 656.101904
XAG 0.031302
XAU 0.000345
XCD 3.133083
XCG 2.057254
XDR 0.81598
XOF 656.101904
XPF 119.331742
YER 278.929786
ZAR 20.917375
ZMK 10435.150838
ZMW 26.110767
ZWL 373.296072
  • AEX

    -17.2300

    884.87

    -1.91%

  • BEL20

    -70.9400

    4565.37

    -1.53%

  • PX1

    -226.1700

    7546.16

    -2.91%

  • ISEQ

    -312.6300

    11097.34

    -2.74%

  • OSEBX

    -19.8300

    1605.43

    -1.22%

  • PSI20

    -84.8300

    7626.71

    -1.1%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -65.7500

    3221.76

    -2%

  • N150

    -54.9400

    3607.69

    -1.5%

Un siècle après Toutankhamon, les Egyptiens veulent sortir de l'ombre
Un siècle après Toutankhamon, les Egyptiens veulent sortir de l'ombre / Photo: Khaled DESOUKI - AFP/Archives

Un siècle après Toutankhamon, les Egyptiens veulent sortir de l'ombre

Sur la photo iconique, le Britannique Howard Carter inspecte le sarcophage de Toutankhamon et, dans l'ombre, se tient un Egyptien.

Taille du texte:

Ce cliché du début du XXe siècle illustre bien ce que furent deux siècles d'égyptologie selon les experts: d'un côté, le savant occidental qui découvre seul des trésors; de l'autre, des petites mains égyptiennes absentes de l'histoire de la révélation des secrets des pharaons.

L'égyptologie, née à l'époque coloniale, a créé "des inégalités structurelles" qui "résonnent aujourd'hui" encore, souligne la Britannique Christina Riggs, égyptologue à l'université de Durham.

Mais, alors que le monde célèbre le bicentenaire du déchiffrement de la pierre de Rosette par le Français Jean-François Champollion et le centenaire de la découverte du tombeau de l'enfant-pharaon Toutankhamon par Carter, en Egypte des voix s'élèvent pour mettre en lumière la contribution des Egyptiens dans ces explorations.

Manière de se réapproprier leur histoire, au même titre que la préservation du patrimoine dans leur pays ou la restitution réclamée de trésors estimés "volés" par les Occidentaux.

Les Egyptiens qui ont fouillé "ont fait tout le travail" mais ils "ont été oubliés", déplore Abdel Hamid Daramalli, chef de fouille à Qurna (sud) où il dit être né sur la tombe d'un scribe.

"C'est comme si personne n'avait cherché à comprendre l'Egypte antique avant" Champollion, qui le 27 septembre 1822 annonça avoir déchiffré la pierre de Rosette, abonde la chercheuse Heba Abdel Gawad, spécialiste de l'héritage égyptien.

- "Anonymes" -

Sur le fameux cliché, "l'Egyptien, pas nommé, pourrait être Hussein Abou Awad ou Hussein Ahmed Saïd", explique Mme Riggs.

Ces deux hommes ont été, avec Ahmed Gerigar et Gad Hassan, des piliers de l'équipe de Carter pendant près d'une décennie mais aucun expert ne peut aujourd'hui mettre un nom sur les visages photographiés.

"Les Egyptiens sont restés dans l'ombre, anonymes et transparents dans le récit de leur histoire", résume l'historienne.

Un nom cependant a émergé, celui des Abdel Rassoul.

Hussein d'abord qui alors enfant passe pour être celui qui a découvert involontairement la tombe de Toutankhamon, le 4 novembre 1922, sur la rive ouest du Nil dans la nécropole de Thèbes (aujourd'hui Louxor), à Qurna.

Les versions varient: il a trébuché dessus, son âne a trébuché dessus ou il a renversé un broc d'eau qui a mis au jour une pierre.

La mythologie locale dit aussi que ses ancêtres Ahmed et Mohammed ont découvert en 1871 les 50 momies de Deir el-Bahari, dont celle de Ramsès II.

Le petit-neveu de Hussein, Sayed Abdel Rassoul, que l'AFP a retrouvé à Qurna, éclate de rire à l'évocation de ces récits.

Est-ce "vraiment sensé" de croire qu'un gosse avec une jarre d'eau a pu faire une telle découverte ?, demande-t-il. De toutes façons, "si certains ont gardé des archives, pas nous", dit-il.

Christina Riggs rappelle pourtant que dans les rares cas où une découverte a été portée au crédit d'Egyptiens, il s'agissait d'"enfants" et de "pilleurs de tombes" quand ce n'étaient pas leurs "animaux".

"L'archéologie, c'est surtout de la géographie", explique Mme Abdel Gawad. Et dans ce domaine, dit-elle, les agriculteurs locaux ont un atout en main: "Ils connaissent le terrain et ses reliefs" et peuvent dire "en fonction des couches sédimentaires s'il y a des objets enterrés".

C'est ainsi que de génération en génération, le travail de fouille s'est transmis à Qurna, où vivent les Abdel Rassoul, et à Qift, au nord de Louxor où dans les années 1880 les habitants ont été formés à l'archéologie par le Britannique William Flinders Petrie.

L'arrière-grand-père de Mostafa Abdo Sadek fut l'un d'eux. Au début du XXe siècle, il s'est installé à 600 kilomètres au nord de Qift pour fouiller la nécropole de Saqqara, près des pyramides de Gizeh.

Lui, ses enfants et ses petits-enfants ont, durant un siècle, aidé à percer les mystères de dizaines de tombes, raconte à Saqqara l'arrière-petit-fils, lui-même archéologue réputé.

Mais eux "ont été lésés", poursuit Mostafa Abdo Sadek en brandissant des photos de ses ancêtres dont aucun nom n'apparaît aujourd'hui dans les livres d'histoire.

- "Enfants de Toutankhamon" -

"Les Egyptiens ont été effacés du récit historique à cause de l'occupation culturelle de l'Egypte des 200 dernières années", affirme Monica Hanna, doyenne du Collège d'archéologie d'Assouan.

Il faut prendre en compte "le contexte historique et social de l'Egypte sous occupation britannique", nuance Fatma Keshk, conférencière à l'Institut d'archéologie orientale du Caire.

Au début du XXe siècle, sur fond d'anticolonialisme grandissant, l'héritage pharaonique sert à faire vibrer la corde nationaliste. La bataille culturelle devient politique.

"Nous sommes les enfants de Toutankhamon", chante la diva Mounira al-Mahdiyya en 1922 - année de la découverte de la tombe de l'enfant-pharaon dans la Vallée des Rois et de l'indépendance de l'Egypte.

A coups de campagnes brocardant la mainmise des étrangers sur le patrimoine national, Le Caire parvient la même année à mettre fin au système de partage colonial qui garantissait aux Occidentaux la moitié des pièces mises au jour en échange du financement des fouilles.

Mais alors, l'Egypte antique a été dissociée de l'Egypte moderne et à partir de là "considérée comme une civilisation universelle'" dans un monde qui à l'époque "se résumait à l'Occident", analyse Mme Abdel Gawad.

Toutankhamon reste en Egypte mais le pays "perd les archives des fouilles", outil essentiel pour toute publication universitaire, au profit de la collection privée Carter, relate Mme Hanna. "Nous étions encore colonisés. Ils nous ont laissé les objets mais ont pris notre capacité à produire de la connaissance sur Toutankhamon."

Et quand la nièce d'Howard Carter décide de faire don de ces archives peu après la mort de l'archéologue britannique en 1939, elle choisit l'université d'Oxford plutôt que l'Egypte.

Oxford qui justement propose actuellement l'exposition "Toutankhamon: fouille dans les archives" pour mettre en lumière "les Egyptiens souvent oubliés des équipes archéologiques".

- Une momie dans la maison -

A Qurna, Ahmed Abdel Rady, 73 ans, se rappelle avoir trouvé, enfant, une tête de momie dans un renfoncement de la maison installée dans un des tombeaux de la nécropole de Thèbes où il a grandi.

Ma mère, raconte-t-il à l'AFP, a éclaté en sanglots en me suppliant de traiter "cette reine" avec respect. Pour autant, poursuit-il, elle stockait oignons et têtes d'ail dans un sarcophage de granit.

Aujourd'hui, le village, n'est plus que ruines où, entre tombeaux et temples, les colosses de Memnon, construits il y a plus de 3.400 ans, semblent veiller sur les morts et les vivants.

En 1998, des bulldozers ont débarqué pour détruire les petites maisons de terre et de brique des 10.000 habitants, sous lesquelles reposaient des tombes datant pour la plupart de 1.500 à 1.200 avant JC.

Dans des affrontements avec la police, quatre habitants refusant d'être expulsés sont tués. C'est parce qu'ils sont profondément liés à l'héritage pharaonique que les habitants de Qurna ont tant protesté contre la démolition de leur village, assure Abdel Hamid Daramalli.

Mais la bataille pour l'histoire se fait aussi aux dépens des Egyptiens, en dépit même des critiques alors de l'Unesco. "Il fallait le faire" pour protéger le patrimoine, martèle le ministre des Antiquités de l'époque, Zahi Hawass.

En 2008, la quasi-totalité des maisons étaient rasées et leurs habitants relogés loin de leur gagne-pain autour des sites archéologiques et des terres de leur bétail.

Selon Monica Hanna, c'est leur réputation de "pilleurs de tombes" qui a mené les autorités à faire de Louxor un "musée à ciel-ouvert".

Sayed Abdel Rassoul en souffre depuis qu'il y a longtemps des membres de la famille ont été pris vendant des pièces archéologiques sous le manteau.

"Les Français, les Britanniques, tous volaient", dit son neveu Ahmed. "Et qui, au départ, a dit aux habitants de Qurna qu'ils pouvaient gagner de l'argent en vendant des pièces pharaoniques ?"

- "Butin de guerre" -

Au cours des siècles, un nombre inquantifiable d'antiquités sont sorties d'Egypte.

Certaines, comme l'Obélisque de Louxor à Paris ou le Temple de Debod à Madrid, ont été offertes par le gouvernement égyptien à des pays amis.

D'autres ont été envoyées dans les musées européens dans le cadre du système de partage colonial.

Et des centaines de milliers sont passées en contrebande vers "des collections privées à travers le monde", affirme Mme Abdel Gawad.

C'est la nouvelle croisade de l'ancien ministre Hawass, qui veut lancer en octobre une pétition pour la restitution de la pierre de Rosette, du buste de Nefertiti et du zodiaque de Dendérah, trois pièces sujettes à controverses depuis des décennies.

La pierre de Rosette, stèle gravée en 196 avant JC en grec ancien, égyptien démotique et hiéroglyphes, est exposée depuis 1802 au British Museum de Londres avec en cartel "prise en Egypte en 1801 par l'armée britannique".

Un porte-parole du British Museum assure à l'AFP que c'est "un cadeau diplomatique". Pour Mme Abdel Gawad, c'est "un butin de guerre".

Le buste de Néfertiti a atterri au Neues Museum de Berlin en vertu du partage colonial, affirme l'Allemagne. Pour M. Hawass, cette sculpture, peinte en 1340 avant JC et ramenée par des archéologues allemands en 1912, "a été sortie illégalement d'Egypte".

Le zodiaque de Dendérah, enfin, a rejoint Paris quand en 1820 le préfet Sébastien Louis Saulnier envoie une équipe desceller à l'explosif ce bas-relief d'un temple du sud de l'Egypte.

Cette représentation de la voûte céleste de plus de 2,5 mètres de largeur et de hauteur est accrochée à un plafond du Louvre depuis 1922, alors qu'une copie de plâtre la remplace à Dendérah. "C'est un crime", accuse Mme Hanna.

Ce qui était acceptable à l'époque, ajoute-t-elle, n'est plus "compatible avec l'éthique du XXIe siècle".

G.Turek--TPP