The Prague Post - Dans un club de strip-tease ukrainien, la guerre mise à nu

EUR -
AED 4.301382
AFN 77.612591
ALL 96.515658
AMD 446.872497
ANG 2.096992
AOA 1074.026857
ARS 1697.419947
AUD 1.770923
AWG 2.11116
AZN 1.990506
BAM 1.956117
BBD 2.359183
BDT 143.25324
BGN 1.956117
BHD 0.441572
BIF 3463.361867
BMD 1.17124
BND 1.514246
BOB 8.094313
BRL 6.490187
BSD 1.17129
BTN 104.952027
BWP 16.475673
BYN 3.442558
BYR 22956.304237
BZD 2.355782
CAD 1.615574
CDF 2996.619849
CHF 0.937644
CLF 0.027188
CLP 1066.578527
CNY 8.246642
CNH 8.24023
COP 4521.233487
CRC 584.994905
CUC 1.17124
CUP 31.03786
CVE 110.282891
CZK 24.323841
DJF 208.583839
DKK 7.472623
DOP 73.371903
DZD 152.342715
EGP 55.873064
ERN 17.5686
ETB 181.967121
FJD 2.674758
FKP 0.875394
GBP 0.880996
GEL 3.144811
GGP 0.875394
GHS 13.453183
GIP 0.875394
GMD 85.500068
GNF 10238.661034
GTQ 8.975456
GYD 245.059756
HKD 9.144454
HNL 30.858006
HRK 7.536231
HTG 153.574915
HUF 386.433658
IDR 19556.194482
ILS 3.756225
IMP 0.875394
INR 104.916756
IQD 1534.448936
IRR 49309.203978
ISK 147.143143
JEP 0.875394
JMD 187.420406
JOD 0.83038
JPY 184.4527
KES 150.984494
KGS 102.424761
KHR 4700.762612
KMF 491.921044
KPW 1054.115738
KRW 1728.422228
KWD 0.359839
KYD 0.976158
KZT 606.158338
LAK 25369.115672
LBP 104892.416862
LKR 362.658835
LRD 207.323634
LSL 19.649688
LTL 3.458367
LVL 0.708471
LYD 6.34903
MAD 10.736642
MDL 19.830217
MGA 5326.864186
MKD 61.559987
MMK 2459.939985
MNT 4159.208977
MOP 9.388123
MRU 46.876605
MUR 54.053231
MVR 18.095992
MWK 2031.129513
MXN 21.126819
MYR 4.775164
MZN 74.835105
NAD 19.649688
NGN 1710.19733
NIO 43.106993
NOK 11.868808
NPR 167.923242
NZD 2.036614
OMR 0.451423
PAB 1.17129
PEN 3.94454
PGK 4.982808
PHP 68.60069
PKR 328.176741
PLN 4.204629
PYG 7858.27486
QAR 4.270293
RON 5.077795
RSD 117.399046
RUB 94.265293
RWF 1705.476682
SAR 4.393298
SBD 9.541798
SCR 17.757881
SDG 704.57615
SEK 10.840933
SGD 1.514529
SHP 0.878733
SLE 28.16805
SLL 24560.321726
SOS 668.208405
SRD 45.024225
STD 24242.303527
STN 24.503975
SVC 10.248663
SYP 12952.112504
SZL 19.647187
THB 36.806238
TJS 10.793751
TMT 4.09934
TND 3.428556
TOP 2.820065
TRY 50.066418
TTD 7.95029
TWD 36.916193
TZS 2922.474118
UAH 49.526335
UGX 4189.679698
USD 1.17124
UYU 45.987461
UZS 14081.284429
VES 330.476672
VND 30818.252819
VUV 141.754875
WST 3.265216
XAF 656.063434
XAG 0.017438
XAU 0.00027
XCD 3.165334
XCG 2.111042
XDR 0.815932
XOF 656.063434
XPF 119.331742
YER 279.230391
ZAR 19.635845
ZMK 10542.568415
ZMW 26.501299
ZWL 377.138806
  • AEX

    4.5100

    944.59

    +0.48%

  • BEL20

    19.7100

    5074.52

    +0.39%

  • PX1

    0.8200

    8151.38

    +0.01%

  • ISEQ

    28.7700

    13105.03

    +0.22%

  • OSEBX

    10.3900

    1660.14

    +0.63%

  • PSI20

    83.7200

    8211.61

    +1.03%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    46.5400

    4164.85

    +1.13%

  • N150

    9.6800

    3734.28

    +0.26%

Dans un club de strip-tease ukrainien, la guerre mise à nu
Dans un club de strip-tease ukrainien, la guerre mise à nu / Photo: Tetiana DZHAFAROVA - AFP

Dans un club de strip-tease ukrainien, la guerre mise à nu

Quand Lisa va au travail, dans son club de strip-tease situé non loin du front ukrainien, elle sait qu'en plus de danser en hauts talons, elle devra écouter les angoisses des soldats venus la regarder.

Taille du texte:

Ils viennent siroter un verre le temps d'une permission mais, "très souvent", ils veulent surtout parler, raconte à l'AFP cette femme de vingt ans.

Lisa et ses amies répètent dans une salle de sport de Kharkiv quelques heures avant l'ouverture, dans cette grande ville du nord-est de l'Ukraine, de leur cabaret burlesque, le "Flash Dancers".

Elles se contorsionnent sur un remix électro de l'opéra "Carmen", sous le regard de Valérya Zavatska. Cette diplômée en droit de 25 ans tient le club avec sa mère, ancienne danseuse.

"Tous les jours il y a des bombardements, de mauvaises nouvelles. Tous les jours quelqu'un meurt", explique Valérya.

Les soldats, qui représentent l'écrasante majorité de la clientèle, ont besoin de "parler de ce qui fait mal", ajoute-t-elle. Et les effeuilleuses font office de psychologues.

En début de soirée, les militaires s'amusent. "Et puis ils boivent et c'est là que les ténèbres ressortent", dit une autre danseuse, Jénia, 21 ans.

Selon les employées, il arrive que des soldats arrêtent de regarder le spectacle, quittent leur table et viennent pleurer seuls au bar.

Les plus traumatisés montrent aux danseuses des vidéos prises sur le champ de bataille, les blessures de leurs camarades ou les cadavres de soldats russes.

Lisa leur demande d'éviter car elle le prend "trop à cœur". A l'inverse, Jénia, ex-étudiante en médecine vétérinaire, dit les regarder avec une distance professionnelle - pour comprendre comment le soldat aurait pu être sauvé.

- "Réunion de famille" -

Le club se veut une bulle isolée de la guerre, où on peut "s'échapper", expose Valérya, vêtue d'un confortable survêtement en velours gris.

Mais Kharkiv, constamment bombardée depuis le début de l'invasion de 2022, n'est qu'à une vingtaine de kilomètres des positions russes près de la frontière. Le conflit s'infiltre partout, jusque dans le sous-sol feutré du "Flash Dancers".

L'heure de la représentation est arrivée, les danseuses enfilent sous-vêtements à strass et chaussures à semelle compensée de vingt centimètres.

Elles recouvrent leur corps de paillettes, astuce pour repousser les hommes mariés trop entreprenants que des traces brillantes trahiraient.

Une danseuse tourne déjà autour d'une barre de pole dance. Une autre écoute attentivement un client. Une troisième se déhanche lascivement sur les cuisses d'un jeune homme.

Le "Flash Dancers", qui se revendique plus "Moulin Rouge" que strip-club, assure que ses danseuses n'ont jamais de relation sexuelle tarifée, même si la prostitution, illégale en Ukraine, existe, notamment près du front.

A en croire les employées, certains clients sont indélicats mais la plupart respectent leurs limites, et une forme d'amitié peut se créer.

De retour au front, des militaires donnent des nouvelles, disent qu'elles leur manquent.

Un soldat a même un jour demandé à sa maman de choisir pour Jénia une carte de remerciement. Depuis, cette "femme formidable" lui écrit régulièrement, s'amuse-t-elle.

Nana, danseuse de 21 ans aux cheveux de jais, raconte qu'ils reviennent parfois avec leur femme et parlent ensemble de leurs vacances, de leur vie d'avant: "C'est comme une réunion de famille."

- Spleen et sourire -

Dans le club, quelques clients au regard fasciné boivent du champagne, assis sur des banquettes rouges.

Le soldat Puma, sourire jusqu'aux oreilles, est l'un des nombreux Colombiens ayant rejoint l'armée ukrainienne, attirés par un salaire bien plus élevé que chez eux. Cet ancien policier de 37 ans, devenu mercenaire, assure que ce genre d'endroit "fait oublier la guerre".

Derrière lui, les numéros s'enchaînent, chacun avec un univers. Le plus populaire ? Celui à thème "policières", selon Valérya.

Leurs habitués sont souvent blessés dans les combats. Les danseuses disent qu'elles vont alors, ensemble, leur apporter des cadeaux à l'hôpital.

Et "un nombre effroyable" d'entre eux ont été tués, dit Valérya. Récemment, deux sont morts en deux semaines. L'un était père d'un bébé de un an, l'autre trop jeune pour avoir pu fonder une famille.

En 2022, une danseuse, Lioudmila, et son mari, également ancien employé du club, ont été tués par une frappe russe dans la région de Kharkiv. Elle était enceinte et, miraculeusement, l'enfant a survécu.

Malgré les drames, "le spectacle doit continuer", balaye Valérya. Une danseuse déprimée "ne remontera le moral de personne", abonde Nana.

L'établissement ferme à 22H00, couvre-feu oblige. Parfois, les bombardements forcent l'équipe à rester plus tard, le temps que le calme revienne. Jamais pour longtemps.

Une fois chez elles, les danseuses peuvent être réveillées par des frappes nocturnes. Mais même si leur nuit est blanche, Valérya, Jénia, Nana, Lisa et les autres seront au club le soir. Souriantes.

J.Simacek--TPP