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Donald Trump a remporté jeudi la première victoire législative majeure de son second mandat après l'adoption au forceps par le Congrès américain d'un grand projet de loi budgétaire, clé de voûte de son programme économique.
Après le Sénat, qui l'avait approuvé mardi de justesse, la Chambre des représentants a adopté définitivement ce texte de 869 pages baptisé "grande et belle loi" par le président lui-même, là encore au terme d'un vote serré, précédé de multiples pressions et tractations.
"VICTOIRE", a immédiatement réagi la Maison Blanche dans un message sur X.
Initialement prévu mercredi, le vote final n'a eu lieu que jeudi en début d'après-midi à Washington. Il s'est tenu après un discours de près de neuf heures -un record à la Chambre des représentants- du chef de file des élus démocrates, Hakeem Jeffries, qui a tenté de repousser le vote au maximum.
L'opposition affichée de plusieurs élus conservateurs -qui dénonçaient le creusement de la dette publique attendu avec cette législation- avait auparavant forcé les responsables républicains à le retarder.
Avec une majorité de seulement huit sièges, le parti présidentiel ne pouvait pas se permettre plus de trois défections dans son propre camp.
Seulement deux républicains ont finalement voté "contre", aboutissement de négociations en coulisses menées par le président de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson, avec l'aide du locataire de la Maison Blanche.
- Téléphone -
Plus tôt, Donald Trump avait commencé à élever le ton.
"Qu'est-ce que les républicains attendent??? Qu'est-ce que vous essayez de prouver???", avait-il lancé sur sa plateforme Truth Social peu après minuit.
"MAGA n'est pas content, et ça vous coûte des voix", avait ajouté tout en majuscules le tempétueux président de 79 ans, en référence à son mouvement "Make America Great Again".
Il a parlé au téléphone à des républicains récalcitrants jusqu'à tard dans la nuit pour les convaincre, selon Mike Johnson.
Depuis plusieurs semaines, le président presse le Congrès d'adopter sa "One Big Beautiful Bill" avant vendredi, jour de la fête nationale, qu'il a fixé comme échéance symbolique pour la promulgation de cette loi.
Elle prévoit la prolongation de colossaux crédits d'impôt adoptés lors du premier mandat du républicain, l'élimination de l'imposition sur les pourboires, promesse phare de sa campagne, de même que des milliards de dollars supplémentaires pour la défense et la lutte contre l'immigration.
Selon des analyses indépendantes, les principaux bénéficiaires seront cependant les ménages les plus aisés, tandis que des millions d'Américains aux revenus modestes pourraient perdre leur accès à des programmes publics d'assurance santé ou d'aide alimentaire.
- "Freiner notre dette" -
Experts comme politiques pointent aussi du doigt l'explosion attendue du déficit public.
Le Bureau budgétaire du Congrès, chargé d'évaluer de manière non partisane l'impact des projets de loi sur les finances publiques, a estimé mardi que le texte augmenterait la dette de plus de 3.400 milliards de dollars d'ici 2034.
"Je suis venu à Washington pour aider à freiner notre dette nationale", a affirmé Keith Self, un élu républicain à la Chambre, pour justifier avoir voté "non" lors du vote de procédure, qui a eu lieu dans la nuit.
L'élu texan a accusé ses collègues du Sénat d'avoir "piétiné" la version précédemment adoptée à la Chambre, avant d'ajouter qu'au bout du compte c'était pour lui "une question de morale".
Comme plusieurs autres collègues, il a finalement changé son vote en "pour" quelques heures plus tard.
Pour compenser en partie le creusement du déficit, les républicains prévoient de sabrer dans Medicaid, programme public d'assurance santé dont dépendent des millions d'Américains aux faibles revenus.
Une réduction drastique du programme Snap, principale aide alimentaire du pays, est également prévue, de même que la suppression de nombreuses incitations fiscales en faveur des énergies renouvelables adoptées sous Joe Biden.
Sans surprise, les démocrates s'opposent en bloc au texte.
Pour Hakeem Jeffries, cette loi est une "monstruosité répugnante" qui "fera souffrir les Américains ordinaires" au profit des plus riches.
Y.Havel--TPP