The Prague Post - Les cicatrices du Gran Chaco, "l'autre" déforestation d'Amérique du Sud

EUR -
AED 4.221408
AFN 75.86487
ALL 96.440965
AMD 439.751337
ANG 2.057521
AOA 1054.05935
ARS 1667.578707
AUD 1.766503
AWG 2.07191
AZN 1.95125
BAM 1.956268
BBD 2.314403
BDT 140.074697
BGN 1.956045
BHD 0.433349
BIF 3392.070397
BMD 1.149465
BND 1.501792
BOB 7.940105
BRL 6.161245
BSD 1.1491
BTN 101.979035
BWP 15.512112
BYN 3.916821
BYR 22529.508568
BZD 2.311113
CAD 1.621567
CDF 2552.961216
CHF 0.931055
CLF 0.027658
CLP 1085.002183
CNY 8.191947
CNH 8.195229
COP 4407.62248
CRC 576.850414
CUC 1.149465
CUP 30.460815
CVE 110.779628
CZK 24.369817
DJF 204.283573
DKK 7.465187
DOP 73.907004
DZD 150.278737
EGP 54.490034
ERN 17.241971
ETB 176.011798
FJD 2.622619
FKP 0.881288
GBP 0.880691
GEL 3.120758
GGP 0.881288
GHS 12.557861
GIP 0.881288
GMD 84.483648
GNF 9989.997841
GTQ 8.806105
GYD 240.413734
HKD 8.936824
HNL 30.300221
HRK 7.534055
HTG 150.478583
HUF 386.94401
IDR 19168.473719
ILS 3.745014
IMP 0.881288
INR 101.793435
IQD 1505.798787
IRR 48406.832365
ISK 147.005454
JEP 0.881288
JMD 185.014219
JOD 0.814996
JPY 177.107222
KES 148.56839
KGS 100.520383
KHR 4628.894292
KMF 489.671925
KPW 1034.488946
KRW 1659.804117
KWD 0.353139
KYD 0.957654
KZT 603.630022
LAK 24874.41682
LBP 103108.064773
LKR 350.126727
LRD 210.869372
LSL 19.897451
LTL 3.394071
LVL 0.6953
LYD 6.270283
MAD 10.701428
MDL 19.696221
MGA 5172.590981
MKD 61.535424
MMK 2412.996731
MNT 4122.791842
MOP 9.20354
MRU 45.750389
MUR 52.909825
MVR 17.707507
MWK 1996.620008
MXN 21.376712
MYR 4.819687
MZN 73.508306
NAD 19.897515
NGN 1658.056794
NIO 42.266345
NOK 11.737552
NPR 163.165545
NZD 2.02919
OMR 0.44197
PAB 1.149105
PEN 3.889663
PGK 4.846098
PHP 67.486247
PKR 324.878573
PLN 4.258217
PYG 8134.944257
QAR 4.188919
RON 5.084766
RSD 117.199386
RUB 93.511384
RWF 1669.642622
SAR 4.311005
SBD 9.452995
SCR 15.787035
SDG 690.246333
SEK 10.985773
SGD 1.502115
SHP 0.862396
SLE 26.682747
SLL 24103.699965
SOS 656.674084
SRD 44.321094
STD 23791.599004
STN 24.50639
SVC 10.054403
SYP 12711.618757
SZL 20.078235
THB 37.345949
TJS 10.640821
TMT 4.023127
TND 3.406314
TOP 2.692166
TRY 48.411087
TTD 7.788031
TWD 35.529662
TZS 2827.46136
UAH 48.351956
UGX 4013.046402
USD 1.149465
UYU 45.700923
UZS 13779.21171
VES 257.1148
VND 30256.785168
VUV 140.164437
WST 3.225195
XAF 656.13094
XAG 0.023942
XAU 0.000289
XCD 3.106486
XCG 2.07094
XDR 0.814684
XOF 655.770084
XPF 119.331742
YER 274.204869
ZAR 20.032728
ZMK 10346.561209
ZMW 25.739824
ZWL 370.127172
  • AEX

    1.6500

    970.89

    +0.17%

  • BEL20

    -21.6500

    4899.21

    -0.44%

  • PX1

    6.4500

    8074.23

    +0.08%

  • ISEQ

    69.1000

    12191.61

    +0.57%

  • OSEBX

    2.7300

    1609.67

    +0.17%

  • PSI20

    58.1400

    8484.01

    +0.69%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    -73.1100

    4034.24

    -1.78%

  • N150

    -4.7900

    3683.54

    -0.13%

Les cicatrices du Gran Chaco, "l'autre" déforestation d'Amérique du Sud
Les cicatrices du Gran Chaco, "l'autre" déforestation d'Amérique du Sud / Photo: Luis ROBAYO - AFP

Les cicatrices du Gran Chaco, "l'autre" déforestation d'Amérique du Sud

C'est la "petite" soeur moins connue, moins emblématique, que sa géante voisine l'Amazonie. Mais la forêt indigène du Grand Chaco, le 2e plus grand biome d'Amérique du Sud, subit depuis 25 ans d'inexorables saignées, faune et flore reculant face au soja, au tournesol ou à l'élevage.

Taille du texte:

Les apparences sont parfois trompeuses. Le long des interminables pistes du Chaco, masse forestière d'1 million de km2 --une fois et demie la France-- entre Argentine (62%), Paraguay (25%) et Bolivie (11%), de denses rideaux de typique végétation "tropicale sèche" donnent l'illusion d'un écosystème non troublé.

Mais en s'enfonçant derrière ces lisières vertes, de longues langues déboisées trahissent le lent grignotage qui se joue en silence. Par endroits, à perte de vue, gisent des quebrachos, caroubiers, déracinés par des machines, et qui attendent d'être enlevés pour faire du charbon de bois, du tanin, des meubles, ou des traverses de voie ferrée, pour lesquelles ce bois dur est prisé.

Ici, au nord-est de l'Argentine à 1.100 km de Buenos Aires, c'est la "frontière" agricole. Là où un modèle agro-exportateur, toujours plus crucial pour des pays avides de devises, vient se confronter à un écosystème indigène, ses espèces, ses ethnies. Et gagne, peu à peu.

"Dans la province de Chaco, quasiment toute la superficie était couverte de forêts de différents types", se souvient l'ingénieure agronome Inés Aguirre, du Réseau forestier Chaco Argentina. "Un seul secteur, au sud-est, avait une zone éminemment agricole avant les années 1990".

- Et la forêt devint pampa -

"Mais lorsqu'est apparu le +combo+ technologique du soja génétiquement modifié et du semis direct avec travail minimum du sol, le Chaco a commencé à être colonisé et +pampérisé+", explique-t-elle a l'AFP.

"Pampérisé" veut dire transformé en vastes plaines de culture ou pâturage, caractéristiques de la pampa argentine. D'autant que soja (30% des exportations du pays) et maïs OGM, marques de fabrique de l'Argentine, ont la particularité de résister à la sécheresse, une "aubaine" sur les sols semi-arides du +Chaco Seco+.

Depuis, le rythme de déforestation dans la province a été d'environ 40.000 hectares (400 km2) par an, avec des pointes à 60.000, selon Inès Aguirre. Un survol aérien offre l'étonnant spectacle de vastes rectangles rasés, voisinant avec des rectangles de dense forêt.

"Cela ne devrait pas se produire, car toute forme de déforestation est désormais suspendue dans la province" par un moratoire, explique Noemie Cruz, de Greenpeace-Forêts, en montrant les arbres abattus, et saisissant une poignée de terre poussiéreuse. Sur laquelle, sans protection des arbres, "l'eau glissera en surface, mais ne s'infiltrera plus dans le sol, à la saison des pluies".

Le Chaco comprend "El Impenetrable", un parc national de 128.000 hectares, une "zone rouge" strictement protégée aux termes de la loi sur les Forêts : intouchable, sous cloche, à la différence des zones "jaunes", où tourisme ou activité agricole "douce" peuvent exister. Et des "vertes", qui peuvent être transformées.

Mais cette carte -en attente d'actualisation, d'où le moratoire-, est "sous forte pression constante des entreprises et producteurs qui veulent étendre les terres agricoles, et d'une demande internationale de matières premières, notamment soja et viande", analyse le chercheur de l'Institut national CONICET, Matias Mastrangelo.

Et en cas de déboisement illicite, la sanction, une amende, "ne décourage pas le défrichement : les entreprises l'intègrent comme un coût de production, comme un autre".

De fait autour de l'"Impénétrable", ça défriche, et l'onde se répercute sur les multiples espèces du parc voisin : fourmilier, pécari, tapir, serpent corail... Et le jaguar, plus grand félin du continent, au coeur d'un ambitieux programme de réintroduction.

"Une forêt qui devient champ de soja ne peut plus abriter de jaguar, ni aucune de ses proies. La destruction est complète", énonce le biologiste Gerardo Ceron, coordinateur de l'équipe Rewilding Argentina qui gère cette réintroduction.

- Tatous et humains perdent du terrain -

"Dans le +Chaco sec+, on est probablement en train d'assister à une grave perte de faune. On constate que les grands mammifères surtout, disparaissent", acquiesce Micaela Camino, biologiste au CONICET, en citant notamment le tatou géant et le pécari à lèvre.

"Quand une espèce se perd, disparaît avec elle ce qui la rendait unique. Mais aussi la sécurité alimentaire de familles locales, et toutes les fonctions que cette espèce remplissait dans l'écosystème. Et donc la capacité de cet écosystème à se régénérer, être résilient. Ce qui est extrêmement dangereux dans un contexte de changement climatique".

Avant même les espèces, les hommes reculent. En l'occurrence quelques communautés indigènes wichi et criollo, qui vivent par grappes au coeur du Chaco sec. "Ce qui se passe généralement, c'est qu'en amont du déboisement, les droits de ces familles sont bafoués. (Dans l'acquisition de leur terrain), elles se font escroquer, et doivent partir", explique Micaela Camino.

Inés Aguirre, qui travailla à la Direction des Forêts de la province, affirme qu'existent des solutions pour régénérer le Chaco scarifié, comme une expérience agro-forestière qu'elle mena, combinant à la fois replantation de caroubiers et élevage bovin.

"Le caroubier, une légumineuse, produit une réaction entre des bactéries et les racines, qui recompose l'azote du sol. C'est extraordinaire, la croissance est incroyable". Mais ça, c'est pour "l'après". "L'urgence, dit-elle, c'est de stopper le déboisement".

H.Vesely--TPP