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Il place la Roumanie d'abord, crie à la "fraude" électorale et se vante d'une ligne directe avec Washington: le candidat à la présidence George Simion joue à fond la carte Trump pour récupérer l'élection selon lui "volée".
Pour le chef du parti nationaliste AUR, devenu le favori du nouveau scrutin organisé dimanche après l'exclusion de son allié Calin Georgescu, vainqueur du premier tour le 24 novembre, l'appui de Washington à son camp est pain bénit.
"C'est un signal fort qui donne aux électeurs confiance pour suivre la route conservatrice", dit-il à l'AFP, refusant l'étiquette d'extrême droite.
Le vice-président JD Vance, très critique envers l'annulation du vote de l'automne sur fond de soupçons d'ingérence russe, a encore appelé cette semaine à respecter la voix des Roumains, l'ambassade des Etats-Unis à Bucarest dénonçant "la censure des opposants".
A l'unisson, George Simion estime que, même s'il y a des attaques hybrides, "cela ne veut pas dire que nous sommes faibles au point de devoir annuler les élections".
Redoute-t-il un autre rebondissement dans le feuilleton politique qui agite la Roumanie depuis plusieurs mois?
Il n'imagine "pas une nouvelle annulation". "Car nous avons le soutien des Etats-Unis", souligne avec conviction l'élu de 38 ans, jonglant entre coups de fil et interviews, quand il ne voyage pas à l'étranger pour conquérir les suffrages de la diaspora.
"Mais on peut s'attendre à tout, y compris à des fraudes électorales massives", poursuit-il, reprenant une rhétorique non étayée chère à Donald Trump.
- "Ouvrir des portes" -
Après la décision de la Cour constitutionnelle, George Simion s'était insurgé contre un "coup d'Etat", une démocratie piétinée. Sa première mesure à la tête de l'Etat serait d'ailleurs de "déclassifier" les discussions confidentielles ayant mené à un tel dénouement, rarissime dans l'UE.
Candidat malheureux en novembre, il a refusé de participer aux débats télévisés cette semaine "par respect du peuple", rappelant que M. Georgescu aurait dû normalement occuper sa place autour de la table.
S'il est élu, il pourrait le nommer Premier ministre. "C'est une des options. Il doit prendre les rênes du pays", avance-t-il, tout en disant ne pas avoir de plan précis alors que l'extrême droite ne dispose pas d'une majorité suffisante au Parlement.
"Plus modéré" que son ancien rival, il est en revanche tout aussi souverainiste et a plaidé par le passé pour que des territoires de Moldavie et d'Ukraine reviennent dans le giron de la Roumanie. Il est interdit d'entrée dans ces deux pays.
George Simion, sans pencher vers la Russie qu'il dit abhorrer, une différence de taille avec M. Georgescu, ne manque pas non plus une occasion de critiquer Bruxelles, comme son voisin Viktor Orban, préférant regarder de l'autre côté de l'océan.
"Nous sommes les seuls à avoir des relations avec le Département d'Etat" et les autres ministères américains, assure-t-il, contrairement aux dirigeants roumains actuels "incapables d'ouvrir des portes".
Son ambition: bâtir au sein de l'UE une alliance de pays MAGA, du nom du slogan trumpien "Make America Great Again", qu'il affiche parfois sur ses casquettes.
Comme l'équipe Doge, chargée de traquer la fraude et les dépenses inutiles dans le budget des Etats-Unis, George Simion veut sabrer des postes "pour investir dans la défense" et quasiment doubler sur les cinq prochaines années le budget militaire de cet Etat membre de l'Otan voisin de l'Ukraine, à 4% du produit intérieur brut (PIB).
De quoi satisfaire Donald Trump, qui ne cesse de faire pression sur les membres de l'alliance atlantique pour qu'ils accentuent leurs efforts.
L.Hajek--TPP