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La Réserve fédérale américaine (Fed) a baissé mercredi ses taux d'intérêt pour la première fois de l'année, dans une proportion jugée trop timorée par le nouveau gouverneur de l'institution, tout juste promu par Donald Trump, qui a suggéré une diminution plus marquée.
La banque centrale des Etats-Unis a sans surprise abaissé ses taux directeurs d'un quart de point de pourcentage.
Ils sont désormais compris entre 4% et 4,25%, soit toujours beaucoup plus élevés que ce que souhaite le président américain.
Un seul responsable, promu par M. Trump, a voté contre cette décision: Stephen Miran, qui a rejoint la Fed seulement mardi et qui aurait voulu voir les taux d'intérêt baisser d'un demi-point, selon un communiqué de l'institution.
Les responsables de la Fed se sont par ailleurs montrés un peu plus optimistes concernant la croissance économique américaine. Ils la voient désormais à 1,6% sur l'année 2025, contre 1,4% estimé dans leurs prévisions parues en juin.
Cela représente toutefois toujours un fort ralentissement par rapport à la croissance enregistrée en 2024 (+2,8%).
Les banquiers centraux reconnaissent en parallèle une dégradation des conditions sur le marché du travail. "Les créations d'emplois ont ralenti, le taux de chômage a progressé mais reste bas", écrivent-ils à l'issue de deux jours de réunion de politique monétaire.
Selon la médiane de leurs prévisions, ils anticipent deux autres baisses de taux (d'un quart de point chacune) en 2025, ce qui impliquerait une nouvelle détente à chacune des réunions programmées d'ici la fin de l'année.
L'an dernier à la même époque, la Fed avait baissé ses taux d'un demi-point d'un coup, puis d'un quart de point en novembre et un quart de point en décembre.
Elle avait ensuite tout mis sur pause, arguant que l'incertitude entourant les conséquences des politiques de Donald Trump était trop forte pour déterminer la direction de l'économie et la réponse monétaire appropriée.
La banque centrale du Canada a aussi baissé ses taux d'intérêt mercredi, pour soutenir l'activité économique, secouée par l'offensive protectionniste du voisin américain.
La conférence de presse rituelle du président de la Fed, Jerome Powell, doit débuter à 18H30 GMT.
- Remue-ménage -
Ces derniers temps aux Etats-Unis, la stratégie monétaire, relevant d'ordinaire d'un monde académique et feutré, a glissé vers la saga politique et la chronique judiciaire.
Stephen Miran, le gouverneur qui a voté contre la décision de mercredi, vient d'être placé à la Fed par le président Trump, dont il est l'un des fidèles.
Confirmé in extremis lundi par le Sénat à majorité républicaine en tant que gouverneur et membre du comité de politique monétaire, Stephen Miran a prêté serment juste avant le début de la réunion, mardi.
Il a affirmé devant la sénateurs qu'il siégerait en toute indépendance. Il a aussi prévenu qu'il ne démissionnerait pas de son poste à la tête du Comité des conseillers économiques (CEA) de la Maison-Blanche, mais prendrait seulement un congé sans solde, son mandat à la Fed ne devant durer que quelques mois.
Le maintien de ce lien avec la présidence a révolté l'opposition démocrate, pour qui il ne fera qu'appliquer les injonctions de Donald Trump à baisser les taux.
Le président américain réclame depuis des mois des baisses massives des taux directeurs et a tenté de faire partir Jerome Powell.
Il a aussi cherché, en vain, à empêcher la gouverneure Lisa Cook de siéger cette semaine.
Accusée par le camp présidentiel d'avoir menti à des banques pour obtenir des prêts immobiliers personnels, Lisa Cook affronte Donald Trump devant la justice pour rester en place.
La Maison-Blanche a juré de porter l'affaire jusqu'à la Cour suprême, dont Donald Trump a cimenté la majorité conservatrice lors de son premier mandat.
A la Fed, ce sont au total douze personnes qui votent sur les taux d'intérêt.
L.Bartos--TPP