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"Bas les pattes !" répètent les New-Yorkais depuis une intervention spectaculaire de la police fédérale de l'immigration contre des vendeurs illégaux dans une rue commerçante de la ville, orchestrée par l'administration Trump.
En temps normal, ces policiers -- au visage caché par des masques et des casquettes -- sont surtout présents dans les couloirs du 26 Federal Plaza, à Manhattan, cour de justice où sont entendus les immigrants tentant de régulariser leur situation.
Mardi, c'est à Canal Street, dans le quartier chinois tout proche, qu'ils sont apparus, arrêtant neuf Africains soupçonnés d'être en situation irrégulière puis les plaçant en détention, lors d'une opération "axée sur des activités criminelles liées à la vente de contrefaçons", selon un communiqué du ministère de la Sécurité intérieure.
Quatre personnes ayant tenté d'empêcher ces arrestations ont aussi été appréhendées, puis libérées sans être poursuivies.
Le directeur de la police fédérale de l'immigration (ICE), Todd Lyons, a annoncé dans la foulée que New York allait voir "augmenter les arrestations" car la ville, dite "sanctuaire", protège les migrants en situation irrégulière. M. Lyons a ajouté que ces interventions ne sont pas "aléatoires" mais "fondées sur du renseignement criminel".
- "Quitter la ville" -
L'événement a fait descendre dans la rue quelques dizaines de New-Yorkais mardi soir, des centaines mercredi soir.
Parmi eux, Lorelei Crean, 18 ans, s'est inquiété auprès de l'AFP que la police de l'immigration ait "pris le contrôle de tout le pays". "Maintenant, ça arrive à New York et New York montre qu'ICE doit quitter la ville".
Des représentants politiques et religieux sont eux aussi montés au créneau lors d'une conférence de presse, jeudi, autour de la présidente du conseil municipal, Adrienne Adams.
"Nous sommes réunis pour envoyer à l'unisson un message clair à l'administration Trump: ne touchez pas à New York. Cessez de menacer notre sécurité publique et notre économie", a lancé cette dernière.
Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, les militaires réservistes de la Garde nationale ont été déployés dans plusieurs grandes villes démocrates (Portland, Chicago, Washington, Memphis et Los Angeles) et "New York ne veut pas et n'a pas besoin d'une occupation militaire ou fédérale", a martelé Adrienne Adams.
Fervente opposante au président, la procureure générale de l'Etat, Letitia James, a pour sa part lancé un formulaire en ligne destiné à recueillir des informations, photos et vidéos sur les activités de la police de l'immigration dans la ville.
- "Déclarer la guerre" -
Le sujet a aussi fait l'ouverture, dans la soirée de mercredi, du dernier débat entre les candidats à l'élection municipale du 4 novembre.
Tous trois sont opposés à l'intervention de la police fédérale dans leur ville, le favori démocrate Zohran Mamdani allant jusqu'à qualifier ICE d'"entité irresponsable qui se soucie peu de la loi et encore moins des personnes qu'elle est censée servir".
M. Mamdani, qui estime que Donald Trump "cherche à déclarer la guerre" aux New-Yorkais, et ses adversaires Andrew Cuomo (démocrate concourant sous l'étiquette d'indépendant) et Curtis Sliwa (républicain) ont rapidement amené la conversation sur leur relation avec le président s'ils étaient élus.
Le premier ne se dit prêt à discuter que sur la question du coût de la vie. Le second, qui était gouverneur de l'Etat de New York pendant le premier mandat du président, affirme qu'il faut "l'affronter". Le troisième voit la "négociation" comme seule issue.
Pour l'heure, la première option est la plus probable: les derniers sondages donnent à Zohran Mamdani une avance de plus de 10 points sur Andrew Cuomo.
A.Stransky--TPP