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Le long des bas-côtés boueux d'une voie ferrée à Varsovie, des gardes armés et un soldat entament une patrouille matinale, surveillant la zone pour détecter des activités inhabituelles et inspectant les voies pour repérer tout signe de sabotage éventuel.
La patrouille fait partie de "l'Opération Horizon", lancée par la Pologne afin de renforcer la sécurité ferroviaire et de protéger les infrastructures critiques, suite à une série de sabotages que les autorités attribuent à la Russie.
A la mi-novembre, la Pologne a connu deux incidents sur son réseau ferroviaire, décrits par le Premier ministre Donald Tusk comme un "terrorisme d'État" organisé par le Kremlin.
Le premier incident impliquait un obstacle en acier placé sur une voie, "probablement destiné à faire dérailler un train", selon le Premier ministre.
Le deuxième consistait en la détonation d'un engin explosif de qualité militaire sur une voie ferroviaire, cruciale pour acheminer l'aide vers l'Ukraine.
Ils n'ont provoqué aucun blessé.
Le ministre des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, a cependant averti que les diversions "auraient pu provoquer une catastrophe ferroviaire et la mort de nombreuses personnes". Il a ajouté que cela n'avait été évité "que par miracle".
Jusqu'à 10.000 soldats de plusieurs unités différentes, y compris les Forces spéciales, la Défense cybernétique et les Forces de défense territoriale, ont été mobilisés pour aider à détecter "un comportement inhabituel des passants près des zones ferroviaires, des objets laissés sans surveillance et des interférences avec les éléments de l'infrastructure ferroviaire", selon Pawel Kuskowski, porte-parole du service de sécurité des chemins de fer polonais PKP.
Une attention particulière est accordée aux "obstacles placés sur les voies", a-t-il ajouté.
L'opération doit durer au moins jusqu'à début mars.
- "On ne peut pas être sûr" -
Suite aux tentatives de sabotage, deux Ukrainiens accusés de travailler pour le compte de Moscou ont été identifiés par les procureurs polonais.
Selon Varsovie, ils ont fui vers le Bélarus, voisin de la Pologne et proche allié de Moscou.
Vendredi, un tribunal polonais a émis un mandat d'arrêt contre les deux suspects.
Dans une gare de banlieue de Varsovie, les patrouilles ne ne rassurent que partiellement les passagers.
"Maintenant, je me sens en sécurité. Je vois que les services de sécurité ferroviaire et la police circulent, mais si c'est totalement sûr, on ne le sait pas", déclare à l'AFP Grazyna, une retraitée de 60 ans qui a souhaité garder l'anonymat.
Ces mesures ne rassurent pas entièrement Jan Malicki, un étudiant en pharmacie de 19 ans.
"On ne peut pas être sûr que des incidents similaires ne se produiront pas dans les environs," a-t-il dit.
Les deux passagers ont toutefois souligné qu'ils continueraient à prendre le train.
Les forces de sécurité soulignent que les usagers sont encouragés à signaler toute activité irrégulière.
"Nos soldats vérifieront chaque signal", déclare à l'AFP le caporal-chef Przemyslaw Luszczki, de la 18e brigade de défense territoriale de la capitale.
La Pologne - membre de l'OTAN et de l'UE - est le principal pays de transit du soutien militaire et humanitaire à l'Ukraine.
Depuis le début de la guerre lancée par la Russie contre l'Ukraine en février 2022, Varsovie accuse régulièrement Moscou de tentatives de sabotage et de mener "une guerre hybride".
A.Novak--TPP