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Douze personnes ont été tuées mardi et 27 blessées devant un tribunal d'Islamabad dans un attentat-suicide revendiqué par les talibans pakistanais, dans une période de fortes tensions régionales avec l'Afghanistan.
"A 12H39 (07H39 GMT) un attentat-suicide s'est produit à Kachehri", où se trouve le tribunal, a indiqué, sur les lieux, le ministre, Mohsin Naqvi, faisant état de "12 morts et 27 blessés".
D'après lui, l'assaillant a attendu à l'extérieur du tribunal avant de déclencher son engin explosif près d'une voiture de police.
L'attaque a été revendiquée en début de soirée par les talibans pakistanais (TTP), groupe armé qui se réclame de la même idéologie que ceux de Kaboul et cible régulièrement les forces de sécurité pakistanaises.
"Mardi, l'un de nos membres a attaqué un tribunal d'Islamabad", a déclaré le groupe dans un communiqué envoyé à des journalistes.
"Des attaques seront menées contre ceux qui rendent des jugements fondés sur des lois non islamiques, ceux qui les exécutent et ceux qui les protègent, jusqu'à ce que la charia règne dans tout le pays", ajoute le texte.
Cette attaque laisse craindre une escalade entre le Pakistan et l'Afghanistan, qui ont connu en octobre une semaine de violents affrontements.
Confronté à une résurgence d'attaques contre ses forces de sécurité, Islamabad veut de son voisin afghan la garantie qu'il arrêtera de soutenir les talibans pakistanais (TTP), que Kaboul dément abriter.
Les deux pays ont approuvé une trêve, fragile, dont ils ne sont pas parvenus à préciser les contours lors de plusieurs cycles de négociations et ont menacé de reprendre les hostilités en cas d'attaque sur leur sol.
Décrivant l'attaque-suicide de mardi comme "un signal d'alarme", le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif, a martelé que "dans ce contexte, il serait vain d'espérer que les négociations avec les dirigeants de Kaboul aboutissent".
Les talibans "ont menacé d'attaquer Islamabad (par l'intermédiaire d'insurgés) en représailles aux frappes aériennes pakistanaises en Afghanistan. La stabilité de l'Asie du Sud est de plus en plus menacée", a commenté sur X le chercheur américain Michael Kugelman.
-"Chaos"-
"C'était le chaos, les avocats et les gens couraient à l'intérieur du complexe. J'ai vu deux corps gisant près de la porte et plusieurs voitures étaient en feu", a ajouté l'avocat, l'un des témoins qui s'est exprimé auprès de l'AFP.
Les forces de sécurité ont bouclé le secteur, qui abrite plusieurs administrations du gouvernement.
"C'était une très forte explosion", a rapporté Mohammed Shahzad Butt, un autre avocat. "Tout le monde a commencé à entrer (dans le bâtiment), paniqué. J'ai vu au moins cinq corps étendus devant la porte d'entrée", a-t-il ajouté.
La police de la province du Sindh, coeur économique du sud du pays, a assuré s'être placée en "état d'alerte jusqu'à nouvel ordre", renforcant ses dispositifs.
Islamabad, la capitale, est considérée comme une ville plutôt sûre par rapport au reste du pays, la dernière attaque en date y ayant eu lieu en décembre 2022.
Le ministre de l'Intérieur a relevé que l'attentat-suicide d'Islamabad s'était produit au lendemain d'une attaque contre une école dans la province du Khyber-Pakhtunkhwa (nord-ouest, frontalière de l'Afghanistan).
"Trois personnes sont mortes dans cette attaque, l'assaillant était afghan", a déclaré le ministre mardi, accusant "l'Afghanistan d'être directement impliqué".
"Le ministère taliban des Affaires étrangères partage sa profonde tristesse et condamne fermement l'explosion qui a eu lieu dans la capitale Islamabad ainsi que l'attaque contre une école", a-t-il réagi sur X mardi.
Le Pakistan et l'Afghanistan se sont affrontés à la mi-octobre avec une intensité rare, à leur frontière principalement, mais la confrontation avait débordé jusqu'à Kaboul où ont eu lieu des explosions.
Plus de 70 personnes avaient été tuées parmi lesquelles une cinquantaine de civils afghans, selon l'ONU.
Les tensions sont également fortes avec l'Inde -- autre pays voisin et ennemi historique du Pakistan -- depuis une guerre éclair en mai qui avait fait plus de 70 morts dans les deux camps, jusqu'à un cessez-le-feu.
V.Sedlak--TPP