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A travers le récit restitué par leurs proches, des détails filtrent sur les conditions extrêmes de captivité des derniers otages israéliens vivants retenus par le Hamas à Gaza, pour certains dans des cages, des fosses ou des tunnels.
Les vingt derniers otages vivants rapatriés le 13 octobre ont passé plus de deux ans en captivité aux mains du Hamas et ses alliés après l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste.
Parmi eux, Omri Miran. "Au début, il y avait cinq otages dans une cage de 1,80 m sur 1,60 m. On ne peut pas se tenir debout là-dedans, on est courbé", décrit son frère Boaz Miran au journal Israel Hayom.
"Tout le monde a vu la vidéo d'Evyatar David en captivité où il n'était plus que peau et os", pointe pour sa part Gal Gilboa Dalal, le frère de l'otage Guy Gilboa Dalal qui était détenu avec Evyatar David. Dans les images diffusées en août par le Hamas, Evyatar David émacié apparaît gravement sous-alimenté et visiblement affaibli.
"Guy était exactement dans le même état", dit son frère à l'AFP, "le Hamas les a affamés dans le but de les transformer en +vitrines de la faim+", en raison du blocus imposé par Israël sur la bande de Gaza pendant des mois.
Le frère de l'otage évoque aussi des tentatives de manipulation psychologiques.
"On leur a raconté beaucoup de mensonges — que l'armée israélienne les cherchait pour les tuer. On leur a montré des otages qui, selon ce qu'on leur disait, avaient été tués délibérément par les forces israéliennes", raconte-t-il.
"Ils ont un très long chemin à parcourir, physiquement et mentalement", estime-t-il.
Sollicité par l'AFP, un responsable du Hamas ayant requis l'anonymat affirme que le mouvement islamiste palestinien et ses alliés "ont traité les détenus sous leur garde en accord avec les enseignements de l'islam, de façon très éthique et humaine".
Selon ce responsable, les otages vivaient "dans les mêmes conditions que leurs gardes" et recevaient "des soins médicaux et psychologiques et de la nourriture en fonction des disponibilités à Gaza". Des experts partenaires de l'ONU avaient fait état en août d'une famine dans une partie du territoire, ce qu'a contesté Israël.
Si aucun des vingt ex-otages n'a encore pris la parole publiquement, leurs proches ont livré quelques bribes. Zvika Mor, le père d'Eitan Mor, a notamment fait état à la radio publique Kan de "périodes de grande faim", où son fils "ne recevait que quelques cuillerées de riz par jour".
-Manque d'oxygène-
Dans le Times of Israel mercredi, Tami Braslavski, la mère de Rom Braslavski, a déclaré que son fils avait été fouetté et battu, entre avril et juillet, "avec des objets que je ne mentionnerai même pas".
Avinatan Or, qui a été détenu seul pendant deux ans et a tenté de s'échapper, a été menotté et mis dans une cage, selon son père Yaron.
"C'était un endroit grillagé de 1,80 mètre de haut, dont la longueur correspondait à celle du matelas, plus un peu. On peut appeler ça une cage", a-t-il relaté à la radio Kan.
Toujours à la radio publique, le père de l'ancien otage Yosef-Haim Ohana a déclaré que son fils "a passé plusieurs jours dans une fosse souterraine avec six autres captifs, sans assez d'espace pour s'asseoir ou s'allonger et avec à peine assez d'air pour survivre".
"[Leurs ravisseurs] ont mis sept hommes dans une fosse", a déclaré le rabbin Avi Ohana. "Ils ne pouvaient pas s'asseoir, seulement s'appuyer contre le mur en restant debout. Ils manquaient d'oxygène".
Au total, 251 otages ont été capturés le 7-Octobre en sol israélien par le Hamas qui les a emmenés à Gaza. Après des libérations fin 2023 et en 2024, il en restait 48 vivants ou morts entre les mains des ravisseurs au début du mois d'octobre.
Selon les termes du cessez-le-feu parrainé par les Etats-Unis, en vigueur depuis le 10 octobre, le Hamas a libéré dans les temps les 20 derniers otages vivants. Il n'a en revanche restitué depuis une semaine que 12 dépouilles sur les 28 qu'il retenait encore.
Israël a annoncé avoir libéré 1.968 détenus palestiniens en échange des derniers otages vivants.
S.Danek--TPP