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Le Gallois Geraint Thomas, vainqueur du Tour de France 2018 et devenu l'une des figures les plus respectées du peloton en 19 ans de carrière, vivra dimanche une sortie à son image: festive et joyeusement chaotique.
Pas moins de 4.000 personnes sont attendues au château de Cardiff à l'issue de la dernière étape du Tour de Grande-Bretagne pour célébrer le départ à la retraite du vétéran d'Ineos, 39 ans.
"Ca s'annonce sympathique. Je ne pouvais pas finir ma carrière sans un vrai au-revoir n'est-ce pas?", explique le Britannique aux boucles brunes qui, dans un univers de plus en plus professionnel et ascétique, a toujours veillé à se ménager des plages de détente hors saison.
"Ces deux dernières semaines, j'ai dû être bourré 12 jours sur 14", confiera-t-il au Times en novembre 2023 après avoir fait la tournée des pubs à Cardiff avec ses potes.
Mais le reste de l'année, "G" a toujours fait preuve d'un grand sérieux, comme le prouve sa longévité.
Né en mai 1986 à Cardiff dans une famille ouvrière, le plus grand cycliste gallois de l'histoire a découvert le vélo à neuf ans sur le vélodrome des "Maindy Flyers".
Sa première vie se déroule sur la piste, où il remporte l'or olympique en poursuite par équipes en 2008 à Pékin et en 2012 à Londres, avant de se tourner vers la route.
- La consécration en 2018 -
Délesté d'une dizaine de kilos, il se mue en coureur de classement général, d'abord en tant qu'équipier de Chris Froome, qu'il escorte lors de ses quatre victoires sur le Tour de France entre 2013 et 2017 au sein de Sky, devenue Ineos, son équipe de toujours.
Vainqueur de Paris-Nice en 2016 et du Dauphiné en 2018, Thomas, installé à Monaco avec sa femme Sara Elen et leur fils Macs, touche lui-même au Graal en remportant la Grande Boucle en 2018, la consécration et le pic de sa carrière, avec notamment une victoire d'étape à l'Alpe d'Huez, maillot jaune sur le dos.
Deuxième l'année suivante derrière son coéquipier Egan Bernal, il réussit encore quelques coups d'éclat, prenant la troisième place du Tour en 2022 et échouant de justesse à conquérir le Tour d'Italie en 2023, deuxième à 14 secondes de Primoz Roglic.
Mais il ne gagne plus que trois courses depuis le Tour 2018 -le Tour de Suisse, celui de Romandie et une étape du Dauphiné- pour 25 succès en tout avec Ineos dont il va intégrer l'encadrement la saison prochaine.
Cet été, il a bouclé son 14e Tour de France à une anonyme 58e place en tant que doyen de la course. "Le sport a tellement changé, beaucoup plus chaotique. C'est pour les jeunes aujourd'hui, moi je suis trop vieux", explique-t-il à l'arrivée sur les Champs-Elysées.
- "Le bon moment d'arrêter" -
Ces dernières années, il a endossé un costume de vieux sage, distillant conseils et bons mots avec son humour caustique, et animant un podcast très écouté avec son vieux compère Luke Rowe, aujourd'hui directeur sportif chez Decathlon-AG2R.
Les deux se retrouveront dimanche soir au château de Cardiff pour une soirée qu'ils prédisent "épique".
En attendant, "G", même légèrement hors de forme, dit profiter "à fond" de ses derniers coups de pédale sur ce Tour de Grande-Bretagne pour lequel son équipe lui a confectionné un vélo spécial, orné d'un dragon, et un maillot retraçant les grandes dates et rencontres de sa longue carrière.
La dernière étape au pays de Galles sera "forcément émouvante", dit-il. D'autant qu'elle s'élancera de Newport, juste à côté du vélodrome qui porte son nom, avant d'arriver dans sa ville natale où le peloton passera à 100 mètres de la maison de ses parents, devant le club où il a appris à pédaler et le pub où il a éclusé ses premières pintes.
"Cette année aura été une succession de dernières fois mais là ça devient très concret, disait-il mardi au départ. C'est comme Noël quand on est enfant. Ca a l'air si loin et d'un coup c'est là. Je sens que c'est le bon moment d'arrêter. Mais ça fait quand même bizarre."
A.Novak--TPP