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Elle est N.1 mondiale en double, jouera vendredi la finale de l'US Open et défend avec passion la discipline mais, cette année, ce sont les matches de simple de Taylor Townsend qui ont fait exploser la notoriété de l'Américaine à New York.
Tout commence le 27 août. Opposée au deuxième tour à la Lettonne Jelena Ostapenko (26e au classement WTA), la 139e mondiale s'impose 7-5, 6-1.
C'est au filet, au moment de la traditionnelle poignée de main, que les choses dérapent: Ostapenko pointe un doigt accusateur vers sa tombeuse, qui ne s'en laisse pas conter dans la discussion animée qui s'ensuit.
Selon le récit de l'incident fait par Townsend, la lauréate de Roland-Garros en 2017 lui aurait reproché de n'avoir "aucune classe" et "aucune éducation" après un rebond favorable de la balle sur la bande du filet, pour lequel l'Américaine ne se serait pas excusée.
L'affaire a pris des proportions encore plus importantes quand l'ex-N.1 mondiale Naomi Osaka a jugé qu'accuser Townsend de manque d'éducation était "une des pires choses qu'on puisse dire à une joueuse de tennis noire dans un sport majoritairement blanc".
"Je n'ai jamais été raciste de ma vie", a soutenu Ostapenko après l'incident.
Interrogée sur le caractère raciste ou non des propos de son adversaire, Townsend a dit "ne pas les avoir interprétés" de cette manière.
La Lettonne s'est finalement excusée pour "certaines des choses" qu'elles a dites au filet. "L'anglais n'est pas ma langue maternelle, donc quand j'ai parlé d'éducation, je parlais seulement de ce qui me semble être l'étiquette du tennis. Mais je comprends comment les mots utilisés ont pu blesser."
Pour les nombreux suiveurs qui ont découvert Taylor Townsend par le biais de cette prise de bec, "ce n'était peut-être pas la meilleure manière de me rencontrer", a jugé la gauchère de 29 ans.
- "Pas inférieur" -
L'accrochage "a été la première impression que beaucoup de gens ont eue de moi, ce qui a complètement occulté mes accomplissements en tant que joueuse de tennis", comme ses victoires en double au dernier Open d'Australie ou à Wimbledon en 2024, aux côtés de sa partenaire tchèque Katerina Siniakova.
Pour l'Américaine, c'est "la façon dont j'ai géré la situation qui a attiré les suiveurs. Mais c'est très bien comme ça. C'est chouette d'avoir ce niveau d'exposition" alors que les spécialistes du double évoluent souvent dans l'ombre des stars du simple.
Il faut dire que depuis l'incident avec Ostapenko, Townsend a continué à donner des raisons de parler d'elle.
Mère d'un petit garçon né en 2021, elle a éliminé au troisième tour la Russe Mirra Andreeva (5e mondiale en simple) 7-5, 6-2 pour s'offrir le deuxième huitième de finale de sa carrière en Grand Chelem, six ans après avoir déjà atteint ce stade à l'US Open.
Elle a failli aller un tour plus loin mais a gaspillé huit balles de match pour finalement s'incliner en trois sets contre la double lauréate en Grand Chelem Barbora Krejcikova.
Contrainte de se concentrer sur le double, la gauchère à la robe ornée de flammes s'est offert le luxe de battre pour la deuxième fois de l'été l'inoxydable Venus Williams (45 ans).
Après avoir éliminé en double l'ex-N.1 mondiale fin juillet au tournoi de Washington, où Williams reprenait le fil de sa carrière après seize mois loin du circuit, Townsend a récidivé mardi en quarts de finale de l'US Open.
Avec Siniakova, "on a toujours dit que le double n'était pas (...) inférieur" au simple, a soutenu Townsend après leur victoire 6-1, 6-2.
"Ca requiert la même discipline, le même niveau de concentration, la même intensité. C'est aussi difficile, ça demande juste des qualités différentes", a-t-elle plaidé, espérant changer la "mentalité" de ceux qui estiment impossible de mener de front tableaux de simple et de double.
"On peut tout cumuler et aussi longtemps que je pourrai jouer et encaisser la charge de travail, je continuerai à faire les deux", a martelé Townsend mardi.
Adversaires de Townsend et Siniakova vendredi en finale, Gabriela Dabrowski et Erin Routliffe n'ont qu'à bien se tenir.
Q.Pilar--TPP